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Pchum ben

Pchum ben (Khmer : បុណ្យភ្ជុំបិណ្ឌ) est, dans la religion bouddhiste theravāda khmĂšre, l'Ă©quivalent de la fĂȘte des morts, fĂȘtĂ©e le chez les catholiques. Elle est considĂ©rĂ©e comme la deuxiĂšme fĂȘte la plus importante de l’annĂ©e aprĂšs Chaul Chhnam (khmer: ចឌលឆ្នាំ) (fĂȘte du nouvel an) et est cĂ©lĂ©brĂ©e aussi bien au Cambodge que dans les diffĂ©rentes communautĂ©s khmĂšres Ă©parpillĂ©es Ă  travers le monde. Elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme partie intĂ©grante de la Culture du Cambodge.

En 2020, Pchum Ben donnera lieu à 3 jours fériés, du 16 au .

Cette coutume remonterait Ă  l'antiquitĂ©, quand les Cambodgiens convertis au Brahmanisme croyaient qu’aprĂšs la mort, l'Âtman, l'Ăąme de chaque personne, circule Ă  travers le cycle de l'ocĂ©an de la transmigration et se rĂ©incarne tant qu’elle est imprĂ©gnĂ©e d’actes malsains ou de souillures. L’expiation et donc la dĂ©livrance ne peuvent ĂȘtre d'atteintes que par la pratique du Yoga ou du Tapas qui permet Ă  l'Âtman de rejoindre le Dieu suprĂȘme BrahmĂą.

Aujourd’hui, les Cambodgiens continuent de croire que mĂȘme si la plupart des crĂ©atures terrestres se rĂ©incarnent Ă  leur mort, certaines Ăąmes, Ă  cause de leur mauvais Karma, ne renaissent pas et restent prisonniĂšres du monde des esprits. Toutefois, chaque annĂ©e, Yama, le Dieu des enfers les libĂšre pendant quinze jours, pour qu’ils puissent rechercher leurs parents encore en vie, mĂ©diter et se repentir de leurs fautes. Le dernier jour de cette pĂ©riode est consacrĂ© par les vivants Ă  se souvenir de leurs dĂ©funts et Ă  offrir de la nourriture Ă  ceux qui restent dans le monde des esprits. De plus, c’est une bonne occasion de se recueillir et prier pour rĂ©duire l’influence du mauvais Karma de leurs ancĂȘtres afin de leur permettre d’échapper aux tourments du monde des esprits et de se rĂ©incarner.

L’origine du mot Pchum Ben, serait une contraction des termes Prachum (« se rĂ©unir ») et Benda (« faire des offrandes ») le second provenant du mot sanscrit Binda et dĂ©signe aussi ces boulettes de riz qu'on offre aprĂšs un dĂ©cĂšs aux mĂąnes pour la crĂ©ation de leur corps spirituel.

Des inscriptions datant du rĂšgne du roi Yasovarman 1er, Ă  la fin du IXe siĂšcle, nous apprennent que, dans les nombreux couvents qu’il avait fondĂ©s, on offrait chaque mois ces boules de riz (BaĂŻ Ben) aux Ăąmes dĂ©laissĂ©es.

Les cĂ©rĂ©monies duraient autrefois 3 mois, mais aujourd’hui, elles se limitent aux deux semaines durant lesquelles les Ăąmes errantes sont libĂ©rĂ©es du monde des esprits. Elles dĂ©butent donc habituellement Ă  la mi-septembre et se dĂ©roulent pendant le cycle lunaire dĂ©croissant du mois de Photrobot, oĂč le ciel est obscurci des nuages de la mousson. En effet, la cĂ©lĂ©bration se fait pendant la Vassa, soit la « Retraite des Pluies » oĂč, d’aprĂšs les rĂšgles de la discipline bouddhique, les moines doivent rester dans le monastĂšre et Ă©viter les longs dĂ©placements. En cas exceptionnel, ils peuvent le faire mais jamais plus d’une semaine.

Pchum Ben est une occasion pour se rĂ©unir et apporter les aides nĂ©cessaires aux moines et aux monastĂšres sur le plan matĂ©riel en gĂ©nĂ©ral, mais c’est surtout une manifestation permettant d’exprimer sa reconnaissance et sa gratitude envers ses ancĂȘtres.

À certains endroits, on cĂ©lĂšbre aussi des rites en mĂ©moire du Grand DĂ©part du prince SiddhĂąrtha (futur Bouddha) vers l'ascĂšse dans le but de rechercher un remĂšde aux maux des hommes et on prĂ©pare des mets fait des ingrĂ©dients les plus purs, Madhu PĂąyas, qu'une jeune SujĂątĂą offre au Bouddha.

Kann Benn

Pchum Ben est le quinziĂšme et dernier jour de ces cĂ©rĂ©monies et consiste en de larges rassemblements pour des festivitĂ©s dans les pagodes bouddhistes. Toutefois, les quatorze jours prĂ©cĂ©dents sont quand mĂȘme importants. DiffĂ©rentes familles se dĂ©placent Ă  tour de rĂŽle Ă  la pagode lors de chacune de ces journĂ©es que l’on nomme Kann Ben et qui sont numĂ©rotĂ©es de un Ă  quatorze.

Avant la journĂ©e oĂč une ou plusieurs familles doivent cĂ©lĂ©brer un Kann Ben, eux et leurs amis proches vont Ă  la pagode pour les prĂ©paratifs. Pendant ces prĂ©paratifs, les urnes des ancĂȘtres sont briquĂ©es et dĂ©posĂ©es dans le Viheara, la piĂšce principale oĂč seront dĂ©clamĂ©es les psalmodies. Les noms des ancĂȘtres sont aussi transcrits sur une liste pour permettre Ă  leurs esprits de recevoir les offrandes. En effet, si par malheur ils n’y Ă©taient pas invitĂ©s, ils ne pourraient pas en bĂ©nĂ©ficier. Dans la soirĂ©e, la famille et les autres participants rejoignent le bonze dans le Viheara pour des sĂ©ances de mĂ©ditation et de priĂšres. Les moines professeront alors des enseignements du Bouddha et offriront leur protection et conseils aux fidĂšles.

Le matin de Kann Ben, avant le lever du soleil, les meilleurs plats sont prĂ©parĂ©s pour contenter les esprits des ancĂȘtres. Une grande variĂ©tĂ© est proposĂ©e, avec de multiples saveurs et couleurs. Dans un geste de bienveillance, on prĂ©pare les BaĂŻ Ben, des boulettes de riz gluant cuites dans du lait de coco et mĂ©langĂ©es avec des graines de sĂ©same et d’autres ingrĂ©dients qui apportent Ă  chacun une touche personnelle. Ces boules sont disposĂ©es sur un plateau autour d'un BaĂŻ Battbor, gĂąteau fait du mĂȘme riz mais dont la forme est pyramidale et qui est recouvert d'un cĂŽne de feuilles de bananier tronquĂ© au sommet oĂč l'on pique des fleurs, des baguettes d'encens et une bougie.

Souvent, en hommage au Bouddha, on prĂ©pare une pyramide florale ornĂ©e de fleurs artificielles multicolores et surmontĂ©e d'une image d'oie sacrĂ©e, le Hamsa qui Ă  son tour soutient un cierge, dans la salle de fĂȘte de la pagode qu'est le Dharma Sala. Cette pyramide florale se nomme le Phkar Ben (fleur de Ben).

Avant midi, des bougies sont allumĂ©es, des bĂątonnets d’encens consumĂ©s et les plats sont offerts aux moines. La liste de noms est alors dĂ©clamĂ©e puis brulĂ©e ; ce rituel est destinĂ© Ă  prĂ©venir les Ăąmes errantes du lieu oĂč se sont rĂ©unis les proches. Certains prĂ©tendent mĂȘme que si les Ăąmes des morts, aprĂšs avoir visitĂ© sept pagodes, ne trouvaient pas d’offrandes, ils pourraient maudire leur famille. AprĂšs avoir consommĂ© les diffĂ©rents plats prĂ©sentĂ©s, les moines prononcent des incantations et aspergent d’eau bĂ©nite les fidĂšles et les Ăąmes de leurs ancĂȘtres afin de les protĂ©ger. Des BaĂŻ Ben sont ensuite jetĂ©s dans les coins sombres de la pagode pour les Ăąmes affamĂ©es qui ont Ă©tĂ© oubliĂ©es ou qui n’ont plus de proches en vie pouvant leur apporter des offrandes.

