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Pacu jawi

Le pacu jawi (en minangkabau « course de taureaux Â») est une course de taureaux traditionnelle Ă  Tanah Datar, dans le Sumatra occidental, en IndonĂ©sie. En course, un jockey s'accroche Ă  deux taureaux par la queue, tandis que ceux-ci couvrent une distance d'environ 60 Ă  250 mètres sur une piste boueuse dans une rizière. Bien que cela s'appelle une « course Â», les attelages de taureaux ne sont pas directement en compĂ©tition les uns contre les autres, et aucun vainqueur officiel n'est dĂ©clarĂ©. Au lieu de cela, les spectateurs jugent les taureaux en fonction de leur performance (principalement leur vitesse et leur capacitĂ© Ă  courir droit), et peuvent acheter des taureaux performants Ă  un prix bien supĂ©rieur Ă  leur prix habituel. Les habitants de Tanah Datar, en particulier les Minangkabau des nagaris (en) (villages locaux), perpĂ©tuent cette tradition depuis des siècles pour cĂ©lĂ©brer la fin de la rĂ©colte du riz. La course se dĂ©roule parallèlement Ă  un festival culturel de village appelĂ© alek pacu jawi. RĂ©cemment, il est devenu une attraction touristique soutenue par le gouvernement et le sujet de plusieurs photographies primĂ©es.

Le Pacu jawi
Deux taureaux de face avec un jockey entre les deux se tenant Ă  leurs queues courent vers le spectateur de l'image.
Deux taureaux courent tandis que le jockey les tient en pacu jawi, 2015.
Deux taureaux de profil avec un jockey entre les deux se tenant Ă  leurs queues courent vers la gauche.
Un attelage de profil, 2015.

Contexte

A gauche : localisation du Sumatra occidental en Indonésie ; à droite : localisation de Tanah Datar dans le Sumatra occidental.

Le pacu jawi se tient Ă  Tanah Datar, une kabupaten du Sumatra occidental, en IndonĂ©sie[1]. Selon la tradition, la course ne peut avoir lieu que depuis un site oĂą est visible le mont Marapi, haut de 2 891 m, rĂ©putĂ© ĂŞtre Ă  l'origine du peuple Minangkabau qui peuple le Sumatra occidental[1]. Il est organisĂ© par la population agricole de la rĂ©gion, lorsque les rizières sont vides après la rĂ©colte et avant la prochaine plantation[1]. Traditionnellement, l'emplacement de la manifestation tourne entre quatre nagaris (en) de Tanah Datar : Sungai Tarab, Pariangan, Lima Kaum et Rambatan[1] - [2] - [n 1]. La course a commencĂ© comme un divertissement suivant la rĂ©colte et une cĂ©lĂ©bration pour les villageois, qui se dĂ©roule depuis des siècles, datant d'avant l'indĂ©pendance de l'IndonĂ©sie en 1945[1] - [2]. Par le passĂ©, l’évĂ©nement n’avait lieu que deux fois par an, mais le raccourcissement du cycle de rĂ©colte du riz a permis l'organisation plus frĂ©quente de pacu jawi[1]. En 2013, l'un des nagaris l'a accueilli tous les deux mois, chaque Ă©dition consistant en quatre Ă©vĂ©nements le mercredi ou le samedi[1].

La course

Un jockey mord la queue de l'un de ses taureaux pour le forcer Ă  courir plus vite.

MalgrĂ© son nom, pacu jawi, qui veut littĂ©ralement dire « course de taureaux Â» ou « course de vaches Â» en minangkabau, il ne s'agit pas Ă  proprement parler d'une course ou d'une compĂ©tition sportive[1]. Au lieu de cela, chaque participant (un jockey avec une paire de taureaux) tourne Ă  tour de rĂ´le sur la piste[1]. Les animaux sont gĂ©nĂ©ralement des taureaux (bovins mâles) âgĂ©s de 2 Ă  13 ans[1] qui sont reliĂ©s par une corde Ă  une charrue en bois dans laquelle se trouve le jockey[1]. Ils courent sur une piste boueuse, dans une parcelle vide de rizières qui ont Ă©tĂ© nettoyĂ©es après la rĂ©colte[1] - [4].

