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Les Assassins de l'ordre

Les Assassins de l'ordre est un film de procès dramatique italo-français réalisé par Marcel Carné sorti en 1971. Il s'agit de l'adaptation cinématographique d'un roman de Jean Laborde (1918-2007), écrivain et chroniqueur judiciaire durant les années 1950-1970, paru aux éditions Plon en 1970.

Les Assassins de l'ordre

Réalisation Marcel Carné
Scénario Marcel Carné
Paul Andréota
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Drame
DurĂ©e 110 minutes
Sortie 1971

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

L'action se dĂ©roule dans une petite ville près de Marseille, la semaine de NoĂ«l. Un ancien repris de justice repenti, père de famille travaille comme mĂ©canicien dans un garage. Un matin, il est rĂ©veillĂ© aux aurores par deux policiers de façon musclĂ©e. Ceux-ci l'accusent d'ĂŞtre l'auteur d'un « casse Â» au chalumeau, survenu la nuit mĂŞme chez son employeur. Ils se fondent sur les empreintes digitales et, surtout, sur le fait qu'il a Ă©tĂ© condamnĂ© cinq ans auparavant pour une affaire similaire. Ils l'emmènent au commissariat, d'oĂą il ressortira Ă  treize heures, soit quelques heures plus tard, mais pour ĂŞtre conduit Ă  la morgue. Sa veuve porte alors plainte.

Le juge d'instruction Bernard Level (Jacques Brel) est chargĂ© du dossier. Celui-ci vit seul avec son fils, un Ă©tudiant prĂ©parant l'agrĂ©gation et participant de temps Ă  autre Ă  l'agitation gauchiste dans son lycĂ©e. Tous deux devaient partir le soir mĂŞme aux sports d'hiver, mais le magistrat doit annuler son dĂ©part. En lui confiant l'affaire qu'il est requis de "gĂ©rer au mieux", le Procureur de la RĂ©publique lui conseille d'ĂŞtre prudent et de ne pas oublier « que la police est la meilleure alliĂ©e de la Justice Â».

Le juge reçoit le rapport du mĂ©decin lĂ©giste qui est formel : le suspect est mort de nombreux coups et blessures. Le juge commence l'instruction. Il comprend vite que la police couvre les inspecteurs impliquĂ©s. Il constate non seulement que les tĂ©moins ont Ă©tĂ© intimidĂ©s, mais qu'il y a aussi eu dissimulation d'un tĂ©moin : une prostituĂ©e que les policiers ont « Ă©loignĂ©e Â» de la ville. Les inspecteurs vont mĂŞme jusqu'Ă  menacer la veuve. Plus tard, diffĂ©rentes manĹ“uvres sont exercĂ©es sur son fils, puis sur sa maĂ®tresse, pour l'influencer.

Le juge se retrouve au milieu d'un affrontement qui dĂ©passe l'affaire. D'un cĂ´tĂ©, on fait pression sur lui, pour qu'il Ă©vite par principe de condamner des policiers. Les chefs de la police, tout comme l'avocat des deux inspecteurs, lui demandent de conclure qu'il s'est agi d'un malheureux accident, et d'accorder un non-lieu. D'un autre cĂ´tĂ©, des agitateurs se sont emparĂ©s de l'affaire. Ceux-ci aussi sont moins motivĂ©s par la recherche de la vĂ©ritĂ© que par le moyen qu'ils ont trouvĂ© pour exprimer leur « haine du flic Â». Ils organisent des distributions de tracts et des manifestations, qui tournent parfois Ă  l'Ă©meute.

Le juge d'instruction ne baisse pas les bras dans sa quĂŞte de la vĂ©ritĂ©. Il parvient Ă  inculper les policiers, ces « assassins de l'ordre Â». Ils seront jugĂ©s en Cour d'assises. Mais les deux policiers finissent par ĂŞtre acquittĂ©s, non seulement en consĂ©quence des pressions Ă©videntes exercĂ©es sur les tĂ©moins et de l'habiletĂ© du tĂ©nor du barreau qui dĂ©fend les policiers, mais surtout Ă  cause de la passivitĂ© inattendue de l'avocat de la veuve. En fait, avant le procès, il s'est vu offrir, par le grand avocat de la partie adverse, la direction de son Ă©tude de Lyon.

Fiche technique

Distribution

Distinction

Autour du film

  • Le rĂ©alisateur dĂ©voile dans ses mĂ©moires, Ma vie Ă  belles dents qui avait fait beaucoup de bruit Ă  sa première publication en 1975, toutes les difficultĂ©s qu'il a rencontrĂ©es Ă  cause des pressions qu'on lui a fait subir pour tenter de le dĂ©courager de tourner ce film, ainsi que le silence mĂ©diatique et critique imposĂ© autour de celui-ci : il n'a bĂ©nĂ©ficiĂ© de pratiquement aucune promotion et sa sortie en salle fut anormalement limitĂ©e en France. Ce film a Ă©galement Ă©tĂ© très peu rediffusĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision, comparĂ© Ă  d'autres. Selon CarnĂ©, tout a Ă©tĂ© fait pour qu'il passe inaperçu. Par consĂ©quent, malgrĂ© un casting rassemblant plusieurs cĂ©lĂ©britĂ©s de l'Ă©poque, le film n'a rencontrĂ© qu'un succès restreint, bien qu'il y soit question d'un sujet brĂ»lant. A l'Ă©tranger en revanche, il a reçu de très bonnes critiques et mĂŞme quelques rĂ©compenses[2].
  • L'auteur du livre dont est tirĂ© le scĂ©nario, Jean Laborde, fut chroniqueur judiciaire Ă  France-Soir et Ă  L'Aurore, entre les annĂ©es 1964 et 1978. Il connaissait donc de près le système judiciaire français, de l'inculpation Ă  la condamnation. Il couvrit entre autres, les cĂ©lèbres affaires Marie Besnard et Dominici.
  • Le roman de Jean Laborde et donc le film de Marcel CarnĂ© sont directement inspirĂ©s d'une affaire rĂ©elle qui se dĂ©roula en : "L'affaire des policiers de Bordeaux" Ă  laquelle Denis Langlois a consacrĂ© une quarantaine de pages de son livre "Les Dossiers noirs de la police française" paru en . On y note des diffĂ©rences importantes avec le film de CarnĂ© : en fait, le juge d'instruction, loin de rĂ©sister courageusement aux pressions et d'inculper les policiers, prit rapidement une ordonnance de non-lieu. C'est la Chambre d'accusation qui renvoya les policiers devant la Cour d'assises de la Gironde oĂą ils ne furent jugĂ©s qu'en , soit huit ans après les faits, et acquittĂ©s[3].

Restauration en HD 4K

Le film est restauré en 4K à l'initiative de LCJ Éditions et Productions en 2016 (avec le soutien du CNC) par les laboratoires Eclair suivi d'une numérisation.

Notes et références

  1. « Quarante films au festival de Venise », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. Marcel Carné, Ma vie à belles dents, Éditions de l'Archipel, , 437 p. (ISBN 978-2-84187-021-9)
  3. Denis Langlois, « Les Dossiers noirs de la police française ».

Liens externes

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