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Manifestations de 2020 au Kirghizistan

Les manifestations de 2020 au Kirghizistan sont une série de mouvements de contestation qui commencent le à la suite des élections législatives dont les partis d'opposition refusent de reconnaitre les résultats en raison d'irrégularités.

Manifestations de 2020 au Kirghizistan
Description de l'image Протесты в Бишкеке 2020.jpg.
Informations
Date Du 4 au
(11 jours)
Localisation Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan
Caractéristiques
Organisateurs Partis d'opposition
Revendications Annulation des élections législatives
Démission de Sooronbay Jeenbekov
Types de manifestations Manifestations, occupations de bâtiments gouvernementaux
Personnages-clés
Sooronbay Jeenbekov
Koubatbek Boronov
Dastan Jumabekov
Sadyr Japarov
Ömürbek Babanov
Adakhan Madumarov
Tilek Toktogaziev
Sapar Isakov

Les manifestants libèrent dans la foulée plusieurs hommes politiques opposés au président Sooronbay Jeenbekov et prennent le contrôle de certains édifices gouvernementaux, menant d'abord à la démission d'une majorité des gouverneurs, ainsi que du Premier ministre Koubatbek Boronov. Plus d'une semaine après le débuts des manifestations, Jeenbekov annonce sa démission et est remplacé de façon intérimaire par Sadyr Japarov, qui est alors Premier ministre depuis sa libération par ses partisans.

Contexte

Le président Sooronbay Jeenbekov.

Depuis son indépendance en 1991, le Kirghizistan a connu deux révolutions démocratiques. Une première en 2005 contre le président Askar Akaïev et la deuxième en 2010 contre Kourmanbek Bakiev. La constitution du Kirghizistan de 2010 fixe la durée du mandat présidentiel à six ans mais interdit la réélection immédiate afin d'empêcher l'émergence d'un nouvel autocrate dans le pays.

En 2011, Almazbek Atambaev est élu président. En 2016, il fait adopter par référendum une révision qui revient sur certaines avancées démocratiques et laisse craindre son intention de garder le pouvoir après la fin de son mandat à travers le poste de Premier ministre où il a installé Sapar Isakov, un proche allié[1]. Initialement, la victoire à l'élection présidentielle de 2017 de Sooronbay Jeenbekov, lui aussi ancien Premier ministre, est vue comme un autre moyen pour Atambaev de se maintenir au pouvoir. Cependant, son ancien protégé écarte du pouvoir les proches d'Atambaev dans l'année qui suit son élection[2]. Jeenbekov renverse notamment le gouvernement de Sapar Isakov[3] et incite le Parlement à retirer l'immunité parlementaire d'Atambaev[4], ce qui conduit finalement à l'arrestation de celui-ci[5].

En prévision des élections législatives de 2020, le parti social-démocrate du Kirghizistan fait scission entre les pro-Atambaev, les Sociaux-démocrates, et les pro-Jeenbekov, Birimdik (Unité). Les autres partis sont aussi généralement divisés entre supporteurs et opposants du régime en place[6]. Le soir du scrutin, les partis pro-régime remportent une vaste majorité des sièges au Conseil suprême[7].

Déroulement

manifestation des partisans de Sadyr Japarov sur la vieille place.

Le soir des élections, le fils d'Almazbek Atambaev, Kadyr, lance un appel aux partis d'opposition d'unir leurs forces pour annuler les résultats du scrutin, jugés illégitimes en raison du niveau de corruption observé[8]. Quelques minutes plus tôt, les partis Ata-Meken et Reforma avaient déjà rejeté les résultats[9] - [10]. Le lendemain, l'opposition se rassemble sur la place Ala-Too pour protester contre le gouvernement. Les partis présent incluent Ata-Meken, Bir Bol, les Sociaux-démocrates et Chon-Kazat[11]. Ils sont plus tard rejoints par le Parti patriotique[12] et Meken Yntymagy. Vers midi, environ 500 personnes sont rassemblées sur la place Ala-Too[13]. En fin de journée, les manifestations se répandent dans le pays, des membres d'Ata-Meken et de Respoublika se rassemblent à Talas[14] alors que de nouveaux partis se rallient aux protestataires à Bichkek[15].

Le au matin, devant la persistance de la contestation, la commission électorale prononce l'annulation des résultats des élections[16].

Almazbek Atambaev et Sadyr Japarov sont libérés de prison durant les troubles.