À la fin de la cĂ©rĂ©monie, le BaĂŻ Battbor est laissĂ© Ă  la pagode tandis que les BaĂŻ Ben restant sont ramenĂ©s Ă  la maison oĂč, dans la nuit de la derniĂšre quinzaine, chaque famille organise chez elle un banquet consacrĂ© aux esprits de leurs ancĂȘtres auquel participent des amis et connaissances.

Le Kann Ben est un moment de recueillement et une possibilitĂ© d’acquĂ©rir un bon Karma pour un des ancĂȘtres.

Pchum Ben

Entrée de la Pagode, le jour de Pchum Ben
Entrée de la pagode Wat Moha Montrey (Phnom Penh)

Le dernier jour du mois de Photrobot, le 15e jour de la lune dĂ©croissante, a lieu le Pchum Ben, jour le plus important. La veille, chaque famille cambodgienne, s'applique Ă  la confection des friandises Ă  base de riz gluant mentionnĂ©es plus haut et des mets divers afin d’en offrir une partie aux vieux parents et le reste aux bonzes, aux amis et connaissances; les esprits de morts peuvent alors en avoir leur part en vertu du Dharma (la loi) officiĂ© par les moines devant les bougies allumĂ©es et les baguettes d'encens qui se consument. La nuit venue, les villageois et les citadins se rendent Ă  la pagode pour assister Ă  la cĂ©lĂ©bration religieuse oĂč les bonzes prononcent leurs sermons.

Quand le jour va poindre Ă  l'horizon, les fidĂšles quittent pour un instant la pagode et y reviennent avec leur famille et des plats, des gĂąteaux, des offrandes, y compris le BaĂŻ Bettbor et les BaĂŻ Ben. Le mĂȘme jour, vers midi, aprĂšs avoir cĂ©dĂ© tous les mets et friandises aux moines a lieu le BangskuĂŽl oĂč on demande aux bonzes de rĂ©citer des priĂšres pour le repos des Ăąmes.

La fĂȘte se terminera le jour mĂȘme dans l'aprĂšs-midi. La nuit sera consacrĂ©e Ă  un petit banquet offert aux amis. Le lendemain, dans certains quartiers, les gens prĂ©parent des offrandes pour le gĂ©nie protecteur du sol afin d’assurer la prospĂ©ritĂ© des moissons.

La Pagode, le jour de Pchum Ben
Pchum Ben Ă  la pagode Wat Moha Montrey (Phnom Penh)

Ce jour est trĂšs important car c’est le seul, pour ceux qui ont eu la malchance de devenir des Priad, de recevoir des offrandes de nourriture et profiter des efforts de leurs proches pour amĂ©liorer leur Karma. Les Priad sont les Ăąmes les plus misĂ©rables Ă  cause de leurs trĂšs mauvais Karma. Contrairement aux autres esprits, les Priad craignent la lumiĂšre et ne peuvent recevoir les priĂšres, la nourriture ou retrouver leurs proches qu’au jour le plus sombre du cycle lunaire, c'est-Ă -dire celui de Pchum Ben.

Pchum Ben revĂȘt une importance particuliĂšre dans la vie de tout Cambodgien. C’est un temps de commĂ©moration et de rĂ©union. C’est aussi un moment pour exprimer son affection envers ses ancĂȘtres. En offrant Ă  manger et un meilleur Karma Ă  ceux qui ont pu rester bloquĂ©s dans le monde des esprits, les fidĂšles apaisent leur misĂšre et les ramĂšnent dans le chemin de la rĂ©incarnation. Une fois les ancĂȘtres rĂ©incarnĂ©s, ils pourront accumuler par eux-mĂȘmes des mĂ©rites pour un meilleur Karma qui leur permettra d’atteindre un esprit imprĂ©gnĂ© de paix intĂ©rieure, ce qui constitue le mieux de ce que l’on puisse souhaiter Ă  ses ancĂȘtres.

Sources

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