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Nikoloz Baratachvili

Nikoloz Baratachvili (en gĂ©orgien : ნიკოლოზ ბარათაჹვილი) ( - ) est un poĂšte gĂ©orgien, l'un des premiers Ă  allier le nationalisme moderne avec le romantisme europĂ©en et Ă  introduire ces dimensions dans la littĂ©rature gĂ©orgienne. MalgrĂ© sa mort prĂ©coce et son hĂ©ritage littĂ©raire lĂ©ger (moins de 40 brefs poĂšmes, un poĂšme plus long, un peu de correspondance privĂ©e) il est considĂ©rĂ© comme le sommet du romantisme gĂ©orgien[1].

Nikoloz Baratachvili
ნიკოლოზ ბარათაჹვილი
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Portrait
Naissance
Tbilissi
DĂ©cĂšs
Gandja
Activité principale
poĂšte
Auteur
Langue d’écriture gĂ©orgien
Genres
romantique

ƒuvres principales

Destin de la GĂ©orgie (ბედი áƒ„áƒáƒ áƒ—áƒšáƒ˜áƒĄáƒ)

L'amour sans espoir de Baratachvili : Ekaterine Dadiani, princesse de Mingrélie, peinte par Franz Xaver Winterhalter

Biographie

Nik'oloz, surnommĂ© Tato (ჱაჱო), est nĂ© Ă  Tiflis (Tbilissi), capitale de GĂ©orgie, Ă  l'Ă©poque Ă©galement ville importante de la Transcaucasie russe. Son pĂšre, le prince MĂ©liton Baratachvili (1795–1860), Ă©tait un noble sans ressources qui travaillait pour l'administration russe. Sa mĂšre, Ephemia OrbĂ©liani (en) (1801–1849), est la sƓur du gĂ©nĂ©ral Grigol OrbĂ©liani (en) et une descendante de l'avant-dernier roi de GĂ©orgie, Erekle II.

Nikoloz achÚve ses études en 1835, dans un lycée pour nobles de Tiflis : il y avait été suivi par Solomon Dodachvili (en), patriote géorgien et philosophe libéral[2].

Sa vie correspond d'assez prĂšs Ă  l'Ă©volution de la noblesse gĂ©orgienne Ă  l'Ă©poque : aprĂšs l'Ă©chec de la conspiration anti-russe de 1832, ils vont se soumettre Ă  l'autocratie russe et exprimer leurs aspirations dans la poĂ©sie. Le manque de moyens financiers empĂȘche Nikoloz de se rendre dans les universitĂ©s russes et son boitement lui interdit la carriĂšre militaire. Il trouve une place dans la bureaucratie russe comme agent ordinaire dans la ville de Gandja (alors Elisavetpol en AzerbaĂŻdjan).

L'amour de sa vie, la princesse Ekaterine Chavchavadze, lui préféra David Dadiani, Prince de Mingrélie.

Nikoloz meurt de malaria à Gandja, sans avoir encore publié ses écrits, à 27 ans.

C'est seulement la génération suivante des écrivains géorgiens qui redécouvre sa poésie et qui le publie à titre posthume, entre 1861 et 1876, pour en faire une véritable idole[1]. Le transfert de sa dépouille de Gandja à Tbilissi en 1893 fut l'occasion d'une célébration nationale. Depuis 1938, ses restes sont déposés au Panthéon de Mtatsminda de Tbilissi.

ƒuvres

Pour entrer dans l'Ă©tat d'esprit de Nikoloz, pas de meilleure clĂ© que son poĂšme historique Destin de la GĂ©orgie (ბედი áƒ„áƒáƒ áƒ—áƒšáƒ˜áƒĄáƒ, bedi k'art'lisa; 1839), une lamentation sur les derniĂšres mĂ©saventures du pays. Il l'Ă©crit Ă  22 ans, et le fonde sur des Ă©vĂ©nements historiques : le sac de Tbilissi en 1795 par le chef perse Agha Mohammad Shah, devant la menace duquel le roi gĂ©orgien s'Ă©tait rĂ©solu Ă  s'appuyer sur l'Empire russe pour la sĂ©curitĂ© de son royaume depuis le traitĂ© de 1783. Cependant, cette mise en scĂšne n'est pas un simple retour sur le passĂ© : Ă  l'Ă©poque, le souvenir de l'Ă©chec de la rĂ©volte anti-russe de 1832 est bien prĂ©sent. Dans son poĂšme, Baratachvili prĂ©sente le dĂ©bat entre Erekle II et son chancelier Solomon LionidzĂ©, qui s'oppose au protectorat russe par peur de perdre l'identitĂ© nationale gĂ©orgienne. La femme de LionidzĂ© lui demande, dans une lamentation qui est devenue cĂ©lĂšbre aux GĂ©orgiens : "Quel plaisir le doux rossignol a-t-il de sa gloire si c'est en cage qu'il en jouit ?"[2]. La sympathie du poĂšte et du lecteur s'oriente vers LionidzĂ©, mais c'est la dĂ©cision raisonnable du roi qui prĂ©vaut.

