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Louis François Gravant

Louis François Gravant, François Gravant, ou Louis François Ier Gravant pour le distinguer de son fils Louis François II Gravant qui lui a succédé à la Manufacture de Sèvres, est un céramiste français né le à Chantilly[1], mort à Sèvres le 4 mars 1765[2] ; l'inventaire de ses biens après décès est dressé le 11 mars suivant[3] - [4]

Louis François Gravant
Naissance
Chantilly
Décès
Sèvres
Nationalité Drapeau de la France France
Profession

Biographie

Second fils de Jean Gravant et Marie-Antoinette Lejeune, il épouse à Chantilly, le , Marie-Henriette Mille, avec laquelle il aura trois enfants : Marie-Catherine, née en 1737, Françoise Eléonore, née en 1739, et Louis François Gravant (fils), né vers 1738.

Il a été épicier à Chantilly, et ancien faïencier[5]

En 1738, les frères Robert Dubois et Gilles Dubois ont dû quitté la Manufacture de Chantilly pour aller, avec quelques compagnons, fonder la Manufacture de Vincennes dans les cuisines du pavillon de la Reine du château de Vincennes. Leur travail dans la Manufacture de Chantilly leur a permis d'acquérir les procédés de fabrication mis au point par Ciquaire Cirou. Après des essais heureux, ils ont réussi à intéresser à leur projet, en 1741, Jean-Louis Henri Orry de Fulvy, frère de Philibert Orry de Vignory. Protégé par son demi-frère, Orry de Fulvy a voulu créer une manufacture pouvant contrer la fuite des devises vers la Saxe où l'allemand Johann Friedrich Böttger avait découvert le secret de la porcelaine dure au kaolin. Continuant leurs recherches, les frères Dubois ont fait venir de la Manufacture de Chantilly pour les aider François Gravant[6]. Après trois ans d'essais infructueux, les frères Dubois ont quitté la manufacture en 1744. François Gravant y est resté. Il doit fournir les secrets de la pâte et de la couverte qu'il avait acquis en 1742 ou 1743 à Claude Humbert Gérin[7] sur l'ordre d'Orry de Fulvy. En récompense, il avait obtenu le monopole de la fabrication de la pâte et de la couverte[8]

