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La Part d'ange en nous

La Part d'ange en nous (The better angels of our nature) est un ouvrage de Steven Pinker publié en anglais en 2011 et traduit en français en 2017[1].

La Part d'ange en nous
Histoire de la violence et de son déclin
Auteur Steven Pinker
Version originale
Langue anglais
Titre The better angels of our nature: Why violence has declined
Éditeur Viking Books
Date de parution 2011
ISBN 978-0-670-02295-3
Version française
Traducteur Daniel Mirsky
Éditeur Les Arènes
Lieu de parution Paris
Date de parution 2017
ISBN 978-2352046776

Thèse

Dans cet ouvrage, Pinker démontre que la violence a diminué sur plusieurs échelles : tant au niveau de la durée des conflits que leur ampleur. Cela concerne aussi bien les guerres tribales, que les homicides, ou les châtiments cruels, la maltraitance des enfants, la cruauté envers les animaux, les violences domestiques, le lynchage, les émeutes dirigées contre une minorité, ou encore les guerres civiles et entre nations.

Pinker considère qu'il est peu probable que la nature humaine (la nature biologique de l'homme) ait changĂ©. Il pense qu'il est plus probable que la nature humaine inclue les penchants pour la violence, mais Ă©galement « les bons anges de notre nature Â», les penchants s'opposant Ă  la violence. Il dĂ©crit six « grands facteurs historiques du dĂ©clin de la violence Â» qui ont tous leurs propres causes sociologiques / culturelles / Ă©conomiques[2]:

  1. « Le processus de pacification Â» - la montĂ©e de systèmes de gouvernement organisĂ©s est en corrĂ©lation avec le dĂ©clin des morts violentes. Comme les États s'Ă©tendent, ils empĂŞchent les luttes tribales, ce qui rĂ©duit les pertes.
  2. « Le processus civilisateur Â» - la consolidation des États et des royaumes centralisĂ©s dans toute l'Europe se traduit par l'augmentation de la justice pĂ©nale et des infrastructures commerciales. Cette organisation a permis de remplacer le chaos des systèmes prĂ©cĂ©dents qui pouvait conduire Ă  des raids et des violences de masse.
  3. « La rĂ©volution humanitaire Â» - Le XVIIIe au XXe siècle abandonne la violence institutionnalisĂ©e par l'État (le supplice de la roue, le bĂ»cher). Un changement probablement dĂ» Ă  l'alphabĂ©tisation de masse qui a suivi l'invention de l'imprimerie. Un progrès qui aurait permis au prolĂ©tariat de questionner la sagesse conventionnelle.
  4. « La longue paix Â» - On imaginait au XXe siècle que cette pĂ©riode serait la plus sanglante de l'histoire. Elle sera au contraire une pĂ©riode largement pacifique : 65 annĂ©es de paix depuis après la Première et la Seconde Guerre mondiale. Les pays dĂ©veloppĂ©s ne font plus la guerre (entre eux, et dans les colonies), ils adoptent la dĂ©mocratie, ce qui conduit Ă  un dĂ©clin massif (en moyenne) des dĂ©cès.
  5. « La nouvelle paix Â» - la baisse des conflits organisĂ©e de toutes sortes depuis la fin de la guerre froide.
  6. « Les rĂ©volutions des droits Â» - La rĂ©duction de la violence systĂ©mique Ă  plus petite Ă©chelle contre les populations les plus vulnĂ©rables (les minoritĂ©s raciales, les femmes, les enfants, les homosexuels, les animaux).

RĂ©ception

Le livre a Ă©tĂ© saluĂ© par de nombreux critiques et commentateurs, qui ont trouvĂ© convaincants ses arguments et sa synthèse d'un grand volume de preuves historiques[3] - [4] - [5] - [6] - [7]. Il a Ă©galement suscitĂ© des critiques sur une variĂ©tĂ© de motifs. Certains se sont demandĂ© si le nombre d'homicides par habitant Ă©tait une mesure appropriĂ©e, si Pinker ne s'Ă©tait pas laissĂ© aveugler par son athĂ©isme, s'il ne cherchait pas Ă  remettre en question les guidances morales. On lui reprochera aussi « d'avoir focalisĂ© de manière excessive sur l'histoire EuropĂ©enne Â» (bien que le livre couvre d'autres domaines), ou aussi « l'interprĂ©tation des donnĂ©es historiques Â», et encore l'image peu idyllique qu'il donne des peuples autochtones[8] - [9] - [10] - [11] - [12] - [13] - [14] - [15] - [16].

Une vision moins étriquée du monde, mais surtout de l'Histoire renverse la thèse de Pinker : « L'anthropologie comparée montre clairement que la sédentarisation des humains puis la civilisation accentuent la fréquence des guerres, leur degré d'organisation et leur violence, mesurée à l'aune du nombre de morts. Des études quantitatives ont révélé que la moitié des actes de guerre des peuples primitifs étaient accomplis de manière relativement sporadique, inorganisée et ritualisée, et peu sanglante, […] alors que toutes les civilisations dont l'histoire nous a été transmise par écrit se sont livrées, de manière routinière, à des guerres très organisées et sanglantes. »[17]

On peut également reprocher une vision étriquée de la violence qui ne prend pas en compte l'oppression, les méfaits de la colonisation, le creusement des inégalités de revenu, …

Notes et références

  1. La part d'ange en nous, Les Arènes, 2017 (ISBN 978-2352046776).
  2. (en) Steven Pinker, « The Decline of Violence », IAI (consulté le )
  3. (en) John Horgan, « Will War Ever End? Steven Pinker’s new book reveals an ever more peaceable species: humankind », Slate Magazine,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Neil Boyd, « The Empirical Evidence for Declining Violence », The Huffington Post,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Samuel Brittan, « The Better Angels of Our Nature: The Decline of Violence in History and its Causes by Stephen Pinker », The Spectator,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Scott Coffman, « Book Review: “The Better Angels of Our Nature” », Courier Journal,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Marek Kohn, « Book Review: “The Better Angels of Our Nature: The Decline of Violence in History and its Causes”, By Steven Pinker », The Independent, Royaume-Uni,‎ (lire en ligne)
  8. (en) R Epstein, « Book Review », Scientific American,‎ (lire en ligne)
  9. Neil Boyd, « The Empirical Evidence for Declining Violence », The Huffington Post,‎ (lire en ligne)
  10. (en) John Gray, « Delusions of peace », Prospect Magazine, Royaume-Uni,‎ (lire en ligne)
  11. (en) Edward S. Herman et David Peterson, « Steven Pinker on the alleged decline of violence », International Socialist Review, no 86,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Elizabeth Kolbert, « Peace In Our Time: Steven Pinker's History of Violence in Decline », The New Yorker,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Steven Pinker, « Frequently Asked Questions about The Better Angels of Our Nature: Why Violence Has Declined », sur stevenpinker.com,
  14. (en) Ben Laws, « Against Pinker's Violence », Ctheory,‎ (lire en ligne)
  15. (en) « The Big Kill – By John Arquilla », Foreign Policy,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Stephen Corry, « The case of the “Brutal Savage”: Poirot or Clouseau?: Why Steven Pinker, like Jared Diamond, is wrong », sur Survival International (consulté le ) (Summary at The myth of the “Brutal Savage”)
  17. (en) Michael Mann, « The Sources of Social Power, Volume 1: A History of Power from the Beginning to AD 1760 », Cambridge, (ISBN 9780511570896), p. 48

Liens externes

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