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Les Tréteaux d'Armor

Les Tréteaux d'Armor est une troupe théâtrale fondée à Brest en par Gérard Auffret, pour un théâtre breton populaire et qui a exercé son activité principalement en Bretagne jusqu'en 1975.

Les Tréteaux d'Armor
Les Tréteaux d'Armor en représentation

Origine

Se destinant à la mise en scène, Gérard Auffret (né en ) intègre en 1961 les Cours d'Art dramatique René Simon. C'est en 1963 que débutera son activité professionnelle comme assistant metteur en scène et compagnon de travail de Jean Eustache.

Acquis à l'esprit du Théâtre national populaire (TNP) découvert à l'issue d'une durée de travail, mal à l'aise avec le théâtre de Boulevard expérimenté par l'intermédiaire de Jean Le Poulain, attaché au concept de Théâtre du Peuple qui fut développé par Frédéric Pottecher ou l'entreprise des Copiaus de Jacques Copeau, adepte de la décentralisation dramatique, Gérard Auffret tente l'aventure dans sa région d'origine, la Bretagne.

Il crée alors un cours d'Art dramatique qui lui permet de constituer une troupe d'une dizaine de personnes[1]. Par ailleurs, en tant que correspondant de la Comédie dramatique de l'Ouest (CDO) en Finistère. il anime divers stages de sensibilisation au théâtre comme, par exemple, auprès des Maisons des jeunes et de la culture) ou des hypokhâgnes du Lycée Kérichen de Brest.

Préceptes

L'activitĂ© théâtrale des TrĂ©teaux d'Armor est caractĂ©risĂ© par les Ă©lĂ©ments ci-après[2] :

  • populaire : Ă  savoir intĂ©resser les couches sociales qui ne font pas la dĂ©marche de se rendre au théâtre (ou maison de la culture) en allant Ă  leur devant en des lieux qui leur sont communs, avec des spectacles de prĂ©fĂ©rence en plein air et inclus dans des programmes culturels et festifs.
  • politique : non pas un théâtre de parti politique mais un théâtre invitant Ă  vivre pour penser, en marge des discours de pouvoir, sur des thèmes historiques ou contemporains concernant les affaires publiques.
  • conception théâtrale : scĂ©nologie et usage de techniques filmiques rĂ©unis et adaptĂ©s aux sujets et lieux des reprĂ©sentations en vue d'une esthĂ©tique dĂ©tachĂ©e des valeurs conformistes sur le Bien et le Beau.
  • didactique : en adjoignant aux spectacles, Ă  l'image du TNP en Avignon, des actions tels que programmes complĂ©tĂ©s par des donnĂ©es historiques ou thĂ©matiques sur les pièces et auteurs, dĂ©bats, rencontres avec le public, etc.
  • semi-professionnalisme : ne pas ĂŞtre dĂ©pendant de subventions publiques et exercer, Ă  mi-temps, un autre emploi pour rester en contact avec la population.

Le répertoire théâtral

En janvier, puis Gérard Auffret monte Hyménée de Nicolas Gogol et La Mandragore de Machiavel, deux pièces destinées à concrétiser le travail effectué avec sa troupe[3] - [4] - [5].

Ă€ la suite de ces spectacles, des dirigeants du Bleun-Brug lui demandent d'intĂ©grer leur festival culturel de Ă  Saint-Pol-de-LĂ©on en mettant en scène Les PaĂŻens de Tanguy Malmanche, auteur bretonnant renommĂ© « difficile Â»[6] - [7].

Cette représentation en plein air, sur le parvis de la cathédrale, devant 1200 spectateurs dont Per-Jakez Hélias, présidée par Monsieur Michelet, ministre d'État aux Affaires culturelles[8], au sein d'un programme de festivités attirant durant quatre jours, des milliers de participants des provinces du Léon et du Trégor, fut déterminante pour l'entreprise de Gérard Auffret.

En effet, cette collaboration avec le Bleun-Brug lui permet de donner corps à ses objectifs à condition de prendre en compte la réalité bretonne et l'exprimer par des productions théâtrales contemporaines. Le répertoire en la matière étant très restreint[9], il décide d'aborder l'écriture et dans une forme propre au théâtre épique.

Georges Perros, lecteur pour le TNP, installé à Douarnenez et chargé de cours d'Art dramatique à la faculté des lettres de Brest, avec qui il entretient des liens amicaux, lui est alors un mentor précieux.

