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Obligation plurale en droit civil français

En droit français, une obligation plurale est une obligation qui comporte une pluralité d'objets ou de sujets.

L'obligation Ă  objets multiples

Lorsque l'obligation porte sur une pluralitĂ© d'objets, l'obligation peut ĂȘtre cumulative ou disjonctive (ou alternative).

L'obligation cumulative

L'obligation est dite cumulative lorsque le dĂ©biteur doit cumulativement deux objets ou prestations au crĂ©ancier pour une mĂȘme obligation. L'extinction de l'obligation conjonctive nĂ©cessite les deux objets. Le terme conjonctif Ă©tait utilisĂ© avant la rĂ©forme du .

L'obligation disjonctive (ou alternative)

Une obligation est disjonctive (ou alternative) lorsque les deux objets doivent ĂȘtre exĂ©cutĂ©s l'un ou l'autre. L'extinction de cette obligation ne nĂ©cessite qu'un seul des objets, car les parties rĂ©putent Ă©quivalents les deux modes de prestation.

Le choix de l'objet est laissé au débiteur, mais celui-ci est contraint au paiement total de la prestation choisie. En effet, le créancier peut toujours refuser un paiement partiel. Si l'un des modes de paiement devient impossible, l'autre mode de paiement devient obligatoire.

Ainsi, dans un contrat de dépÎt-vente, le dépositaire est tenu à une obligation alternative[1] :

  • soit rendre la chose dĂ©posĂ©e en nature ;
  • soit rendre la chose en argent, que le prix soit perçu auprĂšs d'un tiers, ou payĂ© par lui-mĂȘme.

L'obligation facultative

L'obligation facultative est l'obligation qui se rapproche, en quelque sorte, de l'obligation alternative. Cependant, il existe bien une distinction entre ces deux obligations. quand on parle d'obligation facultative, on suppose que le dĂ©biteur a une obligation plus importante que l'autre qu'il doit au crĂ©ancier. Alors que pour une obligation alternative, comme dit ci-dessus, les obligations que le dĂ©biteur doit au crĂ©ancier ont la mĂȘme valeur.

Cette obligation facultative est consacrée, depuis l'ordonnance de 2016 à l'article 1308 du Code civil. Cet article est trÚs favorable au débiteur. En effet, si l'obligation principale du débiteur est impossible à réaliser alors le débiteur est libéré, sauf si celui-ci l'a rendue impossible à réaliser en commettant une faute.

L'obligation Ă  sujets multiples

Une obligation Ă  sujets multiples concerne plusieurs crĂ©anciers (appelĂ©s cocrĂ©anciers) ou plusieurs dĂ©biteurs (codĂ©biteurs) Ă  la fois. L'obligation peut alors ĂȘtre :

  • conjointe, c’est-Ă -dire que la dette se divise en portions entre les parties prenantes ;
  • solidaire, c’est-Ă -dire que chaque partie prenante doit ou peut en exiger la totalitĂ© ;
  • indivisible.

L'obligation conjointe de la dette

L'obligation conjointe se divise entre plusieurs cocréanciers ou plusieurs codébiteurs. Chaque cocréancier peut réclamer une part de l'obligation et non la totalité. Chaque codébiteur doit également une part seulement de la dette totale. Ainsi, si un codébiteur ne peut rembourser sa part, le cocréancier ne peut demander à un autre débiteur de compenser l'insolvabilité du premier.

Si la prescription est interrompue entre l'un des cocréanciers et l'un des codébiteurs, elle continue à courir entre ce créancier et les autres codébiteurs ou entre ce débiteur et les autres cocréanciers. Les obligations qui concernent plusieurs sujets de droit sont conjointes en l'absence de stipulation ou de norme inverse.

La division de la dette entre les codébiteurs est dangereuse pour le créancier, car elle multiplie d'autant les risques d'insolvabilité. La loi et la jurisprudence ont apporté plusieurs solutions juridiques à cette insécurité, qui procÚdent toutes de la solidarité.

