Mythe de RĂȘ
Durant la plus grande partie de lâhistoire Ă©gyptienne, le dieu RĂȘ est la divinitĂ© suprĂȘme : il rĂšgle le cours des heures, des jours, des mois, des annĂ©es et des saisons. Il apporte lâordre dans lâunivers et rend la vie possible. Il peut apparaĂźtre sous deux autres formes, celle de KhĂ©pri, le scarabĂ©e bousier symbolisant la naissance ou la renaissance ou encore Atoum, l'ĂȘtre achevĂ© (le clergĂ© Ă©gyptien expliquait que l'astre solaire pouvait revĂȘtir des formes diffĂ©rentes lors de sa course dans le ciel : KhĂ©pri Ă©tait le soleil levant tandis que RĂȘ Ă©tait le soleil Ă son zĂ©nith et Atoum, le soleil couchant)[1]. Son apparition quotidienne du fond du DouĂąt symbolisait la nature cyclique de la crĂ©ation. RĂȘ Ă©tait surtout vĂ©nĂ©rĂ© Ă Iounou (HĂ©liopolis). Tous, durant lâAncien Empire, furent influencĂ©s par son culte. Il se combina aux deux principales divinitĂ©s de crĂ©ation, Atoum et Amon, pour donner les entitĂ©s hybrides Atoum-RĂȘ puis Amon-RĂȘ. Câest ainsi que celui que lâon connaĂźt sous le nom de dieu-soleil en vint Ă ĂȘtre vĂ©nĂ©rĂ© comme un dieu crĂ©ateur. Il Ă©tait aussi lâancĂȘtre des pharaons et son rĂŽle Ă©tait encore plus complexe lors de sa fusion avec dâautres dieux.
Naissance de RĂȘ
Il existe de nombreuses versions de sa naissance. Dans une version classique relatĂ©e notamment par Neil Philip dans son Ćuvre Mythes et LĂ©gendes[2], il semblerait que RĂȘ se soit crĂ©Ă© lui-mĂȘme en se nommant, comme il crĂ©era les Ă©lĂ©ments de la vie en les faisant sortir du Noun, l'ocĂ©an primordial. Dans une variante, il est dit que RĂȘ est mis au monde par la dĂ©esse Neith dans lâobscuritĂ© qui prĂ©sidait lâapparition de la vie sur terre. AgressĂ© par cette obscuritĂ©, il se met Ă pleurer et les hommes viennent Ă l'existence grĂące Ă ses larmes. Neith donne Ă©galement naissance au serpent Apophis. Apophis et RĂȘ ne sâentendent pas et ne font que sâaffronter, nuit aprĂšs nuit. RĂȘ (puis Atoum-RĂȘ puis Amon-RĂȘ) est non seulement le dieu-soleil, mais il est Ă©galement le roi des dieux et des hommes. RĂȘ, et plus tard ses fils, ont rĂ©gnĂ© sur Terre. Câest lâĆil de RĂȘ qui veille et qui observe tout, rien ne lui Ă©chappe.
Les heures du soleil
Le dieu-soleil se transforme tout au long de la journĂ©e. Quand il est au plus haut de sa course, il est dotĂ© dâune quadruple tĂȘte de bĂ©lier qui lui permet de voir dans les quatre directions. Ensuite il redescend, se courbe de plus en plus, prend lâaspect nocturne, Ă savoir un homme Ă la tĂȘte de bĂ©lier. RĂȘ, considĂ©rĂ© comme Ă©tant le soleil, se dĂ©place via « la barque solaire ». Câest dans cette barque solaire que RĂȘ va se rĂ©gĂ©nĂ©rer : le corps du dieu se tient debout sous un baldaquin, un serpent protecteur se tenant face Ă lui. Il se transforme peu Ă peu en homme Ă tĂȘte de bĂ©lier, son aspect nocturne. En ce faisant, il quitte le jour - le monde des hommes - pour le monde nocturne de la DouĂąt (lâau-delĂ ).
