Le Roman des hauts de Saint-Jean
Le Roman des hauts de Saint-Jean est un roman écrit par le journaliste et écrivain Yves Courrière en 1974.
Le Roman des hauts de Saint-Jean | ||||||||
Auteur | Yves Courrière | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | Roman | |||||||
Éditeur | Fayard | |||||||
Date de parution | 1974 Le Livre de poche 1976 |
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Nombre de pages | 505 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Présentation
Dans ce roman contemporain qui prend appui sur des bases historiques, même si tout est romancé et les personnages fictifs, Yves Courrière donne sa vision de l'homme et de son action dans la société dans laquelle il évolue. C'est pourquoi en exergue, il place cette citation d'Alexandre Soljenitsyne : « Qu'y a-t-il de plus précieux au monde ? C'est de ne pas participer aux injustices. Elles sont plus fortes que nous. Elles ont existé dans le passé et continueront à exister dans l'avenir. Mais ne leur permettons pas de passer à travers nous. »
Cependant, pour mieux prendre du recul et laisser toute sa place à l'imagination, il précise en empruntant cette citation à Roger Vailland, un homme qu'il a bien connu et dont il a écrit une magnifique biographie : « Laissons les messages aux prophètes et aux facteurs. »
Expansion de Saint-Jean
À partir des scandales immobiliers qui ont émaillé la Libération et la IVe république, Yves Courrière a imaginé des personnages influents qui naviguent entre la politique et ses financements occultes, la presse et le pouvoir de l'argent. L'action se situe dans une ville fictive du midi, Saint-Jean, rivale de Marseille. Plusieurs personnalités dominent la ville depuis la Libération, d'anciens résistants reconvertis dans les affaires et la politique.
D'abord le député-maire Hervé Des Essarts-Galibert qui incorporé son nom de résistant Des Essarts à son patronyme. Cet ancien ministre de la IVe République n'a qu'une ambition : redevenir ministre sous la Ve République. Il a fait de la petite ville de Saint-Jean une grande cité moderne et dynamique avec pour symbole un ensemble immobilier exemplaire : les Hauts de Saint-Jean. Le grand avocat d'affaires Desvignes-Benettes a trouvé plus simple d'accoler à son nom celui de sa mère. Il a connu une réussite extraordinaire en jouant les médiateurs entre des hommes de pouvoir et en épousant la fille de Des Essarts-Galibert. Félix Judicaël est un ancien résistant et un homme de la Ve République. Il s'est d'abord implanté à Saint-Jean dont il est le député de la deuxième circonscription avant de devenir depuis peu sous-secrétaire d'état au logement dans le dernier gouvernement.
Personne ne sait comment ces trois hommes se sont connus à Londres en 1940 et quels sont les liens qui les unissent et qui ont fondé leur éclatante réussite après la guerre. Personne ne veut réellement savoir du côté de Saint-Jean, sauf peut-être deux journalistes qui travaillent à L'Écho de Saint-Jean, l'influent journal local normalement à la botte du député-maire. Un traîne-savates qui a perdu ses illusions depuis longtemps, qui en veut à ce système d'avoir assujetti la presse libre de la Libération aux intérêts politiques et aux puissances financières. Sauf des documents compromettants sur les fonds collectés pendant la période londonienne et qui ont servi à leurs premiers investissements.
Et puis, il y a aussi la famille, les amis et les relations dans ce milieu où les influences sont interdépendantes. On trouve ceux qui ont financé les grandes opérations immobilières, la banque Steiner par exemple, la soudaine ascension de l'entreprise de travaux publics d'Albert Vaugondran, les liens de son frère Victor et de son beau-père Joanny Chilpéric avec le trio des Londoniens, la liaison de sa fille Christian avec le ministre Félix Judicaël, des relations qui ne sont pas seulement d'affaires ou amoureuses, qui ne sont pas anodines. Beaucoup de liens, y compris avec des gens peu recommandables comme Mérouli. Beaucoup d'éclectisme dans les relations des puissances de Saint-Jean
Port-Litri
Après Les Hauts de Jean-Jean, la grande affaire, c'est l'aménagement d'une zone lagunaire, Port-Litri. Très gros enjeux financiers. En ce jour de réception de la légion d'honneur de Vaugondran, toutes les personnalités de Saint-Jean sont réunies. Seule Christine Vaugondran, en quête d'autre chose que le faire-valoir qu'elle a joué jusque-là, ne goûte pas la cérémonie, se rapproche de plus en plus de l'architecte François Galli. La réception brosse le tableau du microcosme au pouvoir dans la ville et les méthodes qu'elle utilise. Réception exemplaire : Vaugondran, l'ancien 'collabo' décoré par deux anciens résistants de Londres. Des hommes qui ont goûté au pouvoir, qui ont vieilli comme Jean-Hubert Dieufils, le rédacteur en chef de L'Écho et son arrivisme forcené. Ici, tout se tient. Le commissaire principal Marucci qui a rétabli l'ordre dans la cité copine avec Antoine Lebrun, l'adjoint au maire, lui-même grand ami du truand Claude Mérouli et dirigeant une société de construction avec Vaugondran... Mérouli l'intouchable, rangé depuis longtemps et qui donne des "coups de main" lors des élections par exemple...
Mais ici, les journalistes sont curieux par nature. Simon Gavarni, du quotidien communiste La Liberté, va mettre les choses au clair à l'occasion d'une banale bagarre entre colleurs d'affiches. Alain Garrot, bientôt en disgrâce à L'Écho de Saint-Jean monte un dossier où sont mis à jour les mécanismes de collusion entre le pouvoir politique (direction de l'Équipement et préfet), les pouvoirs locaux et les promoteurs immobiliers. Il continue d'enquêter jusqu'à ce qu'une plainte aboutisse sur le bureau de Noël, un jeune juge intransigeant.
Dès lors, il faut lâcher du lest, désigner un bouc-émissaire comme on ampute un membre pour sauver le tout. Lorsque le fusible Judicaël saute enfin, les journalistes et la justice impuissants peuvent être muselés et les affaires reprendre leur cours.
Tout pouvait alors continuer comme avant.
Bibliographie d'Yves Courrière
- La guerre d'Algérie (4 tomes) : les fils de la Toussaint, Le temps des léopards, L'heure des colonels, Les feux du désespoir, Éditions Fayard
- La guerre d'Algérie en images, Éditions Fayard
- Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, Plon, 1985
- Roger Vailland ou un libertin au regard froid, Plon, 1991