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Malais de Sri Lanka

Les Malais de Sri Lanka sont une communauté d'environ 50 000 personnes descendant de Javanais exilés par les Hollandais pour des raisons politiques (en général des aristocrates), de soldats et de prisonniers, à l'époque où les Hollandais occupaient Sri Lanka, de 1658 à 1796.

Malais de Sri Lanka au dix-neuvième siècle

Langue

Le malais de Sri Lanka est la langue du groupe ethnique malais du Sri Lanka (MSL). Il est parlé par environ 50 000 personnes (0,3 % de la population) dispersées dans le pays et plus particulièrement à Colombo, Slave Island, Kandy, Kurunegala, Hambantota (Kirinda) et Badulla. Les Malais du Sri Lanka sont des descendants des soldats, nobles, et dissidents politiques exilés de Java. Ils sont connus par l'appellation « Jaa-minissu », signifiant peuple de Java. Bien que la plupart des Malais soient originaires de Java, il y en a aussi un nombre considérable venu des autres îles de l'Indonésie et de la Malaisie. Ils arrivèrent au Sri Lanka pendant l'époque coloniale hollandaise et anglaise du XVIIe et XIXe siècles.

Le MSL appartient à la famille austronésienne ou à sa branche malayo-polynésienne, qui comprend des langues telles que le tagalog parlé aux Philippines, le malgache parlé au Madagascar, l'hawaïen et le maori, langues des aborigènes de Nouvelle-Zélande.

Les plus anciens textes en MSL remontent au XIXe siècle. Ce sont des textes littéraires et religieux (Kitabs).

Le malais de Sri Lanka est caractérisé par un mélange de la grammaire cinghalaise et tamoule avec le lexique quotidien du malais parlé[1]. Généralement, les créoles empruntent des mots aux autres langues tout en gardant leur structure grammaticale. Mais, dans le cas du MSL, c'est le vocabulaire qui est le substrat. Il s'agit donc d'une langue unique avec une base trilingue (malais, cingalais et tamoul). Traditionnellement, le MSL était considéré comme un créole[2] et il est classé parmi les créoles dans "Ethnologue.com" 2005 voir carte.

Système phonétique

Consonnes[3].

Consonnes

Voyelles

Voyelles

La longueur des voyelles en malais de Sri Lanka n'est pas un trait distinctif comme en cingalais et tamoul. Par contre, il existe un contraste phonémique entre les occlusives dentales et rétroflexes.

Exemples : (ba:tok - toux, ba:tok - écorce de coco; dua - grâce, dua - deux). Ce contraste pourrait être une influence du cingalais ou du tamoul. L'influence cingalaise est notamment visible dans l'existence des consonnes pré-nasalisées. Pour conclure, il apparaît que le MSL a eu plus d'influence du cingalais que du tamoul dans le domaine segmental[4].

Variétés

Selon une étude linguistique sur le terrain, menée par l'Amsterdam Center for Language & Communication de l'Université d'Amsterdam, il existe cinq différentes variétés du MSL fondées sur le statut socio-économique et éducatif des locuteurs. Ainsi, on distingue les parlers de 1. Colombo, 2. Slave Island, 3. Kandy et environs, 4. Hambantota, 5. Kirinda (Ansaldo& Lim, 2006). Malgré les différences entre ces parlers qui sont surtout d'ordre lexical, l'inter-compréhension subsiste. Notons que le village Kirinda est la seule localité où le MSL est parlé à la maison, à l'école, au marché et dans la rue.

Grammaire

Certaines catégories grammaticales du MSL suivent le modèle cingalais[5].) Le MSL a une tendance à raccourcir les phrases. ex. : "segar" à la place du malais standard "segar bugar", "harum" à la place de "bau harum". L'adjectif précède le substantif, tandis qu'il suit le substantif en malais standard. ex. : "putih anjing". L'adjectif peut jouer le rôle d'un verbe. ex. : "the dhiinging" - ' thé froid, le thé est froid.' Le pronom possessif est formé en ajoutant le suffixe - pe. ex. : "seppe buk", "deppe rumah". Le suffixe - pada/para est ajouté pour former le pluriel, par contre, en malais standard, le pluriel se forme en répétant le mot. ex. : "orang para", "orang orang".

Écriture

Au XIXe siècle, le malais de Sri Lanka s'écrivait en écriture "Gundul" ou "Jawi" fondée sur l'alphabet arabe, bien qu'il y ait eu des essais de faire revivre la forme écrite du MSL, mais sans succès.

Le MSL est actuellement sur le déclin étant donné que la jeunesse commence à utiliser le cingalais et l'anglais à la maison. Il n'est utilisé que comme un moyen de communication orale et locale.

Il est à noter que le premier journal malais en Asie de l'est a été publié par un Malais du Sri Lanka, Baba Onus Saldin en 1869[6]. La langue employée dans son journal "Alamat Langkapuri" présentait des similitudes avec le malais standard.

Emprunts

Avec le temps, Le cingalais a emprunté quelques mots au MSL. En voici quelques exemples.

nona – dame; vara:ya- havre; rambutan- fruit; kuliya- loyer, salaire; durian- fruit; bibikan - gâteau; dodol - sucrerie; achcharu - conserve des piments au vinaigre; saroma - pagne; hamban - bateau; batik - motif pour tissu; binna - épouse, femme; guti - coups; naran -orange; rabana - tambour; vedilla - fusillade; oruwa - porte-nage.

Répartition géographique


Références

  1. Smith et al; 2004; Ansaldo, 2006b
  2. Hussainmiya, 1986
  3. Source – "Vowel quantity in Sri Lankan Malay" – Nordhoff, 2007.
  4. Nordhoff (2007)
  5. BDK Saldin, 1996
  6. Hussainmiya, 1990

Bibliographie

  • Bichsel-Stettler, A. : Aspects of the Sri Lanka Malay community and its language. Bern, University of Switzerland (1989)
  • Hussainmiya, B.A. :
    • The Malays of the Ceylon Rifle Regiment, Universiti Kebangsaan Malaysia (1990)
    • Lost Cousins : The Malays of Sri Lanka, Universiti Kebangsaan Malaysia (1987)
  • Nordhoff Sebastian
    • Vowel quantity in Sri Lankan Malay, University of Amsterdam (2007)
    • The Sri Lankan Malay Property Word, University of Amsterdam (2007)
  • Saldin, B.D.K:
    • The Sri Lankan Malays and their language (1996)
    • A Sri Lanka Malay-Malay-English dictionary in collaboration with Lisa Lim Colombo; Frankfurt/ Nijmegen.(2007)
    • A guide to Malay. Sri Lanka, 2000
    • Portrait of a Sri Lankan Malay. Sri Lanka, (2003)
  • Thaliph, M.F. : Book on Malay grammar, Wattala, Sri Lanka. (2003)
  • Umberto Ansaldo & Lisa Lim : Globalisation, Empowerment and the Periphery : The Malays of Sri Lanka, University of Amsterdam(2006).


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