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Le Tour du malheur

Le Tour du malheur est l'une des Ĺ“uvres majeures de Joseph Kessel. Paru en 1950 chez Gallimard, ce cycle romanesque se compose de quatre volumes : La Fontaine MĂ©dicis, L'Affaire Bernan, Les Lauriers roses et L'Homme de plâtre.

Le Tour du malheur

Genèse

Dans sa courte prĂ©face, Joseph Kessel raconte qu'il a mis vingt ans Ă  mĂ»rir cette saga, et plus de dix ans Ă  l'Ă©crire. Cette lente maturation, il l'explique en avançant l'idĂ©e que cette suite romanesque « devait ĂŞtre une nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure, ma forme de vĂ©ritĂ© Â»[1].

« Il n'est point de romancier, poursuit l'auteur dans sa préface, qui ne distribue ses nerfs et son sang à ses créatures, qui ne les fasse héritières de ses sentiments, de ses instincts, de ses pensées, de ses vues sur le monde et sur les hommes. C'est là sa véritable autobiographie.»[2] De fait la critique est unanime pour souligner la dimension autobiographique de cette somme dans laquelle l'auteur raconte, presque sans masque, sa propre jeunesse, et insère de nombreux éléments de sa vie personnelle[3].

Résumé

L'intrigue de cette vaste fresque Ă©pique de 1600 pages est difficile Ă  rĂ©sumer. Comme dans Les Thibault de Roger Martin du Gard ou dans Les Hommes de bonne volontĂ© de Jules Romains, suites romanesques comparables, on parcourt le destin de personnages qui gravitent autour d'un hĂ©ros central, ici : Richard Dalleau. La saga dĂ©bute au dĂ©but de la Première Guerre mondiale, en 1914, quand Richard est engagĂ© volontaire. On suit ensuite son ascension, celle d'un brillant avocat parisien confrontĂ© Ă  tous les excès, toutes les ambitions, jusqu'en 1925 qui marque la clĂ´ture temporelle du rĂ©cit. En dix ans, cette âme pure, idĂ©aliste, ardente va faire le tour du malheur, emportĂ©e par les vents de histoire et par les sĂ©ductions de la sociĂ©tĂ© (la guerre, l'ambition, l'argent, les femmes...).

Les grands thèmes de cette saga, dont le souffle Ă©pique Ă©voque les romans russes de DostoĂŻevski, sont l'amitiĂ©, la guerre, l'ambition, les illusions perdues, « l'impatience de vivre, la jeunesse sans frein et l'indĂ©nouable angoisse de vĂ©ritĂ© Â», dit Kessel dans sa prĂ©face[4].

RĂ©ception

Le destin du Tour du malheur est paradoxal : si le roman connaĂ®t un grand succès auprès du public (plus de 500 000 volumes s'Ă©couleront), la critique le boude largement. Alors que ce livre est celui qui, dans toute son Ĺ“uvre, tenait le plus Ă  cĹ“ur Ă  Joseph Kessel, il est accueilli dans un silence de glace[5]. Le seul critique Ă  en faire l'Ă©loge est l'Ă©crivain François Mauriac : « J'ai trouvĂ© cela très fort. Un formidable tempĂ©rament viril et ce n'est guère courant dans notre temps de littĂ©rature dĂ©virilisĂ©e. Aucune cĂ©rĂ©bralitĂ©, aucune intellectualitĂ©, et malgrĂ© tant de boue remuĂ©e ! Kessel est un vrai tĂ©moin de la guerre et de ce que sont devenus les hĂ©ros de la guerre. Â»[6].

Références

  1. Joseph Kessel, "Préface", Le tour du malheur, Paris, Gallimard, 1950, p. 11.
  2. Ibid., p.12.
  3. Marc Alaux, Joseph Kessel. La vie jusqu'au bout, Paris, Transboréal, 2015.
  4. Joseph Kessel, "Préface", Le tour du malheur, Paris, Gallimard, 1950, p. 12.
  5. Georges Walter, Le livre interdit. Le silence de Joseph Kessel, Paris, Le cherche midi, 2015, p.47.
  6. François Mauriac, Les paroles restent, Paris, Grasset, 1985, p.37.
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