La RĂ©volte des tracteurs

La Révolte des tracteurs, espace scénique de la pièce

Résumé : À travers le délire de Lan, blessé sur une barricade et hospitalisé, la colère du monde paysan, incité à intensifier et moderniser ses méthodes de production et qui ne peut plus faire face aux échéances de crédit.

Première représentation à Lesneven en [10]. Adaptée du roman éponyme de Yann Brekilien qui traite de la colère du monde paysan dans la décennie 1960. Le théâtre qui explique a été rejeté. Pas d'actions conformes à la dramaturgie standard, pas de liens psychologiques. C'est dans les fièvres de Lan, dans le désordre, par flashback, que nous prenons connaissance des événements. En fond sonore l'œuvre de Pierre Henry, Variations pour une porte et un soupir. En , la pièce fait l'affiche au Palais de la Culture (PAC) de Brest[11].

Les Bonnets rouges, chronique d'hier et d'aujourd'hui

Les Bonnets rouges, affiche

Résumé : 1675. Dans un état de très grande misère, les populations rurales de Basse-Bretagne, menées par Sébastien Le Balp, se soulèvent contre le pouvoir royal de Louis XIV et Colbert venus imposer la taxe sur le tabac et le timbre. Deux mois de révolte, six mois de répression.

Connue sous le nom de RĂ©volte du papier timbrĂ© de 1675 en Basse Bretagne, GĂ©rard Auffret dĂ©cide, en , de la porter Ă  la scène. Il se met en rapport avec Paol Keineg pour l'associer Ă  son projet, l'un pour Ă©laborer la scĂ©nographie, l'autre pour Ă©crire le texte[12]. Le projet Ă©choue. GĂ©rard Auffret Ă©crit la pièce  qui sera crĂ©Ă©e lors du festival du Bleun-Brug en .

Textes historiques en Ă©cho aux Ă©crits d'aujourd'hui, musique de jazz et projections audiovisuelles pour dissoudre « hier et aujourd'hui Â» dans une temporalitĂ© chimĂ©rique. La première pièce de théâtre sur les Bonnets rouges est donc jouĂ©e le Ă  Landerneau, sur cette mĂŞme place du MarchĂ© oĂą furent pendus des insurgĂ©s. Festival prolongĂ© avec Alan Stivell par une soirĂ©e cabaret musicale et poĂ©tique[13]. L'accueil des critiques est illustrĂ© par le magazine de l'UDB de oĂą Le Peuple Breton Ă©crit: « Le texte de GĂ©rard Auffret est un beau texte efficace Â» et conclut « le théâtre populaire breton ne serait-il pas rĂ©inventĂ© Â». Des tournĂ©es s'ensuivent en pays Bigouden auprès des paroisses dont les clochers furent dĂ©capitĂ©s pour avoir « sonner le tocsin de la rĂ©volte Â», puis dans le Morbihan et Ă  Lyon.

Bretagne... point zéro, affiche

Bretagne… point zéro

Résumé : Évocation de l’exode qui, dès la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle, a vidé la Bretagne de son sang et de sa force, cette lente leucémie. Sur cinq trajets, les destins de ceux qui sont partis se croisent, s’enchevêtrent et se déroulent dans la même détresse.

Bretagne-Allemagne, Bretagne-Etats-Unis, Bretagne-Dakar, Bretagne-Montparnasse et Bretagne-Bretagne sont les cinq destinations signalées sur le plateau de scène par des panneaux amovibles en bois de caisse et qui figurent les lieux où s'efforcent de vivre ces émigrés qui n'ont eu pour seule issue que de choisir leur trajectoire … Par séquences, sur un sixième espace imaginaire, les émigrés forment un chœur antique guidé par un coryphée pour comprendre de quoi ils ont été le jouet.

Youenn Gwernig, poète ex Ă©migrĂ©, dans un long soliloque en breton, seul sur le cinquième trajet, prĂŞte sa voix Ă  la dĂ©tresse d'un vieux paysan, qui s'Ă©teint, exilĂ© sur son propre sol après avoir Ă©tĂ© expulsĂ© de son lopin de terre par des promoteurs immobiliers. AccompagnĂ© par les Diaouled ar Menez l'Ă©pilogue de la pièce se prolonge par un Fest-Noz de quelque trois cents personnes.