Pour attirer des actionnaires, il souhaite obtenir pour la manufacture le privilège royal lui donnant l'autorisation pour elle seule en France de produire des porcelaines dans le goĂ»t des porcelaines fabriquĂ©es en Saxe. Après la disgrâce de son frère en 1745, Orry de Fulvy a dĂ©cidĂ© de ne pas apparaĂ®tre et a choisi un prĂŞte-nom, Charles Adam, un de ses valets de chambre. Pour dĂ©fendre l'obtention de ce privilège, il envoie François Gravant pour obtenir l'agrĂ©ment du bureau de commerce. Dans sa requĂŞte, François Gravant avait indiquĂ© que « quoiqu'on ait dĂ©jĂ  tentĂ© sans succès l'Ă©tablissement dans le royaume d'une fabrique de porcelaine de mĂŞme qualitĂ© que celle de Saxe », il avait rĂ©ussi par ses recherches Ă  produire des produits d'une qualitĂ© Ă©quivalente Ă  celle des porcelaines de Saxe. Il a ajoutĂ© qu'il ne serait possible de fonder une compagnie que s'il plaisait au roi un privilège exclusif de « fabriquer de la porcelaine façon de Saxe[9] ». La commission des affaires du commerce a accordĂ© un privilège pour trente ans. Orry de Fulvy a ensuite dĂ©fendu cette demande de privilège au conseil d'État du roi pour le compte de Charles Adam, le 24 juillet 1745. Le roi « Ă©tant en son conseil » a accordĂ© ce privilège pour vingt annĂ©es[10] - [11]. La sociĂ©tĂ© Charles Adam est constituĂ©e en juillet 1745 avec un capital de 90 300 livres rĂ©parti en 21 actions dont 58 914 livres 15 sols servent Ă  rembourser les avances du sieur Charles Adam. Le 5 dĂ©cembre 1745, Orry de Vignery perd la charge de contrĂ´leur gĂ©nĂ©ral des finances. Il est remplacĂ© par Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville. Celui-ci nomme Jean Hellot pour suivre les recherches dans la manufacture et amĂ©liorer les procĂ©dĂ©s[12]. Plusieurs augmentations de capital sont nĂ©cessaires. Au printemps 1748, Ă  la suite d'une nouvelle demande d'augmentation de capital, les actionnaires exigent que les secrets de la fabrication de la porcelaine leur soient rĂ©vĂ©lĂ©s. Gravant a acceptĂ© de vendre ses secrets pour 24 000 livres payable en huit annĂ©es si la pâte produite est de qualitĂ© et une rente annuelle de 1 200 livres. Devant le refus des associĂ©s de payer une telle somme, Orry de Fulvy a garanti personnellement son paiement. François Gravant a alors remis dans un pli fermĂ© les formules de la pâte et de la couverte au notaire d'Orry de Fulvy. Deux nouvelles augmentations de capital ont alors Ă©tĂ© faites portant le capital investit par les associĂ©s Ă  294 000 livres. De son cĂ´tĂ©, le roi avait accordĂ© une aide de 110 000 livres. Les recherches faites ont portĂ© la palette Ă  100 teintes et depuis le 20 octobre 1748, la manufacture maĂ®trisait le secret de l'or grâce Ă  un religieux carme, le frère Hipolyte[13] - [14]. La manufacture obtien un nouveau privilège pour la fabrication des fleurs en porcelaine. Une nouvelle augmentation de capital d'un montant de 120 000 livres est faite le 11 mai 1750. Durant l'annĂ©e 1750, les nouveaux actionnaires ont rachetĂ© des actions aux anciens actionnaires pour leur propriĂ©tĂ© Ă  50% du capital. Après la mort d'Orry de Fulvy, le 3 mai 1751, un des nouveaux actionnaires, Ubulesky, a voulu prendre le contrĂ´le de la manufacture. Pour l'Ă©viter, les anciens actionnaires ont demandĂ© l'intervention du roi pour Ă©viter la perte de leurs investissements. Le roi a acceptĂ© Ă  condition que les secrets de fabrication lui soient livrĂ©s. Jean Hellot est nommĂ© le 25 juin 1751 pour « constater avec certitude les divers secrets concernant l'exploitation de la manufacture de porcelaine Ă©tablie au château de Vincennes ». Il remet son rapport le 7 octobre 1751[15]. Le privilège de 1745 est annulĂ© et un nouveau privilège est accordĂ© en 1752. Une nouvelle sociĂ©tĂ© est constituĂ©e au nom d'Éloi Brichard[16], prĂŞte-nom du roi Louis XV, sous l'impulsion de la marquise de Pompadour. Le roi s'est rĂ©servĂ© les secrets de tous les procĂ©dĂ©s de fabrication de la porcelaine de la Manufacture de Vincennes par arrĂŞt du 19 aoĂ»t 1753[17]. Jean Hellot a alors rĂ©digĂ© un manuscrit de 159 pages, Recueil de tous les procĂ©dĂ©s de la porcelaine de la Manufacture de Vincennes. La Manufacture de Vincennes va alors se dĂ©gager de l'influence des porcelaines de Meissen pour dĂ©velopper un style français. En 1756, la Manufacture de Vincennes est transfĂ©rĂ©e Ă  Sèvres.

En 1745, son épouse Marie Henriette Mille rentre à la manufacture pour s'occuper de la fabrique des fleurs de porcelaine, où elle dirigera un atelier jusqu'en 1755. En 1746, il fait rentrer son neveu Louis Gravant[18] comme tourneur jusqu'en 1755, où il gagnera Sèvres de 1756 à 1760. Son fils, Louis François Gravant II, sera apprenti tourneur à Vincennes en 1749 et à la préparation des pâtes à Sèvres de 1764 à 1775.

En 1756, il achète à Jean Gosselin, marchand de vin de Louis XV, une propriété à Sèvres, au lieu-dit Ruisseau de la forge. Sa maison qui existe toujours sur deux étages est classée aux monuments historiques.