La longueur des pistes n'est pas fixe : les tĂ©moignages de personnes ayant assistĂ© Ă  diffĂ©rentes courses font Ă©tat de longueurs très variables : certaines font 60 m[1], d'autres 100 m[3] ou encore 250 m[4]. La piste peut ĂŞtre recouverte de boue jusqu’à 30 cm[1]. Les taureaux sont entraĂ®nĂ©s Ă  commencer Ă  courir lorsque la charrue est au sol et que quelqu'un marche dessus[1]. Le jockey contrĂ´le les animaux — sans fouet — et reste debout en s’accrochant Ă  la queue des deux taureaux[1] - [5]. La corde qui relie les animaux Ă©tant lâche, les animaux peuvent courir dans des directions diffĂ©rentes ou Ă  des vitesses diffĂ©rentes ; c'est au jockey de les coordonner en tirant ou en mordant leur queue tout en luttant pour rester debout[5].

Un attelage passant devant des spectateurs, en 2012.

Les spectateurs, y compris parfois les touristes d'autres pays, regardent la course, généralement à partir d'un terrain sec et plus élevé que la piste[1]. Le comportement inattendu des taureaux fait partie des attraits, ce qui oblige souvent le jockey à tomber ou à effectuer des manœuvres comme mordre la queue d'un taureau pour le faire courir plus vite[5]. La boue éclabousse partout, y compris les spectateurs proches[1]. Les taureaux peuvent également dévier leur course et charger en direction des spectateurs[1] ; les blessures, en particulier chez les jockeys, sont assez courantes[3].

Aucun vainqueur n’est déclaré, mais les spectateurs jugent les taureaux par leur vitesse, leur force et leur capacité à courir droit sur la piste[1]. Traditionnellement, cette capacité de courir droit est importante car elle a pour but d’apprendre aux gens que ceux qui suivent le droit chemin méritent le plus grand respect et honneur[2]. Posséder une paire de taureaux performants peut être une source de fierté pour la population locale. Les spectateurs peuvent donc acheter ces taureaux à un prix pouvant atteindre 2 à 3 fois leur prix habituel[1] - [5]. Ce profit potentiel est l’une des principales motivations des participants[1].

Des centaines de bovins peuvent participer lors d'un pacu jawi[1]. L'office du tourisme de Tanah Datar fournit des fonds et des camions pour le transport des animaux pour les participants ne venant pas des nagaris[1]. Avant l'intervention du gouvernement, le bĂ©tail parcourait jusqu'Ă  50 km sans transport, souvent la nuit[1]. Pendant l'Ă©preuve, les bovins qui ne courent pas lors d'une course sont gardĂ©s dans une zone sĂ©parĂ©e, souvent près de la ligne d'arrivĂ©e ; on dit que leur prĂ©sence encourage les taureaux de course Ă  courir plus vite pour rejoindre le troupeau[3].

Le festival et son attrait touristique

Action à haute vitesse, éclaboussures de boue et expressions faciales particulières rendent l'événement très photogénique[6].

La course se dĂ©roule parallèlement Ă  une fĂŞte de village (en minangkabau : alek nagari) appelĂ©e alek pacu jawi (« fĂŞte des courses de taureaux Â»)[1] - [7]. Au fil des ans, les festivitĂ©s ont inclus des reconstitutions historiques du bĂ©tail vĂŞtu de suntiang (en) (une coiffe traditionnelle minangkabau)[7], des interprĂ©tations de musiques traditionnelles telles que gendang tasa et talempong pacik[7], tari piring (en)[1], une foire[1] et des jeux traditionnels tels que le pinang de panjat (mât de cocagne)[1] et un concours de cerfs-volants[7]. Avant la participation du gouvernement, tous les coĂ»ts Ă©taient pris en charge par les villageois. Ă€ prĂ©sent, l'Office du tourisme de Tanah Datar fournit des fonds[1].

