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Mont Hercules

Le mont Hercules est un sommet imaginaire qui aurait atteint l'altitude de 32 783 pieds (9 992 m, soit 1 000 m au-dessus de l'Everest, au centre de la Nouvelle-GuinĂ©e et dĂ©crit en 1875 par un capitaine John A. Lawson.

Le mont Hercules, décrit par J.A. Lawson comme la plus haute montagne du monde (lithographie en frontispice de Wanderings in the interior of New Guinea (1875)

En 1875 parut Ă  Londres, chez Chapman & Hall, Wanderings in the interior of New Guinea, dans lequel un certain capitaine John A. Lawson racontait sa traversĂ©e du nord au sud, dans sa plus grande largeur, de l'Ă®le de Nouvelle-GuinĂ©e, alors très peu explorĂ©e. Au cours de cette traversĂ©e, qui dura 8 mois entre 1872 et 1873, ponctuĂ©e de nombreuses aventures et dĂ©couvertes d'espèces animales inconnues (dont un tigre gĂ©ant appelĂ© Moolah, dont il aurait tuĂ© et dĂ©pouillĂ© un exemplaire), il aurait notamment gravi une montagne dont il mesura l'altitude Ă  32 783 pieds, ce qui en faisait le plus haut sommet du monde, 1 000 m au-dessus de l'Everest), ne s'arrĂŞtant qu'Ă  proximitĂ© du sommet enneigĂ© pour en redescendre dans la mĂŞme journĂ©e.

Bien que l'ouvrage rencontrât un succès certain, des critiques et des doutes sur son authenticitĂ© s'Ă©levèrent rapidement dans The Times, dans Geographical Magazine, dans Nature, oĂą le naturaliste Alfred Russel Wallace concluait qu'il Ă©tait de son « devoir d'informer les lecteurs qu'il s'agit d'une fiction complète. Ce n'est mĂŞme pas une fiction astucieuse Â»[1] et dans l’Athenaeum oĂą le capitaine John Moresby, qui venait lui-mĂŞme de revenir d'une expĂ©dition de reconnaissance de la cĂ´te sud-est de la Nouvelle-GuinĂ©e Ă  bord du HMS Basilisk, rejeta point par point les dĂ©couvertes de Lawson. En ce qui concerne l'ascension du mont Hercules, les membres de l'Alpine Club, dans une lettre Ă  l’Athenæum, se montrèrent sceptiques devant le fait que Lawson ait rĂ©alisĂ© le dĂ©nivelĂ© Ă  une vitesse trois ou quatre fois plus Ă©levĂ©e que les meilleurs ascensionnistes du mont Blanc[2].

Carte du voyage du capitaine Lawson Ă  travers la Papouasie, figurant le mont Hercules

Une polĂ©mique s'engagea, et Lawson rĂ©pondit de façon sarcastique Ă  ses diffĂ©rents dĂ©tracteurs dans plusieurs lettres Ă  l’Athenæum, notamment que son « ascension du mont Hercules a aussi provoquĂ© plus que de la stupĂ©faction dans l'esprit des dĂ©licats gentlemen et des professeurs grassouillets qui ont pour habitude de gravir le mont Blanc, avec l'aide de sherry, de sandwichs et d'une demi-douzaine de guides gras et sentant l'ail, en consacrant ensuite un in-quarto au rĂ©cit de leurs exploits »[3]. Finalement, Lawson, mis au dĂ©fi par le rĂ©dacteur en chef de l’Athenæum de se prĂ©senter en public avec la dĂ©pouille du « tigre Moolah Â», ne rĂ©pondit plus.

La question du personnage se cachant sous le pseudonyme du capitaine Lawson a été discutée par plusieurs auteurs et, selon Nigel Krauth, l'identification la plus vraisemblable est celle d'un certain Robert Henry Armit (1844–?), lieutenant de vaisseau de la Royal Navy[4]. Un autre ouvrage, sans rapport avec la Nouvelle-Guinée, paru sous le nom de Lawson en 1880[5].

Le mont Hercules resta néanmoins indiqué comme la plus haute montagne du monde dans certains atlas encyclopédiques, jusqu'à la fin du XIXe siècle[6].

L'alpiniste et explorateur britannique Clinton Thomas Dent concluait en 1892 : « Ce mythe magnifique du mont Hercules, ne repose malheureusement sur rien d'autre que l'astuce d'un mystificateur et la hâte crédule des éditeurs et critiques »[7].

Notes et références

  1. « a duty to inform our readers that it is wholly fictitious. It is not even a clever fiction »
  2. F.T. Pratt Barlow, « The interior of New Guinea Â», dans l’Athenæum, no 2481, 15 mai 1875, p. 654
  3. « My ascent of Mount Hercules has, also, provoked something more than mere astonishment in the minds of the delicate city gentlemen and podgy professors who are in the habit of ascending Mont Blanc, with the aid of sherry and sandwiches, and half-a-dozen greasy, garlic-fed guides, and then devoting a quarto volume to an account of their exploits »
  4. Nigel Krauth (Ă©diteur), New Guinea Images in Australian Literature, University of Queensland Press, 1982
  5. John A. Lawson, The Wandering Naturalists: A Story of Adventure, Londres, Remington, 1880 - on attribue au mĂŞme auteur : John Bradley, A Narrative of Travel and Sport in Burmah, Siam, and the Malay Peninsula, Londres, Samuel Tinsley, 1876
  6. Watson's New and Complete Illustrated Atlas of the World, 1887 - Gaskell's New and Complete Family Atlas of the World, Fairbanks, 1886, p. 9 - Bepler's Handy manual of knowledge and useful information, San Francisco, The Bancroft Company, 1890, p. 115
  7. Clinton Thomas Dent, Mountaineering, 1892, p. 290 : « That magnificent myth, Mount Hercules, had unfortunately nothing better to rest on than the wit of a speculator and the credulous haste of publishers and critics. »

Bibliographie

Liens externes

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