Son fils, Louis François II Gravant lui a succédé à la Manufacture de Sèvres, jusqu'en 1774. Il a dirigé de 1776 à 1779 la Manufacture de Chantilly qu'il doit vendre par jugement à sa femme qui lui succède de 1779 à 1781[19]. Il s'était marié avec Madeleine-Catherine-Gasparine Adam (Berlin, vers 1752-Paris, 23 décembre 1793), fille de François-Gaspard-Balthazar Adam, par contrat de mariage du 7 juillet 1768, célébré le 19 juillet 1768 à l'église Saint-Séverin de Paris[20].

Manuscrit

  • Livre qui concerne le Seugray de la Porcelaine, couverte, blanc de faillance, coulleurs et dorreure, 1753, Archives de la Manufacture de Sèvres[21].

Notes et références

  1. « Acte de baptême no 16 (vue 23/445) du registre des baptêmes de l'année 1716 de la commune de Chantilly », sur Archives départementales de l'Oise, (consulté le ) - Note. Baptisé le 10 mai 1716 et né le 9.
  2. Archives départementales des Hauts-de-Seine Acte de sépulture du registre paroissial de Sèvres daté du 05/03/1765, vue 47 / 210
  3. [Granges de Surgères 1893] Anatole Louis Théodore Marie marquis de Granges de Surgères, Artistes français des XVIIe et XVIIIe siècles (1681-1787) : Extraits des comptes des États de Bretagne, Paris, Charavay frères éditeurs, (lire en ligne), p. 94
  4. Chavagnac 1906, p. 165.
  5. Chavagnac 1906, p. 122.
  6. Chavagnac 1906, p. 62.
  7. Chavagnac 1906, p. 126, 326
  8. d'Albis 1987, p. 11.
  9. [d'Albis 1987] Antoine d'Albis, « Le secret de Gravant ou le privilège de Vincennes », Bulletin de la Société des amis de Vincennes, no 38,‎ , p. 8 (lire en ligne)
  10. [Chavagnac 1906] Xavier-Roger-Marie de Chavagnac et Gaston-Antoine de Grollier, « Vincennes-Sèvres », dans Histoire des manufactures françaises de porcelaine, Paris, Alphonse Picard et fils, (lire en ligne), p. 123
  11. Arrêt du conseil d'état qui accorde à Charles Adam le privilège pour l'établissement de la manufacture de porcelaine façon de Saxe, au château de Vincennes
  12. Chavagnac et 1906 128.
  13. d'Albis 1987, p. 12.
  14. Chavagnac 1906, p. 23.
  15. d'Albis 1987, p. 14-15.
  16. Arrêt du conseil d'état qui accorde à Eloi Brichard le privilège de la manufacture royale de porcelaine, établie à Vincennes
  17. Granger 1913, p. 217-218, note3-7°>
  18. Chavagnac 1906, p. 328.
  19. Chavagnac 1906, p. 59, 62-66, 70.
  20. Granges de Surgères 1893, p. 94-95 (lire en ligne)
  21. Granger 1913, p. 217, note 3-3°.

Annexes

Bibliographie

  • Tamara PrĂ©aud, Compilation des employĂ©s de la Manufacture de Vincennes et de Sèvres
  • Catherine Laurant, Édouard Quesnet, Paul Parfouru, Inventaire sommaire des archives dĂ©partementales antĂ©rieures Ă  1790 - Ille-et-Vilaine, Archives civiles, sĂ©rie C Edt 1892, p.389.
  • Anatole de Surgères, Artistes français des XVIIe et XVIIIe siècles (1681-1787), Ă©d. de la Chambre des Comptes, 1893. p. 103, 213, 229, 238.
  • [d'Albis 1987] Antoine d'Albis, « Le secret de Gravant ou le privilège de Vincennes », Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Amis de Vincennes, no 38,‎ , p. 7 (lire en ligne)
  • [Granger 1913] Albert Granger, « La porcelaine tendre ou Ă  fritte ou pocelaine française », Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, vol. 120,‎ aoĂ»t-septembre-octobre 1913, p. 195-247 (lire en ligne)
  • (en) Antoine d'Albis, « Gravant's Secret or the First Royal Privilege of Vincennes », Haughton International. The International Ceramics Fair & Seminar,‎ (lire en ligne)
  • Archives de la Manufacture nationale de Sèvres: Carton: Y 42 Carnet de François Gravant,1753

Article connexe

Liens externes

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