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Le Printemps d'Yver

Le Printemps d'Yver est un recueil de nouvelles de Jacques Yver, publié en 1572.

Le Printemps d'Yver
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Histoire du texte

Jacques Yver a écrit son texte vers 1570[1] et il fut publié, avec un jeu de mots, sous le nom : Le Printemps d'Yver[2].

Ce livre, écrit dans l'ombre des contes de Boccace[3], est un franc succès de librairie. Il connaît tout au long de la seconde moitié du XVIe siècle et jusque dans le premier tiers du suivant de nombreuses rééditions, tant en France qu'à l'étranger (pas moins de 32 tirages entre 1572 et 1618)[4]. En 1578, une traduction en est faite par Henry Wotton sous le titre Courtlie controversie of Cupids Cautels[5].

Composition

Il contient « cinq histoires discourues par cinq iournĂ©es, en une noble compagnie, au chasteau de Printemps Â». Il appartient au genre romanesque, renaissant en France depuis 1540.

Les Guerres de religion et leurs péripéties sont évoquées, notamment dans la cinquième histoire (Claribel et Floradin).

Eraste et Perside

Une adolescente de Rhodes, Perside, onze ans, et son ami Eraste, seize ans, se sont engagés en échangeant des cadeaux. Dans un tournoi, Eraste perd la chaîne donnée par Perside. Un chevalier la trouve et l'offre à la dame qu'il aime. Perside imagine une trahison d’Eraste, qui tue ce chevalier et part à Constantinople chez le sultan Soliman II. Soliman fait la conquête de Rhodes et sa part du butin n’est autre que Perside, qu'il offre pour épouse à Eraste, en récompense. Mais Soliman, amoureux de Perside, fait mettre à mort Eraste qu’il a obligé à revenir à Constantinople. Il assiège alors Rhodes, Perside appelle à la résistance et est tuée. Soliman, repentant, fait construire un monument funéraire dont l’épitaphe porte : « Deux amans/ Dedans cette sepulture. »[7]

Clarinde et Alègre

À Mantoue, Adilon, au service de Jules II contre les Français, est amoureux de Clarinde, fille de la marquise de Mantoue. Pour conquérir sa belle, Adilon croit habile de faire sa cour à la marquise. Fernando Gonzaga conduit chez la marquise, d'Alègre, un Français qu'il a fait prisonnier. Celui-ci tombe amoureux de Clarinde, qui s'éprend du Français. Adilon lui offre une pomme qu'il a empoisonnée,mMais c’est Clarinde qui la mange et tombe malade. D'Alègre tue alors Adilon et meurt dans les bras de Clarinde, qui à son tour, expire[8].

Guillaume le Bâtard

Guillaume le Conquérant s'éprend, à la vue de son portrait, d'une jeune fille, la princesse héritière du Danemark. Il part incognito pour le Danemark. En chemin, il boit de l'eau d'une fontaine enchantée qui fait haïr. Arrivé à la cour, il hait Amire, l'héritière , et devient amoureux d'une princesse de Suse, prisonnière au Danemark depuis l’enfance, Viergine. Tous deux s'évadent et gagnent l'Angleterre, où il se marient. Les Danois, irrités du rapt de la princesse de Suse, attaquent l’Angleterre. Plusieurs princes sujets de Guillaume, se rebellent, craignant les conséquences de la guerre, et ayant mal accueilli leur nouvelle reine venue d’ailleurs, la mettent à mort[9].

Critique

Le Printemps d'Yver est une œuvre de prose dans laquelle trois gentilshommes et deux nobles dames se racontent des histoires pour tenter de se distraire des horreurs de la récente guerre de religion et de se réjouir du bref répit apporté par la paix de 1570.

« Le recueil se prĂ©sente comme une vĂ©ritable 'DĂ©fense et illustration de la langue française', dans laquelle apparaĂ®t l’anti-italianisme d’un auteur qui rĂ©pond Ă  ceux qui 'mĂ©prisant les esprits des François, [disaient] qu’ils ne vivoient que d’emprunts'  ; considĂ©rant le succès des Histoires tragiques de Mathieu Bandello traduites par Pierre Boaistuau et François de Belleforest, Yver veut montrer que les Français ne sont 'point plus stĂ©riles en inventions, que les Ă©trangers'. Â», HervĂ© Thomas Campangne, « De l'histoire tragique Ă  la dramaturgie : Mainfray et Desfontaines lecteurs de Jacques Yver », Dix-septième siècle, vol. 227, n° 2, 2005, p. 213.

