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Niola Doa

Le site de Niola Doa (Niola Doia ou Niala Doha, Ă©galement Guirchi Niola Doa) est un groupement d'Ĺ“uvres d'art rupestre saharien situĂ© au nord-est du Tchad, dans la rĂ©gion de l'Ennedi. ConstituĂ© principalement de panneaux gravĂ©s, reprĂ©sentant un peu plus grand que nature de grandes figures au corps richement ornĂ©, figures probablement fĂ©minines, le site est dĂ©couvert par bribes Ă  partir des annĂ©es cinquante. L'ensemble se rattache majoritairement Ă  la pĂ©riode « bovidienne Â» de l'art rupestre saharien, c'est-Ă -dire Ă  partir du Ve millĂ©naire av. J.-C.[1]

Localisation

Le site de Niola Doa est situĂ© sur l'enneri Guirchi, sur la bordure nord du plateau de l'Ennedi, Ă  proximitĂ© de la dĂ©pression du Mourdi[2]. L'agglomĂ©ration la plus proche est le hameau formĂ© autour du puits de Diona, Ă  une vingtaine de kilomètres au nord-nord-ouest. La ville de Fada est Ă  environ 130 km au sud-ouest.

Le site se compose notamment de plusieurs panneaux, au nombre de cinq ou six, gravés de personnages. Outre ces grands panneaux, il y a également plusieurs lieux présentant des gravures de moindre importance.

Toponymie

Le toponyme de Niola Doa signifie, dans la langue toubou, « les piliers aux jeunes filles »[3] ou « les jeunes filles dansantes »[2] et les nomades nomment les lieux « La place des filles »[1]. Le nom du site est également désigné sous les termes de Niala Doha[4].

Généralités

Le découvreur initial du site est un officier de l'armée coloniale française, le capitaine Courtet, alors lieutenant. En 1954, il est le premier occidental connu à visiter les lieux et à rapporter l'existence des fresques gravées. Il en prend des photographies qu'il enverra au général Paul Huard, éminent spécialiste de l'art rupestre saharien.

Les fresques gravés de Niola Doa montrent de grands personnages à la stéatopygie marquée mais ne présentant outre cela aucun attribut sexuel évident. En raison de cette stéatopygie, et du toponyme, ces personnages sont généralement considérés comme féminins. Leur posture est toujours identique. Debout, le dos orienté vers la droite, celle de leur main qui est à gauche tient un bâton posé sur leur épaule, parallèlement au sol. Leur autre main est orientée vers le sol, bras tendu et légèrement écarté du corps.

La particularité la plus remarquable de ces figures est leur ornementation. L'intégralité de leur corps est décoré de motifs géométriques tels que chevrons, zig zags, grecques, spirales ou beaucoup plus rarement de motifs zoomorphes stylisés.

D'autres personnages, plus petits, également stéatopyges, présentent une posture plus libre et une ornementation moins chargée et moins variée. Ils ont pour point commun de porter une sorte de longue jupe descendant jusqu'aux chevilles. Cette jupe est généralement décorée de groupes de petits traits verticaux.

Description

Le panneau des Français

DĂ©couvert en fĂ©vrier 1955 par AndrĂ© Bonnet, Jean Freulon, Albert de Lapparent et Pierre Vincent, le panneau des Français est dĂ©crit en 1956 par l'AbbĂ© Breuil. ExposĂ© est-sud-est, il reprĂ©sente quatre grands personnages au corps intĂ©gralement ornĂ© de motifs gĂ©omĂ©triques, ces personnages sont interprĂ©tĂ©s par Henri Breuil comme des danseuses. Ils sont montrĂ©s dans une attitude processionnelle, portant une sorte de bâton sur l'Ă©paule, groupĂ©s deux Ă  deux et dĂ©filant de la droite vers la gauche. Le plus grand de ces personnages mesure 2,50 m de haut. Sept personnages plus petits accompagnent ces « danseuses Â». Parmi ceux-ci, certains arborent une sorte de longue jupe dĂ©corĂ©e de traits et un plastron ornĂ© de motifs losangiques. Deux autres pourraient reprĂ©senter des joueurs de tambour. Quatre grandes incisions verticales plus rĂ©centes viennent recouper les motifs gravĂ©s.

Ă€ 500 mètres Ă  l'ouest de ce panneau se trouve un abri sous roche ornĂ© de peintures de bovidĂ©s et de personnages. Des camĂ©lidĂ©s sont Ă©galement reprĂ©sentĂ©s sur des gravures plus rĂ©centes[5].