Selon une lĂ©gende, le ciel repose sur deux montagnes : celle de lâorient, Manou, et celle de lâoccident, Bakhou. Câest lĂ que tous les soirs, le serpent Apophis, frĂšre et grand ennemi de RĂȘ, se dresse contre la barque solaire, et crache des flammes tel un dragon. Cependant, RĂȘ nâest pas seul, il est accompagnĂ© sur sa barque de Hou, le verbe crĂ©ateur, de Heka, la magie protectrice et Sia, la connaissance. Dâautres divinitĂ©s viennent parfois sây ajouter. Ă trois heures, la barque rencontre Apophis qui tente de l'arrĂȘter et de lâempĂȘcher de poursuivre sa route cĂ©leste. Ă chaque fois, RĂȘ triomphe. Ă quatre heures, la barque sâenfonce dans les tĂ©nĂšbres de la nuit. Il nây a plus dâeau, Apophis a bu toute lâeau du fleuve. Il avance tant bien que mal sur le sable. Heureusement, Seth vient en aide Ă RĂȘ en projetant sa lance de cuivre dans le flanc du serpent, faisant ainsi recracher toute lâeau du fleuve avant de mourir. CinquiĂšme heure, la barque reprend son cours, elle rencontre le cadavre de KhĂ©pri, dieu scarabĂ©e, forme future de RĂȘ : câest le point de dĂ©part de son nouveau cycle, diurne cette fois. Le soleil renaĂźt, câest la sixiĂšme heure, la lumiĂšre revient au plus profond de la Douat. Ă la septiĂšme heure, les hommes font des offrandes Ă RĂȘ. Il y a des ennemis qui sont capturĂ©s, tuĂ©s et leur sang alimente les lacs des flammes que lâon voit rougeoyer au loin : câest la huitiĂšme heure. NeuviĂšme heure, les dĂ©funts ressuscitent, dont Apophis. Ă nouveau, celui-ci essaie en vain dâarrĂȘter le cours du temps. Enfin, Noun hisse la barque vers lâorient au zĂ©nith. Câest la douziĂšme heure. Ils traversent le serpent du temps et en ressortent jeunes. Chaque rĂ©gion du monde reçoit la lumiĂšre tour Ă tour et Ă la cinquiĂšme heure, on y voit les reprĂ©sentants des quatre races (Ăgypte, Asie, Libye et Nubie). Le matin, le soleil, rajeuni, leur apporte lumiĂšre et Ă©nergie de vie.
L'extermination de l'humanité
Avant que l'Ăgypte ne soit dirigĂ©e par des monarques humains, son roi Ă©tait RĂȘ, un ancien monarque. Ses os prenaient une couleur dâargent en vieillissant et son corps, une couleur or. RĂȘ avait la capacitĂ© dâentendre les hommes parler dans son dos et comploter contre lui. Câest ainsi quâun jour, il prit une dĂ©cision : il allait envoyer son Ćil sur Terre sous la forme dâune dĂ©esse-lionne. Celle-ci perpĂ©tra un vĂ©ritable massacre sur Terre. RĂȘ la rappela au plus vite mais Sekhmet, la dĂ©esse-lionne, avait dĂ©jĂ pris le goĂ»t du sang : elle dĂ©cida donc de retourner sur Terre afin de terminer son travail.
RĂȘ dut alors chercher un moyen de duper Sekhmet : il fit prĂ©parer une biĂšre dâorge. BiĂšre et ocre furent mĂ©langĂ©s et donnĂšrent sept mille jarres dâune boisson enivrante qui ressemblait Ă du sang. RĂȘ fit vider les jarres sur les populations que la dĂ©esse voulait Ă©liminer. Elle vit ce quâelle prit pour du sang et descendit pour en boire. Elle en but tellement quâelle tomba dans une profonde torpeur.
Notes et références
- La cosmogonie héliopolitaine, sur le site le Panthéon égyptien (2007).
- Neil Philip, Mythes et LĂ©gendes, Ăditions Larousse, 1999.
Bibliographie
- Collectif., Une anthologie illustrĂ©e des mythes et lĂ©gendes du monde, Paris, Ed. GrĂŒnd, 2002.
- N. Guilhou et J. Peyre, La mythologie Ă©gyptienne, Espagne, Ed. Marabout (Hachette livre), 2005.
- G. Ortlieb, Sous le signe dâIsis et dâOsiris, Turin, Ed. Robert Laffont, 1985.
Liens externes
- Osiris.net (DerniĂšre consultation : 24/11/2009).
- LâĂgypte des pharaons (DerniĂšre consultation : 24/11/2009).