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Paradoxe du fromage Ă  trous

Le paradoxe du fromage à trous (généralement connu sous l'appellation paradoxe du gruyère bien que ce dernier ne contienne pas de trous[1] - [2]) est un des plus célèbres paradoxes construits selon un syllogisme en A-A-A. Celui-ci met en évidence que l'application sans discernement du syllogisme est source d'aberrations.

Énoncé

  • Plus il y a de fromage, plus il y a de trous ;
  • or plus il y a de trous, moins il y a de fromage ;
  • donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage.

Analyse

En réalité, il s'opère ici un subtil glissement sémantique entre les termes moyens des deux prémisses ; ce qui interdit la conclusion. Ce glissement est dû à une différence contextuelle. En effet, pour chaque prémisse, il existe un contexte sous-entendu qui rend possible l'acceptation de la prémisse en tant que vérité. Cependant, ces contextes implicites s'opposent et invalident le syllogisme.

En détail, on peut schématiser la chose en considérant le volume du fromage (emballé, c'est-à-dire trous compris) et la densité du fromage (le rapport matière/volume).

Termes Contexte
Prémisse majeure majeur moyen
  • Accroissement du volume
  • DensitĂ© constante
plus il y a de fromage plus il y a de trous
Prémisse mineure
Or…
moyen mineur
  • Volume constant
  • Diminution de la densitĂ©
plus il y a de trous moins il y a de fromage
Conclusion
Donc…
mineur majeur Confusion des contextes
plus il y a de fromage moins il y a de fromage


Conclusion

Il y a moyen de conclure si l'on adopte le point de vue de la logique mathématique. Il faut alors considérer le contexte en tant qu'axiome. La conclusion est alors un théorème relatif à une axiomatique contenant nécessairement la conjonction des contextes.

Ainsi, on déduit ici que, lorsque volume et densité de fromage sont constants, on a bien « plus il y a de fromage, moins il y a de fromage ». Ce qui peut se réduire à une tautologie : « autant il y a de fromage, autant il y a de fromage ». Ou, ce qui n'est déjà plus un simple syllogisme, « si volume et densité sont constants, la quantité de fromage aussi ».

En définitive, la conclusion doit être considérée invalide plutôt que fausse car les deux occurrences du mot « fromage » sont liées à deux notions distinctes :

  • dans la première (celle de la majeure), les vides font partie du fromage. Le fromage se dĂ©finit alors par son apparence externe ;
  • dans la seconde (celle de la mineure), le fromage se dĂ©finit comme une matière, et par lĂ  mĂŞme, exclut le vide.

Ainsi ces deux notions antagonistes ne doivent pas être amalgamées dans une même phrase. Il s'agit là d'une forme sournoise de polysémie.

Exemples

On retrouve ce paradoxe dans l'exemple suivant :

  • plus je gagne de l'argent plus j'ai d'impĂ´t, or plus j'ai d'impĂ´t moins j'ai d'argent, donc plus j'ai d'argent moins j'ai d'argent.

Notes et références

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