Le pacu jawi attire des photographes nationaux et internationaux, dont certains ont été primés pour leurs photos du festival[6]. Les facteurs esthétiques associés à l'événement incluent son action dramatique à grande vitesse, ses éclaboussures de boue, ainsi que l'expression faciale et la posture distinctive du jockey[6]. En plus de cette attraction, Tanah Datar est connue pour ses vues naturelles, notamment le mont Marapi, ses collines, sa végétation tropicale verte et ses rizières[6]. Pour prendre de bonnes photos, les photographes doivent souvent être plus proches de la piste que de la zone réservée aux spectateurs. Ils risquent de se faire tremper de boue et doivent faire attention à ne pas se faire charger par les taureaux[6]. Parmi les prix remportés par des photographies sur le pacu jawi, citons le World Press Photo of the Year[8], Hamdan International Photography Award (en)[9] et le Photographe avec appareil photo numérique du Daily Telegraph de l'année[10].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Pacu jawi » (voir la liste des auteurs).

Notes
  1. Ensemble, ces quatre districts comprennent 26 nagaris (en 2014) avec des altitudes comprises entre 550 et 700 m, ainsi que des champs de riz de 96,16 km2 et plus de 12 000 bovins (donnĂ©es de 2012)[3].
Références
  1. Febrianti 2013.
  2. Suzanti 2014, p. 1, 2.
  3. Suzanti 2014, p. 3.
  4. Gulf News 2018.
  5. (en) Theodore Salim, « Padang: Pacu jawi Festival », sur travelblog.expedia.com.sg, (consulté le ).
  6. Suzanti 2014, p. 5.
  7. (id) « Sapi Hias Dilombakan di "Alek Pacu Jawi" », sur bali.antaranews.com, (consulté le ).
  8. (en) « Joy at the end of the run: Sports Action, first price singles », sur World Press Photo, (consulté le ).
  9. Suzanti 2014, p. 6.
  10. (en) « Digital Camera Photographer of the Year 2009 winners », sur The Telegraph, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (id) Arbain Rambey, Nofrin Napilus et Makarios Sukojo, Pameran foto pacu jawi kuliner dan pesona wisata Kabupaten Tanah Datar, Propinsi Sumatera Barat, Bentara Budaya, Jakarta, 20 s/d 23 September 2012 [cat. exp. sur la culture du district de Tanah Datar], Jakarta : Ministère de la Culture et du Tourisme, 2012 (OCLC 921822280).
  • (id) Febrianti, « Pacu Jawi: Berlari mengejar harga tinggi », dans Febrianti, Atraksi Budaya Nusantara, Rita Nariswari, (lire en ligne).
  • (id) Purnama Suzanti, « Daya tarik Pacu Jawi sebagai atraksi wisata budaya di Kabupaten Tanah Datar », Jurnal Nasional Pariwisata, Yogyakarta, Tourism Study Center, UniversitĂ© Gadjah Mada, vol. 6, no 1,‎ , p. 1–7 (ISSN 1411-9862, DOI 10.22146/jnp.6869, lire en ligne).
  • (en) « Wet and wild: Indonesia mud bull races not for faint of heart », Gulf News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Filmographie

  • (id) Pacu Jawi : alek nagari di tanah datar Provinsi Sumatera Barat, Padang (IndonĂ©sie) : Dinas Budaprora Tanah Datar, 2007 (OCLC 1013823656)
    DVD : Publication gouvernementale provinciale d'Indonésie. Documentaire sur le Pacu jawi.

Articles connexes

Liens externes

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