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Mirabilis liber

Le Mirabilis liber (Mirabilis liber qui prophetias revelationesque, necnon res mirandas, preteritas, presentes et futuras, aperte demonstrat...) est un recueil populaire et anonyme, en latin et français, fait de prophéties et prédictions chrétiennes attribuées à des saints, des oracles antiques (Sibylles) ou encore des devins (Merlin).

Il parut pour la première fois en 1522 sous son nom latin qui signifie « Livre Merveilleux » ou encore « Livre des Prodiges ». En 1561, le recueil parait en français sous le titre La premiere partie du recueil des propheties et revelations, tant anciennes que modernes : Laquelle contient un sommaire des revelations de saincte Brigide, saint Cirille, & plusieurs autres saincts & religieux personnages : nouvellement reveĂĽe & corrigĂ©e oultre les precedentes impresisons. Publication : A Paris, pour Vincent Sertenas, en la rue neuve Nostre-Dame, Ă  l'image S. Jean l'Evangeliste, & en sa boutique au Palais, en la gallerie par ou on va Ă  la Cnacellerie. 1561. Le livre fut traduit en français par Édouard Bricon et publiĂ© en 1831 sous le titre : Mirabilis Liber, le livre admirable, renfermant des prophĂ©ties, des rĂ©vĂ©lations et une foule de choses Ă©tonnantes, passĂ©es, prĂ©sentes et futures. A ne pas confondre avec un recueil intitulĂ© Livre merveilleux, contenant en bref la fleur et substance de plusieurs traittez, tant des propheties & revelations, qu'anciennes croniques, faisant mention de tous les faictz de l'Eglise universelle, comme des scismes, discords & tribulations advenir en l'Eglise de Rome [Texte imprimĂ©]... De nouveau a estĂ© adjoutĂ© vers la fin une prophetie laquelle demontre ce qui est advenu depuis le roy François premier jusques Ă  present & jusques Ă  l'an 1569. Reveu & corrigĂ©... l'an 1565 : A Paris, pour Thibault Bessault, demourant en la rue S. Jacques Ă  l'enseigne de l'Elephant, M. D. LXV

Composition

Il est composé de deux parties.

