Manufacture des tabacs de Riom
La manufacture de tabacs de Riom est une ancienne manufacture des tabacs française implantée à Riom dans le Puy-de-Dôme. Ses locaux historiques construits à la fin du XIXe siècle au sud de la ville (actuelle place Eugène Rouher), inscrits au titre des monuments historiques en 2004, ont été désaffectés en 1975 au profit de nouveaux locaux en périphérie de la ville. La fermeture de cette usine à cigarettes en 2017 marque la fin de la production de tabac en France.
Type | |
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Construction |
1878-1883 |
Patrimonialité |
Pays | |
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DĂ©partement | |
Commune |
Coordonnées |
45° 53′ 14″ N, 3° 07′ 10″ E |
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Histoire
Origines
La manufacture est construite dans un contexte d'augmentation de la consommation de tabac en France, lorsque les dix manufactures impériales ne suffisent plus à répondre aux besoins de la population[2]. Dans les années 1860, le conseil municipal de Riom sollicite l'autorisation de cultiver le tabac dans son arrondissement, et souhaite qu'une manufacture soit construite à Riom même. Le ministre Eugène Rouher, natif de Riom, appuie la demande, notamment à l'occasion de la visite de Napoléon III à Riom en 1863[3]. La décision est actée en avril 1868[3].
Les premiers locaux sont provisoires, anciens abattoirs publics puis ancienne caserne de cavalerie Vercingétorix[4], actuelle avenue Virlogeux, sont occupés à partir de 1868 et les premières cigarettes sont confectionnées le [3]. De 16 ouvrières en 1869, la manufacture passe à 140 en 1869, 255 en 1870, 504 en 1875 dont 361 cigarières, 550 en 1876[5] réparties dans trois ateliers dont un fut endommagé par un incendie en octobre 1872 puis reconstruit[6]. La décision de construire une manufacture dédiée et pensée pour la fabrication de tabac est prise en 1875[6]. L'État autorise cette construction dans un contexte d'augmentation de la consommation après un bref recul lié à la guerre de 1870 et à la perte de deux départements[7].
Construction
Le terrain choisi pour la manufacture est situé le long de la voie de chemin de fer, au sud de la gare, sur une emprise d'environ 32 ha[8]. L'aménagement du quartier est réalisé par la municipalité de Riom : rues, éclairage au gaz, égouts…[9] Les plans sont élaborés par un ingénieur en poste à Riom, René[10] Dargnies, et par le service central des Constructions de la direction générale des manufactures de l'État qui a déjà été chargé de la construction de huit ateliers[11]. Les travaux débutent le [11]. Le projet comprend à la fois les ateliers, lieux de stockage et bâtiments de direction[12]. Afin d'accueillir les machines vouées au traitement spécifique du scaferlati et de limiter les risques d'incendie, les bâtiments sont isolés les uns des autres par des passages de plusieurs mètres surmontés de passerelles métalliques[13]. La construction fait notamment appel à la pierre de Volvic[14].
La construction a eu lieu de 1878 (ou 1877[1]) Ă 1883[15].
Lors de la construction des fondations de la manufacture, un paléochenal a été reconnu[16]. Sous la moitié nord du complexe ont été trouvés de multiples vestiges attribués à la période romaine : murs, auge, canalisation en terre cuite, une douzaine de puits, une inhumation double sous tegula, diverses céramiques, terres cuites architecturales et amphores[17]. Une statuette d'Harpocrate aurait également été découverte, ainsi que des monnaies et un potentiel atelier de coroplastie[18].
Fonctionnement
La mécanisation entraine l'arrivée de machines de production de cigarettes dès les années 1890[19]. L'agrandissement avec modernisation et électrification décidé en 1907[20] et réalisé en 1908[21] permet d'augmenter la production de cigarettes. De 2 200 tonnes en 1906, la production passe à 3 300 tonnes en 1909[22]. L'augmentation de la consommation de cigarettes entraine un second agrandissement en 1936[22]. Dans les années 1960 un réaménagement est réalisé afin d'introduire de nouvelles machines nécessitant davantage de place[4], tandis que les espaces de cours sont couverts pour du stockage[21].
À son extension maximale, l'usine occupait 40 000 m2[15]. La manufacture de la fin du XIXe siècle a été inscrite au titre des monuments historiques en 2004[1]. Longtemps délaissée[23], elle est réaménagée par le groupe Hermès qui y ouvrira une manufacture de luxe en 2024[24]. Des locaux commerciaux et des bureaux y ont été installés dans la seconde moitié des années 2000 à la suite du rachat du site par Riom-Communauté[25] qui a également détruit une partie des bâtiments situés au nord de la manufacture pour y aménager une place.
Déménagement à La Varenne
Pour répondre aux besoins d'une manufacture moderne de plain-pied, la manufacture déménage en 1975 en périphérie sud de Riom[4], dans la zone industrielle de La Varenne[15]. La construction a eu lieu de 1971 à 1975[26]. Sa fermeture en 2017 marque la fin de la production de tabac sur le territoire français[26].
Notes et références
- « Notice n°PA63000070 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Smith 2004, p. 107-108.
- Smith 2004, p. 109.
- Smith 2004, p. 120.
- Smith 2004, p. 109-110.
- Smith 2004, p. 110.
- Smith 2004, p. 110-111.
- Smith 2004, p. 111.
- Smith 2004, p. 111-112.
- Si dans les documents relatifs à la Manufacture, on retrouve seulement les graphies de M. Dargnies ou R. Dargnies, l'annuaire du Club Alpin Français de 1883 mentionne le prénom René : « Dargnies (René), directeur de la manufacture des tabacs, à Riom (Puy-de-Dôme) ».
- Smith 2004, p. 112.
- Smith 2004, p. 113.
- Smith 2004, p. 113-115.
- Smith 2004, p. 115.
- Smith 2004, p. 105.
- Gomot 1878, p. 59.
- Gomot 1878, p. 59-61.
- Michel Provost et Christine Mennessier-Jouannet (dir.), Le Puy-de-Dôme, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 63/2), (ISBN 978-2-87754-031-5), p. 263.
- Smith 2004, p. 118.
- Smith 2004, p. 118-119.
- Smith 2004, p. 107.
- Smith 2004, p. 119.
- Smith 2004, p. 105-107.
- Claudie Hamon, « Riom : Hermès s'installera sur le site de la Manufacture des tabacs en 2024 », sur France Bleu, (consulté le ).
- « La manufacture des Tabacs, Riom », sur Art et Histoire en Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le ).
- Paul Smith, « Les reconversions des manufactures françaises des tabacs », Ethnologies, vol. 42, nos 1-2,‎ , p. 267-295 (ISSN 1481-5974, lire en ligne, consulté le ).
Bibliographie
- Paul Smith, « La manufacture des tabacs de Riom, histoire et architecture », Recherches en Histoire de l'art, no 3,‎ , p. 105-122 (ISSN 1634-0868). .
- Hippolyte Gomot, « Notice sur les vestiges gallo-romains trouvés dans les fondations de la Manufacture des Tabacs », dans Rapport à la Société du Musée de Riom suivi du compte-rendu de séances (1877-78), Riom, G. Leboyer, , p. 58-61.
Liens externes
- Ressource relative Ă l'architecture :
- « La manufacture des Tabacs, Riom », sur Art et Histoire en Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )