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Ordonnance mandatoire

En droit pĂ©nal canadien, une ordonnance mandatoire (ou ordonnance obligatoire) est une ordonnance que le juge doit obligatoirement prononcer au moment oĂč il prononce la peine d'une personne jugĂ©e coupable d'une infraction criminelle. Le mot mandatoire signifie que le juge n’a aucune discrĂ©tion quant Ă  son imposition.

Il existe trois ordonnances mandatoires : une sur la possession d'armes à feu, une sur le prélÚvement d'ADN et une autre sur la suramende compensatoire.

Ordonnance mandatoire sur la possession d'armes Ă  feu

D’abord, le tribunal va obliger le prĂ©venu Ă  ne pas possĂ©der des armes Ă  feu (art. 109 (1) a) C.cr.[1]). Les conditions de l'impositions sont pour les crimes avec usage d'armes Ă  feu et pour les crimes avec une peine maximale de 10 ans et perpĂ©trĂ© avec usage ou tentative ou menace contre autrui.

« Ordonnance d’interdiction obligatoire

109 (1) Le tribunal doit, en plus de toute autre peine qu’il lui inflige ou de toute autre condition qu’il lui impose dans l’ordonnance d’absolution, rendre une ordonnance interdisant au contrevenant d’avoir en sa possession des armes Ă  feu, arbalĂštes, armes prohibĂ©es, armes Ă  autorisation restreinte, dispositifs prohibĂ©s, munitions, munitions prohibĂ©es et substances explosives pour la pĂ©riode fixĂ©e en application des paragraphes (2) ou (3), lorsqu’il le dĂ©clare coupable ou l’absout en vertu de l’article 730, selon le cas :

a) d’un acte criminel passible d’une peine maximale d’emprisonnement Ă©gale ou supĂ©rieure Ă  dix ans et perpĂ©trĂ© avec usage, tentative ou menace de violence contre autrui;

a.1) d’un acte criminel perpĂ©trĂ© avec usage, tentative ou menace de violence contre l’une des personnes suivantes :

(i) son partenaire intime,

(ii) l’enfant, le pĂšre ou la mĂšre du contrevenant ou de l’une des personnes mentionnĂ©es au sous-alinĂ©a (i),

(iii) toute personne qui rĂ©side avec le contrevenant ou l’une des personnes mentionnĂ©es aux sous-alinĂ©as (i) ou (ii);

b) d’une infraction visĂ©e aux paragraphes 85(1) (usage d’une arme Ă  feu lors de la perpĂ©tration d’une infraction), 85(2) (usage d’une fausse arme Ă  feu lors de la perpĂ©tration d’une infraction), 95(1) (possession d’une arme Ă  feu prohibĂ©e ou Ă  autorisation restreinte avec des munitions), 99(1) (trafic d’armes), 100(1) (possession en vue de faire le trafic d’armes), 102(1) (fabrication d’une arme automatique), 103(1) (importation ou exportation non autorisĂ©es — infraction dĂ©libĂ©rĂ©e) ou Ă  l’article 264 (harcĂšlement criminel);

c) d’une infraction relative Ă  la contravention des paragraphes 5(1) ou (2), 6(1) ou (2) ou 7(1) de la Loi rĂ©glementant certaines drogues et autres substances;

c.1) d’une infraction relative à la contravention des paragraphes 9(1) ou (2), 10(1) ou (2), 11(1) ou (2), 12(1), (4), (5), (6) ou (7), 13(1) ou 14(1) de la Loi sur le cannabis;

d) d’une infraction relative Ă  une arme Ă  feu, une arbalĂšte, une arme prohibĂ©e, une arme Ă  autorisation restreinte, un dispositif prohibĂ©, des munitions, des munitions prohibĂ©es ou des substances explosives, perpĂ©trĂ©e alors que celui-ci Ă©tait sous le coup d’une ordonnance, rendue en vertu de la prĂ©sente loi ou de toute autre loi fĂ©dĂ©rale, lui en interdisant la possession. »

Ordonnance mandatoire de prélÚvement d'ADN

Lorsque le prĂ©venu a commis une infraction super-primaire ou une infraction primaire, il va y avoir une ordonnance de prĂ©lĂšvement d’ADN en vertu de l'art. 487.051 (1) C.cr.[2] ou de l'art. 487.051(2) C.cr..

« 487.051 (1) En cas de dĂ©claration de culpabilitĂ© sous le rĂ©gime de la prĂ©sente loi, de la Loi sur le systĂšme de justice pĂ©nale pour les adolescents ou de la Loi sur les jeunes contrevenants, ou d’absolution en vertu de l’article 730, Ă  l’égard d’une infraction qui a Ă©tĂ© commise mĂȘme avant le 30 juin 2000 et qui, Ă  la date du prononcĂ© de la peine ou de l’absolution, Ă©tait une infraction primaire au sens des alinĂ©as a) et c.02) de la dĂ©finition de ce terme Ă  l’article 487.04, le tribunal doit rendre une ordonnance rĂ©digĂ©e selon la formule 5.03  —  autorisant le prĂ©lĂšvement du nombre d’échantillons de substances corporelles de l’intĂ©ressĂ© jugĂ© nĂ©cessaire pour analyse gĂ©nĂ©tique. »

La distinction entre les infractions super-primaires (art.487.04 a) C.cr[3]) et les infractions primaires (art. 487.04 a.1) C.cr.) est que d'une part, les infractions super-primaires sont plus graves et que d'autre part, l'ordonnance mandatoire peut ĂȘtre discrĂ©tionnaire dans le cas des infractions primaires si le juge est d'avis que cela porte dĂ©mesurĂ©ment atteinte Ă  la vie privĂ©e.

