Louis MĂ©dard
Jean-Louis Médard, dit Louis Médard, est un commerçant et bibliophile français, né le à Lunel et mort le à Montpellier.
Biographie
Enfance et adolescence
Né dans une famille protestante de la bourgeoisie commerçante, il effectue ses études au collège royal de Nîmes. Sa formation, qui doit le préparer à embrasser la carrière commerciale aux côtés d'un de ses frères aînés, est appuyée par son père, Jean Médard. Celui-ci lui prescrit en sus une lecture active d'ouvrages particuliers. Médard reste marqué par l'Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens de l'abbé Raynal.
Activités professionnelles
La mort de Jean Médard et la banqueroute familiale empêchent Louis de rejoindre le négoce : à défaut, il est apprenti canut à Lyon. Au terme de cette période de deux ans, Louis a vingt ans. N'obtenant pas la place convoitée, il retourne à Montpellier, s'associe à Jean Parlier en 1801 (société Médard et Parlier) et parvient à prospérer dans le commerce en gros des indiennes.
En 1807, il épouse Jeanne-Jacqueline-Sara Fillietaz, fille du négociant anversois Gabriel Fillietaz. Sa sœur, Élisabeth épousa Scipion Mourgue. Il s'agit d'une famille représentante de la grande bourgeoisie suisse commerçant en Europe. Le couple reste sans postérité.
HĂ©ritage
Il cesse ses activités en 1821 et se consacre pleinement à sa passion des livres. À son décès en 1841, il lègue à la ville de Lunel sa bibliothèque à la condition qu'elle fût mise à disposition du public[1].
Il est enterré au cimetière protestant de Montpellier.
Le bibliophile humaniste
- Le don de cette collection prestigieuse aux Lunellois s'explique de diverses manières :
- Une enfance marquée par les livres
- Les convictions protestantes de L. MĂ©dard
- Le siècle des Lumières, qui reconnaît l'utilité de la lecture pour la formation des esprits[2].
- Les garde-fous
Selon le mécène, tous les livres ne peuvent être mis entre toutes les mains. Il prend donc soin de rédiger deux catalogues domestiques de ses ouvrages à destination du maire de Lunel : le Grand catalogue et le Petit Catalogue : ce dernier recense les ouvrages licencieux et polémiques pour une communication plus confidentielle.
Le fonds MĂ©dard
- La collection
Le fonds est constituée de 4871 volumes dont 42 manuscrits (parmi lesquels 15 datent du Moyen Âge). Elle compte également deux incunables. Les imprimés se répartissent quant à eux comme suit : 2,5 % datent du XVIe siècle, 7,5 % du XVIe siècle, 32,5 % du XVIIIe siècle. L'ensemble couvre des domaines divers : environ moitié ressort des belles-lettres, un tiers de l'histoire, un dixième les sciences et arts, le reste étant consacré à la théologie ou à la jurisprudence. Parmi les différents centres d'intérêt de L. Médard, les auteurs de l'Antiquité, l'histoire du protestantisme et les controverses religieuses ou encore la période révolutionnaire occupent une part importante[3].
- La contribution de L. Médard à la valeur ajoutée des ouvrages :
- La collection constitue, vue de l'extérieur, un ensemble homogène : L. Médard a choisi de faire relier ses ouvrages[4] avec néanmoins l'adjonction de la marque de propriété LM par d'illustres relieurs tels que Bauzonnet, Bozerian, Simier père et fils ou Thouvenin.
- L'apport intellectuel de L. Médard : lecteur averti, il a fait insérer dans ses ouvrages de nombreuses préfaces, habilement mises en pages par ses secrétaires. Ces particularités d'exemplaires constituent une source privilégiée de compréhension des choix de L. Médard.
La bibliothèque actuelle
Le fonds L.Médard est une des rares bibliothèques de bibliophile à ne pas avoir été dispersée à la mort de son propriétaire : aujourd'hui encore elle conserve son intégrité. Sise dans l'ancien Hôtel de Ville de la commune, elle est présentée dans son mobilier d'origine. À la demande, des visites guidées peuvent être effectuées, des ateliers pédagogiques pour les classes peuvent y être offerts et les ouvrages peuvent être consultés. En ce sens, la volonté de L. Médard d'accès à sa collection est bien respectée. Afin de renforcer la valeur de cet ensemble patrimonial, la ville de Lunel a fait l'acquisition d'une partie des fers de reliure.
Notes
- testament datant de 1834, dépôt de testament mystique du 30 juillet 1841 et codicille du même jour, reçus par maître Joseph Gros, notaire à Montpellier. La bibliothèque fut effectivement déposée dans sa ville natale, à la mort de son épouse en 1858.
- Ses intentions sont parfaitement énoncées dans son Grand catalogue : A mes compatriotes [...] ma collection où figurent bon nombre de classiques sera utile aux professeurs et aux élèves. Puisse ce collège acquérir par les soins paternels du maire, la bienveillance du conseil municipal et par la protection du gouvernement, un rang distingué qui satisfasse entièrement les pères de famille ! Alors, la nouvelle génération naturellement studieuse, me saura gré de mes labeurs, d'une vingtaine d'années, pour ma ville natale ou encore Une bonne latinité est un début précieux...mes jeunes amis puisez à cette bonne source. A votre âge nous n'avions pas le secours des traductions; n'y recourez cependant que pour mieux comprendre le texte : ce n'est que là que vous trouverez de grands-maîtres...
- Fonds Marat, le Théâtre révolutionnaire
- à l'exception d'environ 150 d'entre eux, restés dans leur reliure primitive
Voir aussi
Bibliographie
- Copie des testament et codicille conservée au Fonds Médard, à Lunel
- Paul Culot, Denise Rouger, Louis Médard et les relieurs de son temps, Bibliothèque municipale de Lunel, Mairie de Lunel, Lunel, 2002 (ISBN 2-9518994-0-8)
- Jean-Paul Chabrol et Laurent Gambarotto (dir.), Éclairer le peuple. Jean-Louis Médard (1768-1841), négociant, mécène, protestant, languedocien, Publications de l'université de Provence, 2004 (ISBN 9782821882911).