Murias Chaos
Murias Chaos est un objet gĂ©ologique visible Ă la surface d'Europe, second satellite galilĂ©en de Jupiter, dans la rĂ©gion de Tara Ă 22°24âČN et 83°48âČW. Cet objet fut dĂ©couvert et imagĂ© Ă haute rĂ©solution lors du survol E15 de la sonde spatiale Galileo en . Son nom est liĂ© Ă lâune des quatre grandes Ăźles sacrĂ©es du peuple mythique Tuatha DĂ© Danann de l'Irlande celtique.
Initialement appelée « Mitten », cette structure subcirculaire d'environ 120 km d'extension est actuellement rattachée, selon la nomenclature de l'International Astronomical Union, aux structures de type zone chaotique. Elle se caractérise par des terrains hétérogÚnes constitués de blocs de dimensions variées éparpillés dans une matrice rugueuse, sans orientation apparente. La topographie de Murias est positive par rapport aux terrains environnants et ses contours sont irréguliers. La structure est bordée à l'ouest par des fractures dans l'encaissant qui « moulent » le massif chaotique, tandis que les bordures méridionale et orientale sont davantage caractérisées par une transgression de la structure sur l'encaissant (falaises plus ou moins abruptes).
Ces observations tendent à rattacher Murias au groupe des zones chaotiques, mais suggÚrent parallÚlement des processus génétiques différents de ceux observés sur d'autres Chaos comme Conamara ou Thera Macula par exemple.
HypothĂšses sur la formation de Murias Chaos
Deux grandes théories alimentent aujourd'hui les débats quant à la formation de nombreuses structures de la surface d'Europe. La formation de Murias Chaos et des zones chaotiques en général est ainsi expliquée par les uns comme la manifestation d'une fusion partielle au sein d'une cryosphÚre relativement peu épaisse impliquant des processus conductifs[1], et par les autres comme le résultat de l'ascension d'un diapir de glace « chaude » au sein d'une cryosphÚre « froide » plus épaisse (processus convectif)[2]. Des théories alternatives tentent de réconcilier ces deux camps en proposant que des lentilles de saumures plus ou moins liquides persistent à faible profondeur à la base du couvercle conductif d'une croûte de glace globalement épaisse et convective.
Quelle que soit la théorie retenue, il apparaßt que Murias résulte de l'extrusion relativement récente de glaces plus chaudes et/ou partiellement liquides ayant abouti à la formation originelle d'un dÎme puis de sa dislocation au-dessus des terrains environnants plus anciens parcourus de nombreuses structures linéaires et présentant les traces d'impacts météoritiques.
La force exercĂ©e par le matĂ©riel extrudĂ© est vraisemblablement Ă l'origine de la fracturation de l'encaissant. Par ailleurs, on peut souligner que le matĂ©riau devait ĂȘtre suffisamment visqueux pour fluer ou s'effondrer vers le Sud au niveau de la bordure mĂ©ridionale, comblant et recouvrant par la mĂȘme occasion les fractures. Ces fractures ne sont pas visibles sur la bordure orientale et les terrains chaotiques ne semblent pas s'ĂȘtre effondrĂ©s et dĂ©structurĂ©s comme sur la bordure Sud. De surcroĂźt, l'encaissant semble mĂȘme se soulever par endroits au contact du Chaos. Ces Ă©lĂ©ments suggĂšrent qu'il n'y a sur ce flanc aucune transgression des terrains chaotiques.
De récents travaux sur les zones chaotiques d'Europe proposent des synthÚses intéressantes sur les mécanismes de formation des zones chaotiques et leur classification en fonction des caractéristiques morphologiques[3] - [4] - [5].
Notes et références
- (en) Michael H. Carr, Michael J. S. Belton, Clark R. Chapman et Merton E. Davies, « Evidence for a subsurface ocean on Europa. », Nature, vol. 391, no 6665,â , p. 363â365 (DOI 10.1038/34857, lire en ligne)
- (en) P. H. Figueredo, F. C. Chuang, J. Rathbun et R. L. Kirk, « Geology and origin of Europa's âMittenâ feature (Murias Chaos) », Journal of Geophysical Research: Planets, vol. 107, no E5,â , p. 2â1 (ISSN 2156-2202, DOI 10.1029/2001je001591, lire en ligne, consultĂ© le )
- Loïc Mével, Analyse des structures de la surface d'Europe (satellite de glace de Jupiter) : conséquences dynamiques, rhéologiques et thermiques, Université de Nantes, , 359 p. (lire en ligne)
- LoĂŻc MĂ©vel et Eric Mercier, « Large-scale doming on Europa: A model of formation of Thera Macula », Planetary and Space Science, vol. 55, nos 7â8,â , p. 915â927 (DOI 10.1016/j.pss.2006.12.001, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) B. E. Schmidt, D. D. Blankenship, G. W. Patterson et P. M. Schenk, « Active formation of âchaos terrainâ over shallow subsurface water on Europa », Nature, vol. 479, no 7374,â , p. 502â505 (DOI 10.1038/nature10608, lire en ligne)