Le panneau des Italiens

Ce panneau a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1993, Ă  150 mètres du panneau des Français, par une Ă©quipe italienne. Il comporte cinq grands personnages analogues aux « danseuses Â» du panneau des Français ; un sixième, plus petit, prĂ©sente une attitude semblable. On trouve Ă©galement sur ce panneau des personnages Ă  la jupe longue.

Le panneau décrit par P. Fuchs

Ce groupe a Ă©tĂ© publiĂ© en 1957 par l'Autrichien P. Fuchs qui l'a surnommĂ© « Les quatre grâces de l'ErdĂ©bĂ© Â». Il se trouve dans le Wadi Dishi, Ă  1,5 km au nord du groupe des Français[6].

Ce panneau est d'une exécution plus fruste et semble inachevé. Il représente quatre grandes figures féminines.

Les autres panneaux

Ils ont été découverts en 1964 par le sergent Bousso, un Français, et partiellement publiés par Paul Huard et Jean-Marie Massip en 1966. La localisation exacte de ces deux panneaux est cependant restée incertaine jusqu'en 1996, où ils ont été ré-identifiés par David Coulson et Alec Coulson. Il s'agit des œuvres les plus septentrionales du site, situées à environ km au nord du panneau des Français.

Le panneau principal est une longue frise gravĂ©e sur un pan inclinĂ©. Elle prĂ©sente quatre figures stĂ©atopyges principales, toujours dans la mĂŞme posture, dont la plus grande mesure 1,30 m de haut, soit la totalitĂ© de la hauteur disponible. Deux figures identiques mais de bien plus petite taille sont gravĂ©es sur la gauche du panneau et deux autres, très schĂ©matiques, sont situĂ©es Ă  l'extrĂŞme gauche. La fresque montre aussi deux personnages Ă  la jupe, sĂ©parant les quatre principales figures stĂ©atopyges en deux groupes de deux. Un certain nombre de personnages gravĂ©s supplĂ©mentaire, dont il est difficile de dire s'ils sont contemporains de la gravure principale ou postĂ©rieurs, peuplent cette frise.

Le second panneau, situĂ© Ă  proximitĂ© immĂ©diate du premier, montre un seul duo de « danseuses Â», la plus grande mesurant 1,60 m de haut[7].

Les dalles gravées

À proximité du panneau décrit en 1956, on trouve un affleurement de grès qui se fracture en affectant la forme de dalles grossières. Un nombre important de ces dalles présentent des gravures. Ces dernières sont postérieures aux gravures des panneaux, mais certaines reprennent, de façon grossière et maladroite, les grands personnages montrés sur les panneaux[1].

Références

  1. François & France Soleilhavoup, « Niola Doa, un site exceptionnel d'art rupestre au Sahara prĂ©historique Â», Archeologia, n°535, pages 55-61, 2015.
  2. Roberta Simonis, Adriana Scarpa-Falce et Donatella Calati, chap. 3 « Sous-zone 3 : Tchad », dans Rock Art of Sahara And North Africa - Thematic Study, Conseil international des monuments et des sites, (lire en ligne [PDF]).
  3. Simonis, Ravenna et Rossi 2017, p. 251.
  4. Paul Huard, « Trente ans de recherches rupestres au Sahara méridional (1947-1977) . », Bibliothèque d'histoire d'outre-mer, Paris, Société française d'histoire d'outre-mer, t. I « 2000 ans d’histoire africaine. Le sol, la parole et l’écrit. Mélanges en hommage à Raymond Mauny. »,‎ , p. 41 à 43 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Henri Breuil, « DĂ©couverte par MM. AndrĂ© Bonnet, Jean Freulon, Albert de Lapparent et Pierre Vincent d'une fresque gravĂ©e de l'Ennedi (Tchad) Â», Compte rendu des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-lettres, Volume 99, 1955.
  6. LĂ©one Allard-Huard, Nil-Sahara, Dialogues rupestres II, l'homme innovateur, 2000
  7. Roberta Simonis, Alec Campbell, David Coulson, A Niola Doa «lost site» revisited (ennedi Chad), Sahara, n°10, 1998.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Breuil, « DĂ©couverte par MM. AndrĂ© Bonnet, Jean Freulon, Albert de Lapparent et Pierre Vincent d'une fresque gravĂ©e de l'Ennedi (Tchad). », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 99e annĂ©e, no 2,‎ , p. 194-195 (DOI doi.org/10.3406/crai.1955.10432, lire en ligne).
  • Roberta Simonis, Adriana Ravenna et Pier Paolo Rossi, chap. 69 « Niola Doa et les « Danseuses Â» », dans Ennedi, Pierres historiĂ©es. Art rupestre dans le massif de l’Ennedi (Tchad), All’Insegna del Giglio, , 288 p. (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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