Postérité

  • Louis Le Jars, Lucelle, tragi-comĂ©die en proze françoise, disposĂ©e en actes, et scenes suivant les Grecs et Latins (Robert Mangnier, 1576) : « reprend [du Printemps] des expressions et rĂ©fĂ©rences, des citations tout Ă  fait reconnaissables »[10]
  • Eraste et Perside est adaptĂ© pour le théâtre en 1621 par Pierre Mainfray : La Rhodienne, ou la CruautĂ© de Soliman, tragĂ©die oĂą l'on voit naĂŻvement dĂ©crit les infortunes amoureuses d'Éraste et de Perside[11] - [12]
  • Soliman and Persida, publiĂ© en 1599 en Angleterre, reprend l'idĂ©e de Eraste et Perside[13]
  • BĂ©nigne Poissenot publie l'EstĂ© en 1580. Il y dĂ©clare que « celui sur ce Printemps duquel il a moulĂ© son EstĂ© est Jacques Yver, assez cognu par la France. Â»[14]

Éditions

  • Jacques Yver, Le Printemps d'Yver, contenant cinq histoires, discourues par cinq journĂ©es, en une noble compagnie, au chasteau du Printemps, Paris, Jean Ruelle, demeurant rue Saint Jacques, (lire en ligne)
  • Jacques Yver, Le Printemps d'Yver, contenant cinq histoires, discourues par cinq journĂ©es, en une noble compagnie, au chasteau du Printemps, Paris, MĂ©tayer, (lire en ligne)
  • Jacques Yver, Le Printemps d'Yver, contenant cinq histoires, discourues par cinq journĂ©es, en une noble compagnie, au chasteau du Printemps, Lyon, Rigaud, (lire en ligne)
  • Jacques Yver, Le Printemps d'Yver contenant cinq histoires discourues par cinq journĂ©es en une noble compagnie au château du Printemps, Genève, Slatkine Reprints, (lire en ligne) — reprint de Paul L. Jacob, Les vieux conteurs français, SociĂ©tĂ© du PanthĂ©on littĂ©raire, 1841, p. 519-653 lire sur Gallica
  • Jacques Yver, Marie-Ange Maignan (Ă©d.) et Marie Madeleine Fontaine (collab.), Le Printemps d'Yver, Librairie Droz, coll. « Textes littĂ©raires français » (no 632), , 756 p. (ISBN 978-2600018081).

Bibliographie

  • Jacques Yver, Marie-Ange Maignan (Ă©d.) et Marie Madeleine Fontaine (collab.), Le Printemps d'Yver, Librairie Droz, coll. « Textes littĂ©raires français » (no 632), , 756 p. (ISBN 978-2600018081)
  • Gabriel PĂ©rouse, Nouvelles françaises du XVIe siècle : images de la vie du temps, Paris, Librairie Droz, , 564 p. (ISBN 9782600030670)
  • Pierre Jourda, Conteurs français du XVIe siècle, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la PlĂ©iade », , 1520 p.
  • Jerome Schwartz, « Structures dialectiques dans le Printemps de Jacques Yver », dans The French Review, vol. 57, n° 3 (Feb., 1984), p. 291-299, États-Unis
  • ThĂ©rèse Redier et Marie-Josèphe Beaud-Gambier, Portraits singuliers. Hommes et femmes de savoirs dans l'Europe de la Renaissance, 1400-1650, Paris, Les Belles Lettres, , 378 p. (ISBN 978-2-251-34479-9), p. 246
  • Henri Clouzot, « Le Printemps d'Yver », Revue du XVIe siècle, vol. XVIII,‎ , p. 104-129
  • Frank Lestringant, Contes et discours bigarrĂ©s, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 240 p. (ISBN 9782840507482)
  • Joseph Boulmier, « Étude sur le seizième siècle : Le Printemps d'Yver », Revue de Paris, vol. XXVIII,‎ , p. 553-566 (lire en ligne, consultĂ© le )

Références

  1. PĂ©rouse, lire, p. 192.
  2. PĂ©rouse, lire, p. 217.
  3. Thérèse Redier et Marie Josèphe Beaud-Gambier, Portraits singuliers..., Paris, Les Belles Lettres, , 378 p. (ISBN 978-2-251-34479-9), p. 246
  4. PĂ©rouse, lire, p. 523.
  5. Redier, lire, p. 246.
  6. Clouzot, lire, p. 108.
  7. Robert Aulotte, « Amour, Envie, Fortune et Mort dans le Printemps (1572) de Jacques Yver Â», in Albineana, Cahiers d'AubignĂ©, n° 12, 2000, p. 201.
  8. Robert Aulotte, « Amour, Envie, Fortune et Mort dans le Printemps (1572) de Jacques Yver », in Albineana, Cahiers d'Aubigné, n° 12, 2000, p. 202.
  9. Robert Aulotte, « Amour, Envie, Fortune et Mort dans le Printemps (1572) de Jacques Yver », in Albineana, Cahiers d'Aubigné, n° 12, 2000, p. 203.
  10. Maignan.
  11. lire en ligne sur Gallica
  12. Hervé Thomas Campangne, « De l'histoire tragique à la dramaturgie : Mainfray et Desfontaines lecteurs de Jacques Yver », Dix-septième siècle, no 227,‎ , p. 211-226 (lire en ligne).
  13. Clouzot, lire, p. 129.
  14. Lestringant, lire, p. 34.
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