Au même moment, des manifestants libèrent de prison l'ancien Premier ministre Sapar Isakov[17] et un autre responsable politique, Sadyr Japarov, qui est rapidement désigné Premier ministre par intérim par le Parlement[18] après la démission du gouvernement de Koubatbek Boronov et du président du Parlement Dastan Jumabekov qui est, quant à lui, remplacé par Myktybek Abdyldaev[19]. L'ancien président Almazbek Atambaev est également libéré[20]. Les manifestations poussent alors les gouverneurs de Naryn[21], Talas[22], Tchouï[23], Yssykköl[24] et Bichkek[25] à la démission. Des gouverneurs d'opposition sont également nommés à Och[25] et dans la province homonyme[26].

Parmi les manifestants, certains demandent la nomination de Japarov comme président[27], tandis que d'autres préfèrent Isakov[28]. Adakhan Madumarov, dirigeant de Kirghizistan uni, forme un Conseil de coordination le même jour[29]. Celui-ci est élargi et transformé en Conseil de coordination populaire dès le lendemain et désigne Tilek Toktogaziev, du parti Ata-Meken, comme Premier ministre[30].

Le 8 octobre, alors que le président demeure introuvable[31], une partie des députés lancent une procédure de destitution[32]. Après avoir exclu de démissionner[33], il en accepte le principe à condition qu'un nouveau gouvernement soit investi[34].

Le lendemain, les partis Respoublika, Ata-Meken, Bir Bol et Réforme désignent Ömürbek Babanov, arrivé second durant la dernière présidentielle, comme candidat au poste de Premier ministre et Toktogaziev comme premier vice-Premier ministre[35]. Cet accord reçoit également le soutien de l'ancien président Atambaev[36]. Peu après, Toktogaziev est blessé lors de heurts entre ses partisans et ceux de Japarov et transporté inconscient à l'hôpital[37]. L'état d'urgence est décrété dans la foulée[36]. Almazbek Baatyrbekov est nommé Premier ministre par intérim par le président Jeenbekov[38].

Le 10 octobre, Sadyr Japarov est confirmé au poste de Premier ministre par un vote du Conseil suprême cependant que l'ancien président Atambaev est de nouveau incarcéré[39]. L'élection de Japarov est cependant contestée par une partie des députés[40]. Durant cette même réunion du Parlement, son président, Myktybek Abdyldaev, démissionne après que plusieurs parlementaires eurent questionné sa légitimité. Le vice-président, Mirlan Bakirov, prend sa place de façon intérimaire[41]. Kanatbek Isaïev, dirigeant du parti Kirghizistan, est élu comme nouveau président de l'assemblée le [42]. Le décret de nomination de Japarov est envoyé le jour même au président pour signature[43]. Celui-ci le retourne au Parlement[44].

La désignation de Japarov est de nouveau approuvée par le Parlement le 14 octobre[45] et le président signe son décret de nomination dans la foulée[46]. Celui-ci annonce démissionner une fois les nouvelles législatives tenues[47]. Il démissionne finalement le lendemain[48]. Dans la soirée du 15 octobre, arguant que le président du Parlement a décliné le poste, Japarov annonce assurer l'intérim à la tête de l'État[49].