L'obligation solidaire

Une obligation est solidaire :

  • en cas de pluralitĂ© des crĂ©anciers, si chacun des crĂ©anciers peut rĂ©clamer le versement de la totalitĂ© de la dette au dĂ©biteur (solidaritĂ© active) ;
  • en cas de pluralitĂ© des dĂ©biteurs, si chacun d'entre eux est tenu de la totalitĂ© de la dette tant qu'elle n'a pas Ă©tĂ© rĂ©glĂ©e (solidaritĂ© passive).

La solidarité, selon la formule de l'article 1310 du Code civil français, « ne se présume point ». Elle n'existe donc entre les parties que si elle a été expressément stipulée lors de la conclusion du contrat ou si une loi l'impose. Par exception à ce principe, la coutume veut qu'en matiÚre commerciale les codébiteurs soient tenus de la totalité de la dette.

La solidarité a pour effets principaux :

  • l'unicitĂ© de la dette : le paiement de la dette par un dĂ©biteur libĂšre les autres.
  • la pluralitĂ© des d'obligations : le crĂ©ancier peut poursuivre simultanĂ©ment plusieurs dĂ©biteurs, qui peuvent toutefois ĂȘtre soumis Ă  des modalitĂ©s de paiement diffĂ©rentes.

La doctrine juridique se divise sur l'assimilation de l'obligation solidaire passive Ă  une « reprĂ©sentation mutuelle » tacite : les codĂ©biteurs se donneraient mutuellement mandat. Ainsi, l'interruption de la prescription Ă  l'Ă©gard d'un dĂ©biteur vaut aussi pour les autres dĂ©biteurs, ce qui n'est pas le cas pour une obligation conjointe. De mĂȘme, la mise en demeure Ă  l'Ă©gard d'un dĂ©biteur vaut aussi pour ses coobligĂ©s.

Enfin, le remboursement de la dette par l'un des dĂ©biteurs ne l'empĂȘche pas de se retourner en « recours en contribution » contre les autres dĂ©biteurs afin d'obtenir d'eux le versement de leur « part et portion » (article 1214 du code civil).

L'obligation indivisible

L'obligation indivisible est rĂ©gie par les articles 1217 et suivants du Code civil. Cette obligation, ne peut ĂȘtre exĂ©cutĂ©e qu'intĂ©gralement, quel que soit le nombre de dĂ©biteurs ou de crĂ©anciers. Elle empĂȘche le fractionnement de la crĂ©ance et permet Ă  chaque crĂ©ancier d'exiger de chaque dĂ©biteur le paiement intĂ©gral de la dette.

La source de l'indivisibilité

L'indivisibilitĂ© de l'obligation peut ĂȘtre naturelle ou conventionnelle.

L'indivisibilité est dite naturelle (ou objective) lorsque l'exécution partielle de l'obligation est rendue impossible par la nature de son objet. Le débiteur est ainsi obligé d'accomplir intégralement sa prestation.

L'indivisibilitĂ© de l'obligation est conventionnelle (ou subjective) lorsque l'objet de l'obligation est parfaitement divisible, mais que les parties s'accordent sur une indivisibilitĂ© de la prestation. L'indivisibilitĂ© peut ĂȘtre stipulĂ©e dans un contrat ou un ensemble contractuel, et peut ĂȘtre tacite ou expresse.

Les effets de l'indivisibilité

L'indivisibilitĂ© de l'obligation empĂȘche le paiement partiel de l'obligation. Par consĂ©quĂ©nt, chaque codĂ©biteur devra payer la dette dans son intĂ©gralitĂ©, de sorte que l'indivisibilitĂ© emporte les mĂȘmes effets que la solidaritĂ©. Chaque crĂ©ancier peut Ă©galement rĂ©clamer le paiement intĂ©gral de la dette.

Notes et références

  1. Cass. civ. 1re, 16 mai 2006, Bull. civ. I n°239.
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