Nous n'irons plus au bois
Nous n'irons plus au bois est une ronde enfantine française[1], créée à la Noël 1753 par Madame de Pompadour[2], pour les enfants du village voisin, après que Louis XV lui eut offert l'hôtel d'Évreux, qui deviendra le palais de l'Élysée.
Analyse
La comptine pour enfants Nous n'irons plus au bois... a un sens caché et pamphlétaire qui ne s'adresse pas aux enfants : elle dénonce de façon détournée l'interdiction des maisons de prostitution pendant une partie du règne de Louis XIV et fait l’apologie de l'orgie sexuelle[3]. Sous l'influence de madame de Maintenon et face à une épidémie de maladies vénériennes, le roi signe l'ordonnance du qui renforce les pouvoirs de la police et instaure le délit de prostitution. Les maisons de passe arboraient une branche de laurier au-dessus de la porte, ce qui explique le début de la chanson « Nous n'irons plus aux bois, les lauriers sont coupés »[4] - [5]. Dans une autre version, Mme de Maintenon aurait demandé au roi de couper les lauriers du parc de Versailles car on y trouvait autant de filles que d'arbres[6].
Paroles
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés
La belle que voilĂ , ira les ramasser
Refrain :
Entrez dans la danse, voyez comme on danse,
Sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez.
Et les lauriers du bois les laiss’rons nous faner
Non, chacune Ă son tour ira les ramasser
Refrain
Si la cigale y dort, ne faut pas la blesser
Le chant du rossignol la viendra réveiller
Refrain
Et aussi la fauvette avec son doux gosier
Et Jeanne, la bergère, avec son blanc panier,
Refrain
Cigale, ma cigale, allons, il faut chanter
Car les lauriers du bois sont déjà repoussés
Refrain
Postérité
- La version musicale a servi de la fin des années 1940 jusqu'en 1995, pour assurer la mise en onde des émetteurs ondes courtes de l'ORTF, (devenu Radio France Internationale en 1975). Dans le jargon des ondes courtes, on appelle ça un signal d'intervalle, qui permet aux auditeurs en recherche de fréquences de retrouver une station, la différenciant des autres, donc d'autres pays émetteurs.
- Elle est la chanson favorite de Claude Debussy, citée dans trois de ses partitions[7] : dans Quelques aspects de "Nous n'irons plus au bois" parce qu’il fait un temps insupportable du recueil de 3 pièces pour piano Images oubliées[8], dans Jardins sous la pluie, du recueil de 3 pièces pour piano Estampes, et dans le troisième mouvement des Images pour orchestre, Rondes de printemps[7].
- La réalisatrice Chantal Akerman, un groupe d'enfants, et l'actrice Claire Wauthion interprètent une récitation du premier couplet et du refrain de cette chanson à la fin du film révolutionnaire d'Akerman Je, tu, il, elle.
- Dans la version française du film Les Goonies, vers la fin du film, Jake et Francis Fratelli tentent d'attraper leur frère difforme : Sinok. En le faisant sauter à la corde tout en chantant le refrain de la comptine.
- Jacques Brel, "La Colombe"
Voir aussi
Notes et références
- « Nous n'irons plus au bois Adrienne Gallon E. Bervily, dir. », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
- Alain Rustenholz, Les traversées de Paris, Evreux, Parigramme, , 647 p. (ISBN 978-2-84096-400-1, LCCN 2006509551). p. 106
- Sébastien Ministru, « "Nous n'irons plus au bois", une chanson qui est un appel à la partouze... », sur rtbf.be, (consulté le ).
- Alain Baraton, L'amour au jardin, Grasset, , p. 101.
- Edme Cougny, Études historiques et littéraires sur le XVIe siècle : Des représentations dramatiques et particulièrement de la comédie politique dans les collèges, Impr.impériale, , 503 pages (lire en ligne), page 52
- atdoxe, « Nous n’irons plus au bois… », sur blog antidox,
- François-Xavier Szymczak, « Nous n'irons plus au bois, et autres chansons françaises », sur France Musique, (consulté le )
- Claude Debussy, « Images oubliées », sur imslp.org (consulté le )