Le Llano en flammes
Le Llano en flammes (El Llano en llamas) est un recueil de nouvelles écrit par l'auteur mexicain Juan Rulfo. Il a été publié en tant que recueil en 1953 et réédité avec des ajouts en 1971. Il comporte des nouvelles qui se passent dans le Jalisco au sud-ouest du Mexique.
Le Llano en flammes | |
Auteur | Juan Rulfo |
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Pays | Mexique |
Genre | Recueil de nouvelles |
Version originale | |
Langue | Espagnol |
Titre | El Llano en llamas |
Éditeur | Fondo de Cultura Económica |
Date de parution | 1953 |
Version française | |
Traducteur | Gabriel Iaculli |
Éditeur | Gallimard |
Date de parution | 2001 |
Nombre de pages | 240 |
ISBN | 978-2-07-030462-2 |
Dans les nouvelles du recueil, Rulfo explore la vie rurale mexicaine dans le contexte violent de la Révolution Mexicaine et de la Guerre des Cristeros au début du XXe siècle. Il ne s'agit pas pour Rulfo de donner une représentation exotique ou régionaliste de la campagne mexicaine mais plutôt de mettre en évidence l'hostilité de cet espace à travers la voix de ses personnages[1].
Le titre du recueil est en fait le titre d'une des nouvelles qu'il comporte. Ce titre est reprĂ©sentatif de l'intĂ©gralitĂ© du recueil car ce dernier explore l'espace gĂ©ographique aride et dĂ©sertique du Llano Grande. Ă€ l'origine, le recueil devait s'intituler Les histoires de mon Oncle Celerino (Los cuentos del TĂo Celerino)[2] en hommage Ă un des oncles de l'auteur qui lui racontait des histoires lorsqu'il Ă©tait enfant.
Dans l'édition française de Gallimard, le recueil est précédé d'une préface de J.M.G Le Clézio[3].
Composition du recueil
Les différentes éditions du recueil
Plusieurs nouvelles du recueil ont d'abord fait l'objet d'une publication dans les revues mexicaines Pan et América. On nous a donné la terre (Nos han dado la tierra) est la première nouvelle que publie Rulfo en [4] dans la revue Pan suivie en [4] par Macario dans la même revue. En 1953, Rulfo publie chez l'éditeur Fondo de Cultura Económica la première version du recueil. Elle contenait les sept nouvelles publiées dans les revues littéraires et huit nouvelles inédites comme L'homme (El hombre) ou la nouvelle de clôture du recueil: Anacleto Morones.
En 1971, une deuxième Ă©dition du recueil est publiĂ©e dans laquelle l'auteur a ajoutĂ© deux nouvelles publiĂ©es entre-temps dans des revues: Le jour du tremblement de terre (El dĂa del derrumbe) et L'hĂ©ritage de Matilde Arcángel (La herencia de Matilde Arcángel)[5]. La nouvelle Paso del Norte, prĂ©sente dans l'Ă©dition de 1953 est supprimĂ©e du recueil par l'auteur. NĂ©anmoins, elle est rĂ©intĂ©grĂ©e dans l'Ă©dition posthume de l'Ĺ“uvre de Rulfo et elle figure dans l'Ă©dition française de 2001 chez Gallimard.
La composition définitive
Titre en français
table des titres[6] |
Titre original | Date de publication originale[7] | Revue de publication[7] |
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On nous a donné la terre | Nos han dado la tierra | Pan | |
La cuesta de las comadres | La cuesta de las comadres | América | |
C'est qu'on est très pauvres | Es que somos muy pobres | América | |
L'homme | El hombre | — | — |
À l'aube | En la madrugada | — | — |
Talpa | Talpa | América | |
Macario | Macario | Pan | |
Le Llano en flammes | El Llano en llamas | América | |
Dis-leur de ne pas me tuer! | ¡Diles que no me maten! | América | |
Luvina | Luvina | — | — |
La nuit où on l'a laissé seul | La noche que lo dejaron solo | — | — |
Paso del Norte | Paso del Norte | — | — |
Rappelle-toi | Acuérdate | — | — |
Tu n'entends pas les chiens aboyer | No oyes ladrar los perros | — | — |
Le jour du tremblement de terre | El dĂa del derrumbe | Mexico en la Cultura | |
L'héritage de Matilde Arcángel | La herencia de Matilde Arcángel | Cuadernos Médicos | |
Anacleto Morones | Anacleto Morones | — | — |
Le Llano entre espace géographique et non-lieu
Le Llano Grande
Toutes les nouvelles du recueil tournent autour de la région géographique du Jalisco et plus précisément le Llano Grande. Il s'agit d'une plaine aride et sèche particulièrement hostile à l'habitat et à l'agriculture. Dans On nous a donné la terre, des agriculteurs se plaignent justement « Mais, Monsieur le délégué, la terre est délavée, dure. Ça nous étonnerait, que le soc s'enfonce dans ce morceau de pierre qu'est la terre du Llano[8]». Les textes de Rulfo tournent tous autour de cet espace qu'est le Llano tout en soulignant le vide qu'il incarne pour l'Humain.
