La pĂȘcheuse de perles
La lĂ©gende de la pĂȘcheuse de perles est une trĂšs ancienne lĂ©gende du folklore japonais.
La légende
En des temps trÚs reculés, l'empereur de Chine, désirant faire cadeau de trois magnifiques bijoux à l'empereur du Japon fait venir son émissaire.
Pendant le voyage, l'un de ces bijoux â le plus beau â est volĂ© par Ryujin, le Roi des Dragons de l'OcĂ©an. DĂ©sespĂ©rĂ©, l'Ă©missaire arrive Ă la cour impĂ©riale et explique le vol dont il a Ă©tĂ© victime.
L'empereur du Japon, impatient de rĂ©cupĂ©rer le bijou Ă n'importe quel prix, dĂ©pĂȘche son premier ministre Ă Shido, ville situĂ©e sur la cĂŽte japonaise non loin de l'endroit oĂč a eu lieu le larcin.
En arrivant Ă Shido, le premier ministre rĂ©flĂ©chit longtemps Ă la meilleure façon de rĂ©cupĂ©rer le bijou. Il s'enquiert sur les coutumes du Roi des Dragons auprĂšs d'un pĂȘcheur. Ce qu'il apprend n'est guĂšre de nature Ă le rassurer mais son inquiĂ©tude est quelque peu dissipĂ©e lorsqu'il entre en relations avec une jeune et belle plongeuse (ama en japonais) pĂȘcheuse de perles. Il l'invite Ă vivre avec lui Ă Shindo et, un an plus tard, elle donne naissance Ă un garçon. La plongeuse prie alors le premier ministre de faire de leur fils son hĂ©ritier unique. Le premier ministre, peu dĂ©sireux de revenir Ă Kyoto sans le bijou, accepte sa demande Ă condition qu'elle reprenne le bijou au Roi des Dragons. C'est une condition Ă©pouvantable mais la plongeuse accepte et retourne Ă son dur labeur.
Elle plonge, plonge encore, de plus en plus profond. Mais ses efforts demeurent vains. Un jour, au plus profond de l'océan, elle aperçoit le palais du Roi des Dragons. L'entrée en est gardée par des monstres dont elle n'a jamais vu d'équivalent auparavant. Maßtrisant sa peur, elle s'approche avec précautions et découvre que tous les habitants sont endormis. Nageant aussi vite que possible, elle arrive jusqu'au trÎne du Roi des Dragons. Elle y voit le magnifique joyau resplendissant à la lumiÚre glauque qui pénÚtre au fond de la mer. Sans hésiter, elle s'en empare et retourne vers la porte gardée. Elle commence sa longue ascension en direction de son embarcation qui l'attend à la surface.
Malheureusement elle n'est pas assez rapide. Le Roi des Dragons se rĂ©veille soudain, constate la disparition du joyau et se lance immĂ©diatement Ă sa poursuite. Il est un bien meilleur nageur que la pĂȘcheuse de perles et il sait qu'il va la rattraper avant qu'elle n'atteigne l'abri de son bateau. Alors qu'il va la rejoindre, elle se rappelle subitement que le Roi des Dragons ne supporte absolument pas le sang des ĂȘtres humains. N'ayant pas d'autre choix, elle sort son couteau de l'Ă©tui pendu Ă sa ceinture et s'ouvre la poitrine d'un seul coup. Elle glisse le prĂ©cieux bijou dans la plaie pendant que la mer se teinte de son sang. Lorsqu'elle regarde derriĂšre elle, elle voit le regard courroucĂ© du Roi Dragon disparaĂźtre dans un nuage rouge. Saignant abondamment et Ă©puisĂ©e, elle atteint enfin la surface de l'eau oĂč elle est hissĂ©e dans le bateau par les rameurs. Elle a tout juste le temps d'indiquer l'endroit oĂč elle a cachĂ© le bijou avant de mourir.
Le premier ministre a tenu parole. Il retourne Ă Tokyo accompagnĂ© par son fils pour remettre le bijou Ă l'empereur. Il fait de l'enfant son unique hĂ©ritier et, reconnaissant, ordonne Ă©galement d'Ă©lever un monument Ă la mĂ©moire de la belle et loyale pĂȘcheuse de perles. Ce monument est toujours visible au temple de Shido-ji.
Bibliographie
- (en) Adrienne Barbanson, Fables in ivory, Japanese netsuke and their legends, Rutland, Vermont & Tokyo, Japon, Charles E. Tuttle Company, .