  • La première partie, rĂ©digĂ©e en latin (sur 2 colonnes et 68 feuillets), comprend des prophĂ©ties, prĂ©dictions ou "pronostications" qui ont pour auteur :
    • l'Ă©vĂŞque Bemechobus (le Pseudo-Methodius, Syrie, fin du VIIe siècle, auteur d'une Apocalypse, dite Apocalypse du pseudo-MĂ©thode). "Ainsi Dieu dĂ©livra les fils d'Israel de l'esclavage des enfants d'Ismael. Ceux-ci renouvelleront cependant leur entreprise, ils dĂ©truiront la terre, envahiront le globe du Levant Ă  l'Occident, du Midi au Nord, jusqu'Ă  Rome. Leur joug pèsera avec force sur la tĂŞte des peuples. Il n'y aura pas une nation, pas un royaume qui puisse lutter contre eux, jusqu'Ă  l'accomplissement des temps. Alors seulement ils seront vaincus par les chrĂ©tiens et l'empire romain, Ă  son tours subjuguera les enfants d'Ismael..."
    • la Sybille de Tibur (la dixième Sibylle, Syrie, IXe siècle)
    • saint Augustin d'Hippone (en rĂ©alitĂ© Adson de Montier-en-Der, De ortu et tempore Antichristi, vers 950),
    • saint SĂ©vère (IVe siècle) (mais le texte date du XVe siècle)
    • Johannes Lichtenberger, astrologue de FrĂ©dĂ©ric III, 1426-1503, auteur d'une Prognosticatio in latino (1488)[1], recueil de textes prophĂ©tiques utilisĂ©s dans le Mirabilis Liber. En particulier la "ProphĂ©tie du Pasteur angĂ©lique", venant probablement de saint Cyrille du mont Carmel (1224).
    • l'ermite calabrais TĂ©lesphore de Cosenza (1350-1390) ,
    • sainte Brigitte de Suède (1373). "Sous le grand aigle qui nourrira la flamme dans sa poitrine, l'Église sera ravagĂ©e et foulĂ©e aux pieds. Car le Seigneur peut, dans ses justes jugements, appeler les fiers Allemands contre son Église pour châtier sa dĂ©sobĂ©issance; et alors la barque de Pierre, assaillie par de puissants ennemis, sera Ă©branlĂ©e. Il faudra que Pierre Ă©pouvantĂ© s'enfuie, pour ne pas encourir l'infamie de la servitude. C'est alors aussi que l'Église d'Occident verra sa puissance des Francs s'allier Ă  celle de la Germanie. Les Allemands unis aux Francs dĂ©soleront l’Église, et le neuve du Rhin et la mer occidentale verront des choses inouĂŻes..."
    • Hildegarde de Bingen (1098-1179)
    • la Sybille de CrĂŞte
    • l'ermite Raynard Lolhardus (repris de Lichtenberger)
    • l'abbĂ© Joachim de Fiore (1130-1202) (en rĂ©alitĂ© Johannes Lichtenberger, 1488)
    • Catherine de Sienne (1380),
    • Joannes de Vatiguerro (fin du XIVe siècle)
    • saint Vincent (saint Vincent Ferrer ? Vincent d'Aquila ?). ProphĂ©tie de 1503 environ, s'appuyant sur saint Thomas d'Aquin),
    • saint Catald de Taranto (mais le texte date du XVIe siècle)
    • Savonarole (Compendium revelationum, 1495)
    • Jean de Roquetaillade (Johannes de Rupescissa, Liber perfectum secretorum eventuum, 1365). « ÉclairĂ© d’En-haut, il transformera presque le monde entier par sa saintetĂ© et ramènera tout le monde Ă  la vraie foi ; partout rĂ©gneront la crainte de Dieu, la vertu et les bonnes mĹ“urs…. Il ramènera au berger (au bercail) toutes les brebis Ă©garĂ©es et il n’y aura plus sur terre qu’une seule foi, qu’une loi, qu’un baptĂŞme, qu’une mĂŞme vie. »
  • La seconde partie, rĂ©digĂ©e en français, est encore plus controversĂ©e. Elle comporte 20 feuillets, sous forme d'anthologie datant de la fin du XIIIe siècle. L'origine de certains textes est attribuĂ©e Ă  Merlin.
    • Merlin (ProphĂ©ties de Merlin, fin du XIIIe siècle).
    • une prophĂ©tie de l'an 600
    • la cĂ©lèbre prophĂ©tie attribuĂ©e Ă  saint CĂ©saire d'Arles (en 540, Ă©d. 1525), considĂ©rĂ©e comme annonçant la RĂ©volution française[2]. . "17. Revenu de l'hĂ©rĂ©sie Ă  la foi catholique, le chef bĂ©arnais fait Ă©clater la splendeur triomphante de la vĂ©ritĂ©. 18. FrappĂ© d'un coup de poignard, le père dĂ©vouĂ© du peuple meurt, je le vois. 19. Comme Ă©clate partout un soleil brillant, ainsi, sous un puissant monarque, la Gaule domine le monde entier et ses frontières se dilatent. Ensuite, en Provence, peste homicide. 20. L'esprit public et les mĹ“urs sont subtilement envahis par un poison rapide et prompt. Un aspic cruel, cachĂ© sous les fleurs de la littĂ©rature, ronge les saints autels souillĂ©s et le très antique trĂ´ne. 21. Aux meurtrières clameurs d'une libertĂ© menteuse, la maison de Dieu est attaquĂ©e. La nation française se couvre d'un Ă©ternel dĂ©shonneur par les crimes les plus atroces. La tĂŞte du plus doux des princes, de ses proches, de ses amis, roule d'en haut dans le sang. Un gouffre de sang innocent est ouvert immense. Anges de la Gaule tremblants, comblez-le avec des montagnes et des collines. Notre Sauveur si pur est dĂ©trĂ´nĂ© par une chair immonde. O impitoyable envie de l'Enfer ! Horreur ! ExĂ©cration ! DĂ©vastation ! 22. Du sein de la MĂ©diterranĂ©e, sort un capitaine illustre qui relève la Croix salutaire et recueille, en ses mains guerrières, les brebis du sceptre."

La seconde partie du Mirabilis Liber, si ce n'est le livre entier, aurait servi à influencer l'élection de papes[3] pour l'époque où il fut écrit, un peu à la manière de la prophétie des Papes attribuée à saint Malachie d'Armagh.

Le Mirabilis Liber ne comporte aucune vignette prophétique à la différence de ses sources qui en sont truffées, comme chez Lichtenberger[4], probablement pour éviter que l'ouvrage ne puisse toucher le peuple.