« 487.051(2) En cas de dĂ©claration de culpabilitĂ© sous le rĂ©gime de la prĂ©sente loi, de la Loi sur le systĂšme de justice pĂ©nale pour les adolescents ou de la Loi sur les jeunes contrevenants, ou d’absolution en vertu de l’article 730, Ă  l’égard d’une infraction qui a Ă©tĂ© commise mĂȘme avant le 30 juin 2000 et qui, Ă  la date du prononcĂ© de la peine ou de l’absolution, Ă©tait une infraction primaire au sens de l’un des alinĂ©as a.1) Ă  c.01) et c.03) Ă  d) de la dĂ©finition de ce terme Ă  l’article 487.04, le tribunal doit rendre une ordonnance — rĂ©digĂ©e selon la formule 5.03 — au mĂȘme effet. Toutefois, il n’est pas tenu de le faire s’il est convaincu que l’intĂ©ressĂ© a Ă©tabli que l’ordonnance aurait, sur sa vie privĂ©e et la sĂ©curitĂ© de sa personne, un effet nettement dĂ©mesurĂ© par rapport Ă  l’intĂ©rĂȘt public en ce qui touche la protection de la sociĂ©tĂ© et la bonne administration de la justice, que visent Ă  assurer la dĂ©couverte, l’arrestation et la condamnation rapides des contrevenants. »

Le tribunal a toutefois une discrétion quant à cette ordonnance pour les verdicts de non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux (art. 487.051 (3) C.cr.) et pour les infractions secondaires (art. 487.051 (3) C.cr.).

Ordonnance mandatoire imposant une suramende compensatoire

Il y a une troisiùme ordonnance obligatoire, c’est l’imposition d’une suramende compensatoire en vertu de l‘ar.t 737 (1) C.cr.[4] pour financer les programmes de services aide aux victimes d'actes criminels.

« 737 (1) Dans le cas oĂč il est condamnĂ© — ou absous aux termes de l’article 730 — Ă  l’égard d’une infraction prĂ©vue Ă  la prĂ©sente loi, Ă  la Loi rĂ©glementant certaines drogues et autres substances ou Ă  la Loi sur le cannabis, le contrevenant est tenu de verser une suramende compensatoire pour chaque infraction, en plus de toute autre peine qui lui est infligĂ©e. »

La constitutionnalitĂ© de l'obligation d'imposer une suramende compensatoire avait Ă©tĂ© contestĂ©e avec succĂšs devant la Cour suprĂȘme du Canada dans l'arrĂȘt R. c. Boudreault[5], mais la disposition a Ă©tĂ© modifiĂ©e pour qu'elle redevienne constitutionnelle. DĂ©sormais, le tribunal a une discrĂ©tion d'imposer la suramende compensatoire en vertu de l'art. 737 (2.1) C.cr.,

« Exception

(2.1) MalgrĂ© le paragraphe (1), le tribunal peut, d’office ou sur demande du contrevenant, ordonner que celui-ci n’ait pas Ă  verser la suramende compensatoire ou que le montant de la suramende soit rĂ©duit dans les cas suivants :

(a) il est convaincu que la suramende causerait un préjudice injustifié au contrevenant;

(b) dans le cas contraire, il est convaincu que la suramende ne serait pas proportionnelle au degrĂ© de responsabilitĂ© du contrevenant ou Ă  la gravitĂ© de l’infraction. »

Par conséquent, l'ordonnance de suramende compensatoire n'est plus jugée inconstitutionnelle[6].

Bibliographie

Martin Vauclair, Tristan Desjardins, TraitĂ© gĂ©nĂ©ral de preuve et de procĂ©dure pĂ©nales, 25e Ă©d., Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2018.

Notes et références

  1. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 109, <https://canlii.ca/t/ckjd#art109>, consulté le 2021-07-27
  2. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 487.051 <https://canlii.ca/t/ckjd#art487.051>, consulté le 2021-07-27
  3. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 487.04, <https://canlii.ca/t/ckjd#art487.04>, consulté le 2021-07-27
  4. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 737, <https://canlii.ca/t/ckjd#art737>, consulté le 2021-07-27
  5. 2018 CSC 58
  6. Le Quotidien.27 juillet 2019 « La suramende à nouveau imposée, mais à la discrétion du tribunal ». En ligne. Page consultée le 2021-07-27
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