Références

  1. (en) « Kyrgyzstan: Presidential Election Produces First-Round Winner », sur Eurasianet.
  2. (en) « Is There a Growing Atambayev-Jeenbekov Rift in Kyrgyzstan? », sur The Diplomat.
  3. (en) « Kyrgyzstan cabinet falls in surprise no-confidence vote », sur Reuters, (consulté le ).
  4. (en) « Kyrgyzstan strips ex-leader of immunity, paves way for charges », sur Al-Jazeera, (consulté le ).
  5. (en) « Almazbek Atambayev decides to surrender to the authorities », (consulté le ).
  6. (en) « Kyrgyzstan: A Guide To The Parties Competing In The Parliamentary Elections », sur RFEL.
  7. « Législatives au Kirghizstan : victoire des partis proches du président prorusse (résultats préliminaires) », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  8. (en) « Almazbek Atambayev's son urges to unite into opposition », sur 24.kg.
  9. (en) « Ata Meken party does not recognize voting results », sur 24.kg.
  10. (en) « Reforma party announces continuation of political struggle », sur 24.kg.
  11. (en) « Elections 2020: Losing parties decide to unite and hold rally », sur 24.kg.
  12. (en) « Mekenchil joins Social Democrats at the rally in Bishkek », sur 24.kg.
  13. (en) « Elections 2020: Number of protesters against voting results increases », sur 24.kg.
  14. (en) « Representatives of Ata Meken, Respublika parties hold rally in Talas », sur 24.kg.
  15. (en) « Four more parties join rally on Ala-Too square in Bishkek », sur 24.kg.
  16. (en) « Kyrgyzstan election: Sunday's results annulled after mass protests », sur BBC News,
  17. (en) « Former Prime Minister Sapar Isakov released from prison », sur 24.kg.
  18. (en) « Sadyr Japarov becomes acting Prime Minister of Kyrgyzstan », sur 24.kg.
  19. (en) Reuters Staff, « Kyrgyz PM Boronov resigns, new speaker named: report », sur U.S., Reuters, (consulté le ).
  20. (en) « Kyrgyzstan election: Protesters storm parliament over vote-rigging claims », sur BBC.
  21. (en) « Plenipotentiary Representative of Government in Naryn region resigns », sur 24.kg.
  22. (en) « Plenipotentiary Representative of Government in Talas region resigns », sur 24.kg.
  23. (en) « Chuy region acting governor named », sur AKIPress.
  24. (en) « Plenipotentiary Representative of Government in Issyk-Kul region resigns », sur 24.kg.
  25. (en) « Mayor of Bishkek Aziz Surakmatov resigns », sur 24.kg.
  26. (en) « Osh region coordination council names new governor and deputies », sur AKIPress.
  27. (en) « Protesters offer to appoint Sadyr Japarov as president », sur 24.kg.
  28. (en) « Young protesters unhappy with new appointments in Kyrgyzstan », sur 24.kg.
  29. (en) « Coordination Council headed by Adakhan Madumarov formed in Kyrgyzstan », sur 24.kg.
  30. (en) « Tilek Toktogaziev: I was elected acting head of Government », sur 24.kg.
  31. (en) « Kyrgyz leader missing as power vacuum persists », sur France 24, FRANCE24.English, (consulté le ).
  32. Andrew Osborn, Olga Dzyubenko, « Russia says Kyrgyzstan is in chaos and needs stabilising », sur FR, Reuters, (consulté le ).
  33. « Asie centrale – Le président kirghize prêt à démissionner », sur Tribune de Genève (consulté le ).
  34. « Kirghizistan: le président se déclare «prêt à démissionner» », sur Le Figaro.fr, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  35. (en) « Four parties nominate Omurbek Babanov for post of Prime Minister », sur 24.kg.
  36. Reuters, « Kirghizistan: Etat d'urgence à Bichkek, l'armée chargée de ramener l'ordre », sur Challenges, (consulté le ).
  37. (en) « Riots in Bishkek: Tilek Toktogaziev injured on Ala-Too square », sur 24.kg.
  38. (en) « First Deputy Prime Minister Almazbek Batyrbekov performs PM's duties - AKIpress News Agency », sur akipress.com (consulté le ).
  39. « Kirghizistan : l’ancien président de nouveau arrêté, un nouveau premier ministre nommé », sur Le Monde,
  40. « La légitimité du nouveau Premier ministre fait débat », sur Le Matin, lematin.ch, (consulté le ).
  41. (en) Jazgul Masalieva, « Newly appointed Speaker of Parliament Myktybek Abdyldaev resigns », sur 24.kg.
  42. (ru) Aida Jumashova, « Новым спикером Жогорку Кенеша стал Канатбек Исаев », sur 24.kg.
  43. (en) « Parliament's resolution approving Sadyr Japarov's government arrives in President's Administration - AKIpress News Agency », sur akipress.com (consulté le ).
  44. (es) « President Jeenbekov to return resolution approving Sadyr Japarov as PM to Parliament », sur akipress.com (consulté le ).
  45. (en) « Parliament of Kyrgyzstan approves Sadyr Japarov as Prime Minister », sur akipress.com (consulté le ).
  46. (ru) Baktygul OSMONALIEVA, « President signs decree appointing Sadyr Japarov as Prime Minister of Kyrgyzstan », sur 24.kg, www.24.kg, (consulté le ).
  47. (en) « President Jeenbekov to resign after parliamentary elections - press secretary », sur akipress.com (consulté le ).
  48. (ru) Darya PODOLSKAYA, « President of Kyrgyzstan resigns », sur 24.kg, www.24.kg, (consulté le ).
  49. « Le Premier ministre du Kirghizistan revendique avoir pris les fonctions présidentielles », sur Libération.fr, Libération (consulté le ).

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