Contenu

D'une manière générale, le Mirabilis Liber annonce une série de catastrophes et d'invasions (dont de terribles invasions barbares) durant lesquelles s'illustre la monarchie française et le Grand Monarque de l'univers dont le nom apparaitra avec les traditions (Saint Augustin, Saint Rémi, Saint Ange, Prophéties de la Fraudais ou révélation de Marie-Julie Jahenny recueillie par l’abbé Lehausteler et reportée en livre par André de La Franquerie au début du XXe siècle, ainsi que de multiples autres révélations de "médiums" chrétiens entre le XVIIIe et le XXe siècle dont peu sont réellement attestées par l'Église...) sous celui de Henri V, Henri V de la Croix, Henric, Heimrich, Chyren, etc. (assimilé à l'enfant mâle à la verge de fer et au cavalier monté sur le cheval blanc (le premier des 4 cavaliers dans l'Apocalypse, souvent attribué à la royauté), "parti en vainqueur et pour vaincre" (Apc. 6: 2). Michel de Notre Dame, dit Nostradamus[5], en fait un personnage primordial dans ses prophéties (Les Centuries ou "corpus nostradamique"). Il le nomme Chyren (parfois transcrit Chiren), en anagramme d'Henry V (Cinq) qui "du seul tiltre victeur fort contenté" (Nostradamus, VI, 70).

L'ensemble du livre est arrangĂ© et mĂŞme manipulĂ© par rapport aux textes et lĂ©gendes d'origine, en tĂ©moignent J. Britnell et D. Stubbs dans leur prĂ©sentation des prophĂ©ties de Bèmechobus contenues dans le Mirabilis : « [c'est une] version courte des RĂ©vĂ©lations de Pseudo-Methodius [Bemechobus], prises au musĂ©e saint Victor, dĂ©sormais conservĂ©es Ă  la bibliothèque de l'Arsenal de Paris 391, fols 9r-10v. Il existe quelques variantes significatives, la plus intĂ©ressante Ă©tant l'addition des mots 'de Gallia' [Gaule] Ă  la phrase 'Surget autem de Gallia christianorum gens, et preliabitur cum eis' (fol. iii, cf MS fol.) [Ă©dition Bricon : "Il surgira de la Gaule un peuple de chrĂ©tiens qui leur livrera bataille"]. Ceci fait des Français les hĂ©ros de la victoire sur les fils d'IsmaĂ«l et montre la volontĂ© du compilateur de retoucher ses textes pour les accorder au point de vue de sa propagande[6]. » Le recueil semble avoir Ă©tĂ© composĂ© pour appuyer la candidature de François Ier Ă  l'Empire en 1519[7].

Notes et références

  1. Prognosticatio Johannis Liechtenbergers, 1526.
  2. Jacques Halbronn sur le Mirabilis Liber et la Pronosticatio de Lichtenberger - CURA
  3. Jacques Halbronn, Astrologie et prophétie. Merveilles sans images, Catalogue d'exposition, Paris, Bibliothèque Nationale, 1994.
  4. Nostradamus et le Mirabilis Liber - Société Perillos
  5. J. Britnell et D. Stubbs, « The Mirabilis Liber: its Compilation and Influence», Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, Volume LXV, 1986, pp. 126-149.
  6. Pierre Brind'Amour, Nostradamus : Les premières Centuries ou Prophéties, Droz, 1966, p. 579, qui renvoie à J. Britnell et D. Stubbs, « The Mirabilis Liber: its Compilation and Influence», Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, Volume LXV, 1986, pp. 126-149.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Le texte

  • Mirabilis Liber, 1re Ă©d. 1522.
  • Mirabilis Liber, le livre admirable, renfermant des prophĂ©ties, des rĂ©vĂ©lations et une foule de choses Ă©tonnantes, passĂ©es, prĂ©sentes et futures, trad. Édouard Bricon, 1831. "ProphĂ©ties de : BĂ©mechobus, Ă©vĂŞque et martyr, AurĂ©lien Augustin, Ă©vĂŞque d'Hippone, ArchevĂŞque SĂ©vère, Guillaume BaugĂ©, Sainte Brigide de Suède, Ermite Reynard, Père Cyrille, AbbĂ© Joachim, PtolomĂ©e, Aristote, Saint Malachie, Sainte Catherine de Sienne, Bienheureux Vincent de Viterbe, Saint Thomas d'Aquin, JĂ©rĂ´me de Ferrare (Savonarole), JĂ©rĂ´me Benivenius, Jean de la Roche-Fendue (Jean de Roquetaillade". Extraits en ligne .

Les Ă©tudes

  • Jennifer Britnell et Derek Stubbs, « The Mirabilis Liber: its Compilation and Influence», Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, Volume LXV, 1986, pp. 126-149.
  • Jacques Halbronn, Le texte prophĂ©tique en France, Thèse d'État, UniversitĂ© Paris X Nanterre, 1999
  • Jacques Halbronn "De l'agencement des recueils prophĂ©tiques. De la Pronosticatio de Lichtenberger au Mirabilis Liber parisien", Revue Française d'Histoire du Livre, n° 134 2013
  • Peter Lemesurier, The Unkown Nostradamus, O Books, 2003, 352 p.
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