Les nombreuses références à l'espace dans lequel vivent les personnages le présentent comme un lieu sans vie et donc une mort de la parole. « Ici, on parle et avec cette chaleur qu'il fait dehors, les mots grillent dans la bouche [...] C'est comme ça, ici. Et c'est pour ça que personne n'a envie de parler[8]» explique le narrateur d'On nous a donné la terre. La Llano, constitue un lieu vide de parole et donc un espace hostile à la littérature elle-même. C. Pinçonnat remarque d'ailleurs qu'il s'agit, pour Rulfo, de faire entendre au lecteur « la parole de ces hommes sans voix longtemps restés hors du champ littéraire »[1].
Tu n'entends pas les chiens aboyer, un motif dans le recueil et un repère dans l'immensité du Llano
Un des éléments d'unité du recueil reste cette remarque constante des personnages à travers les nouvelles « On entend les chiens aboyer »[8]. On retrouve cette remarque dans plusieurs nouvelles telles qu'On nous a donné la terre, À l'aube ou encore la nouvelle Tu n'entends pas les chiens aboyer. Dans le recueil, l'aboiement des chiens constitue un motif récurrent qui sert de repère aux personnages dans l'immensité du Llano. La nouvelle Tu n'entends pas les chiens aboyer, place ce motif au centre de la nouvelle, l'aboiement des chiens représentant alors l'indication d'une ville ou d'un lieu civilisé dans la plaine hostile que les personnages traversent.
Dans un entretien[9] avec la journaliste mexicaine Elena Poniatowska, Rulfo explique : « Autrefois, dans les villages, on éteignait la lumière vers onze heures du soir et personne ne savait où aller dans l’obscurité, si les gens étaient dehors ou chez eux, et c’est seulement grâce aux chiens, grâce aux aboiements des chiens que l’on pouvait localiser quiconque, que l’on savait que des gens habitaient là . Moi-même, j’ai parcouru de nombreux llanos et lorsque la nuit je n’entendais pas les chiens aboyer, je savais que j’étais perdu. »
Références
- Pinçonnat Crystel, « La construction d'une visibilité ethnique sur la scène littéraire : le cas des écrivains amérindiens », Revue de littérature comparée, 2006/1 (no 317), p. 53-69. "Les deux écrivains ont opté pour des choix esthétiques similaires dans un même but : dépeindre la vie d’êtres survivant dans un milieu hostile, oubliés de tous, comme en marge de l’histoire. À cette fin, tous deux ont repoussé toute forme d’exotisme, pour privilégier la parole de ces hommes sans voix, longtemps demeurés hors du champ littéraire".
- Juan Rulfo (1996), "Ensayos, discursos, conferencias y prĂłlogos", dans Toda la Obra (Ed. critique par Claude Fell), Editorial Universidad de Costa Rica, p.451. (traduction libre du titre par le contributeur)
- Rulfo 1953
- Rulfo 1953, p. 9
- (es) Juan Rulfo (Nota FilolĂłgica Preliminar de Sergio LĂłpez Mena), Toda la obra, Editorial Universidad de Costa Rica, , 1044 p. (ISBN 978-84-89666-16-0, lire en ligne), p. XXXIX-XL.
- Rulfo 1953, p. 235.
- (es) Sergio LĂłpez Mena, Los caminos de la creaciĂłn en Juan Rulfo, UNAM, , 137 p. (ISBN 978-968-36-3042-1, lire en ligne), p. 97-113.
- Rulfo 1953, p. 19 Ă 23
- (es)Elena Poniatowska, Ide y vueltas: Entrevistas, Ediciones Era, "Antes, en los pueblos, apagaban la luz a las once de la noche y uno sabĂa donde andaba nadie en la oscuridad, si la gente estaba afuera o adentro de sus casas, y sĂłlo por los perros, por los ladridos de los perros, localizaba uno a los cristianos, sabĂa uno que allĂ vivĂa la gente. Yo recorrĂ muchos llanos y la noche en que no oĂa ladrar a los perros me sabĂa perdido." (traduit de l'espagnol dans l'article par le contributeur).
Voir aussi
Bibliographie
- (es) Juan Rulfo (trad. Gabriel Iaculli, préf. J.M.G Le Clézio), Le Llano en flammes, Paris, Gallimard, (ISBN 2-07-030462-0)