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Medea (gĂšne)

Medea (de l'anglais Medea, Maternal Effect Dominant Embryonic Arrest : « arrĂȘt embryonnaire dominant d'effet maternel ») est un gĂšne Ă©goĂŻste composĂ© d’une toxine et de son antidote. Une mĂšre portant le gĂšne « Medea » exprimera la toxine dans ses cellules de la lignĂ©e germinale, tuant ses descendants. Si le descendant exprime aussi un « Medea », il produira une copie de l’antidote, ce qui lui permettra de survivre. Donc, si une mĂšre possĂšde un allĂšle « Medea » et un allĂšle non Medea, la moitiĂ© de ses enfants hĂ©riteront de Medea et survivront, alors que l’autre moitiĂ© hĂ©ritera de l’allĂšle non-Medea. À moins d’hĂ©riter d’une copie de Medea de leur pĂšre et donc d’exprimer l’antidote, ces descendants succomberont Ă  la toxine que produit la mĂšre et qui est transmise Ă  l’Ɠuf.

Le comportement Ă©goĂŻste du gĂšne Medea lui donne un avantage sĂ©lectif sur les autres gĂšnes. S’il est introduit dans une population dans une proportion assez grande, le gĂšne Medea se propagera et remplacera les mouches « sauvages » par des mouches portant Medea[1]. Pour cette raison, Medea a Ă©tĂ© proposĂ© comme un moyen de modifier gĂ©nĂ©tiquement des populations d’insectes. En reliant le gĂšne Medea Ă  un gĂšne d’intĂ©rĂȘt — par exemple un gĂšne confĂ©rant une rĂ©sistance Ă  la malaria —, la dynamique de gĂšne Ă©goĂŻste pourrait ĂȘtre exploitĂ©e pour propager ces deux gĂšnes dans la population. Ces conclusions ont une trĂšs forte implication pour le contrĂŽle des maladies transmises par les insectes comme la malaria et la dengue.

Construction

Medea est le seul gĂšne Ă©goĂŻste qui ait Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© en laboratoire et testĂ© chez la drosophile Drosophila melanogaster. La toxine Ă©tait un microARN qui bloquait l’expression de « “myd88” », un gĂšne vital pour le dĂ©veloppement embryonnaire chez les insectes. L’antidote Ă©tait une copie supplĂ©mentaire du gĂšne « myd88 ». Les descendants qui recevaient une copie supplĂ©mentaire de « myd88 » survivaient et Ă©closaient, les autres mouraient. Lors d’essai en laboratoire, lorsque 25 % de la population de dĂ©part Ă©tait homozygote pour « Medea », le gĂšne s’étendait Ă  toute la population entre 10 et 12 gĂ©nĂ©rations[2].

Étymologie

Medea a reçu son nom d’aprĂšs la figure mythologique grecque MĂ©dĂ©e, qui tua ses enfants lorsque son mari la quitta pour une autre femme.

Notes et références

  1. Wade, M. J., et Beeman, R. W. (1994) The Population Dynamics of Maternal-Effect Selfish Genes. Genetics 138: 1309-1314.
  2. Chen, C.-H. et al. (2007) A Synthetic Maternal-Effect Selfish Genetic Element Drives Population Replacement In Drosophila. Science : 316(5824):597-600. DOI : 10.1126/science.1566060.

Bibliographie

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