Bretagne… Point zéro, au programme des festivités du Bleun-Brug de , est donnée à Carhaix, en cette terre mythique des Montagnes Noires, haut-lieu de l'émigration bretonne aux États-Unis que Gourin a symbolisé en arborant sur sa place une réplique de la statue de la Liberté[14] - [15] - [16].

Le Fabuleux Destin de Guénaouec l'Armoricain

RĂ©sumĂ© : GuĂ©naouec, enfiĂ©vrĂ© par l’étude systĂ©matique de l’histoire de son pays et accompagnĂ© de son fidèle compagnon Penkalet, bat la campagne pour la Duchesse Anne et propager des idĂ©es mal digĂ©rĂ©es. Mais, peut-ĂŞtre GĂ©naouec a-t-il rĂŞvĂ© ?

Libre adaptation du Don Quichotte de Cervantes et compilation de poèmes, chansons, revues et journaux bretons.

Sur le plateau de scène, un espace surĂ©levĂ©, bureau et lit : la chambre de GĂ©naouec. En fond de scène, un théâtre d'ombres, animĂ© par les commères de carton en contre-jour, Ă©clairage vaporeux, aux propos de GĂ©naouec reparties des silhouettes en voix off.

C'est en , Ă  Douarnenez, que la pièce est inscrite aux festivitĂ©s du Bleun-Brug. Cette comĂ©die contemporaine met en scène autour du protagoniste des personnages non pas de « caractère Â» mais des « natures Â» de bouffon qui se dĂ©clinent en plusieurs familles: poète christique en souffrance, militant irrĂ©ductible, homme de plume opportuniste, moraliste bretonnant, pape du chant breton, fourbe, etc.

Cette pièce est la dernière production de GĂ©rard Auffret[17]. Son activitĂ© théâtrale cesse car son concept (troupe semi-professionnelle, refus des subventions, et dislocation d'une partie de sa jeune troupe engagĂ©e soit dans des Ă©tudes, soit dans un mĂ©tier) n'Ă©tait pas tenable sur le long terme.    

Notes et références

  1. « Gérard Auffret aux élèves de son nouveau cours d'art dramatique », Le Télégramme,‎
  2. Denis Bablet, « Cahiers trimestriels n° 13 », Revue travail théâtral,‎
  3. « Vendredi, au PLR, Hyménée de Gogol par les Tréteaux d'Armor », Le Télégramme,‎
  4. « Une représentation très sympathique de l'Hyménée de Gogol par les Tréteaux d'Armor », Ouest-France,‎
  5. « Les Tréteaux d'Armor connaissent le succès avec La Mandragore », Le Télégramme,‎
  6. « Dans le cadre du Bleun-Brug, le 12 juillet la pièce de Malmanche, Les Païens, sera jouée devant la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon », Ouest-France,‎
  7. « Des Milliers de participants pour le Bleun-Brug à Saint-Pol-de-Léon », La Bretagne à Paris,‎
  8. « Présidé pour la première fois par un ministre, le Bleun-Brug de St-Pol a scellé l'union de la Bretagne et du Pays de Galles », Ouest-France,‎
  9. Claude Fléouter, « Brest : le silence », Le Monde,‎
  10. « La Révolte des tracteurs, une œuvre de Brékilien fort bien adaptée à la scène par G. Auffret », Télégramme de Brest,‎
  11. « La 2e représentation des Tracteurs au PAC », Le Télégramme,‎
  12. « Paol Queinnec et Gérard Auffret, en collaboration avec J-P Sonic, préparent une pièce sur la Révolte du papier timbré », Le Télégramme,‎
  13. « Au programme de samedi soir : Les Bonnets rouges ou Chronique d'hier et d'après », Ouest-France,‎
  14. « Bretagne point zéro, nouvelle pièce de G. Auffret », Le Télégramme,‎
  15. « Première représentation le 8 juillet à Carhaix de Bretagne, point zéro, une chronique de l'exode signée Gérard Auffret », Ouest-France,‎
  16. « Les Bonnets rouges à Kerfléau : Quand le passé devient actualité », Liberté du Morbihan,‎
  17. « Un Don Quichotte breton héros de la quatrième pièce de Brestois Gérard Auffret », Le Télégramme,‎
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