Pendant sa pĂ©riode crĂ©atrice relativement brĂšve (1833–1845), Baratachvili montre une rĂ©flexion complexe sur l'art et les idĂ©es. Selon le britannique Donald Rayfield, Baratachvili « evolved a language all his own, obscure but sonorous, laconically modern, sometimes splendidly medieval, with pseudo-archaisms » (a dĂ©veloppĂ© un langage bien Ă  lui, obscur mais sonore, laconiquement moderne, parfois splendidement mĂ©diĂ©val, avec des pseudo-archaĂŻsmes)[1]. Dans son poĂšme plus ancien, CrĂ©puscule sur Mtatsminda (ჹემოჩამება მთაწმინდაზე, shemoghameba mt'ats'mindaze; 1833–1836), le lecteur peut sentir l'aspiration Ă  ĂȘtre libĂ©rĂ© des poids de la vie terrestre, et au contraire Ă  ĂȘtre touchĂ© par des forces naturelles secrĂštes. Sa poĂ©sie amoureuse atteint son sommet Ă  propose de son amour malheureux de la princesse Ekaterine ChavchavadzĂ©, ce qui lui fait exprimer le sentiment de L'Ăąme orpheline (სული ობოლი, suli oboli; 1839)[3].

Sans espoir de bonheur humain, il admire des figures historiques surhumaines comme Erekle II et NapolĂ©on, selon lui au-delĂ  de la joie et de la peine[4]. On peut ainsi signaler L'esprit mauvais (სული ბოროჱი, suli boroti; 1843), PensĂ©e le long de la riviĂšre Mtkvari (ჀიჄრი მჱკვრის პირას, p'ik'ri mtkvris piras; 1837), et PĂ©gase (მერანი, Merani; 1842). Ce dernier a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© par les poĂštes gĂ©orgiens suivants comme une vision mystique du futur. L'intelligence toute-puissante inspirĂ©e par la foi appelle le hĂ©ros lyrique Ă  se sacrifier sciemment pour ses frĂšres. L'optimisme tragique qui s'y exprime rejoint l'esprit romantique : plein d'aspiration rĂ©volutionnaire, d'activitĂ© et d'expression de la vie. PĂ©gase (Merani) est une Ɠuvre remarquable du romantisme gĂ©orgien, tant du point de vue Ă©thico-philosophique que sous l'aspect esthĂ©tique et artistique.

Hommage

  • Le pont Baratachvili, la place Baratachvili ainsi que la montĂ©e Baratachvili de Tbilissi sont nommĂ©s en l'honneur du poĂšte, et sa statue y trĂŽne, dans le district central de la capitale[5].
  • La revue de kartvĂ©lologie Bedi Kartlisa a Ă©tĂ© nommĂ©e d'aprĂšs son poĂšme.

Notes

  1. Rayfield, p. 145.
  2. Suny, p. 124.
  3. Rayfield, pp. 145-6.
  4. Rayfield, p. 146.
  5. « Tbilisi Travel Guide. Tourist Routes » (consulté le )

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Nikoloz Baratashvili » (voir la liste des auteurs).
  • (en) Donald Rayfield, The Literature of Georgia : A History, Richmond, Routledge, , 320 p. (ISBN 0-7007-1163-5).
  • (en) Ronald Grigor Suny, The Making of the Georgian Nation, Indiana University Press, , 418 p. (ISBN 0-253-20915-3, lire en ligne).
  • (de) Gaga Shurgaia, Luigi Magarotto et Hans Christian GĂŒnther, Nikoloz Baratasvili : Ein georgischer Dichter der Romantik, Wurtzbourg, Königshausen und Neumann, (ISBN 3-8260-2857-0).
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