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La Dame n° 13

La Dame no 13 (La dama numero trece) est une œuvre de l'écrivain et psychiatre espagnol d’origine cubaine José Carlos Somoza, qui a été traduite de l'espagnol par Marianne Million aux éditions Babel et Par ailleurs.

C'est une Ĺ“uvre particulièrement originale dans le genre du fantastique, mais le polar est Ă©galement très prĂ©sent ainsi que le thème de la poĂ©sie qui paraĂ®t essentiel dans le livre. Cette Ĺ“uvre est une hybridation des genres et prĂ©sente une Ă©criture plutĂ´t saccadĂ©e, violente voire « gore Â» oĂą la poĂ©sie est utilisĂ©e comme une arme pouvant entraĂ®ner la mort Ă  qui osera dĂ©fier les 13 dames, sorcières, dĂ©tenant ce pouvoir merveilleux et horrible Ă  la fois.

« Lasciate ogni speranza voi ch’entrate. Â» : Laissez toute espĂ©rance vous qui entrez. Ce vers italien, tirĂ© du livre et inspirĂ© de Dante est en quelque sorte « l'hymne Â» de l'Ĺ“uvre et son rĂ©sumĂ© d'ensemble.

Le dĂ©but de La Dame no 13  place directement le lecteur dans une ambiance lourde et inquiĂ©tante. La prĂ©sentation du texte semble dĂ©concertante, en parfait accord avec le ton de l’œuvre. En effet, l’auteur alterne la narration normale avec ce qui semble ĂŞtre les pensĂ©es intĂ©rieures des diffĂ©rents personnages du livre. Le thème du rĂŞve très prĂ©sent au dĂ©but du texte, continuera d’être traitĂ© assez frĂ©quemment dans l’œuvre, peut-ĂŞtre dans le but de troubler davantage le lecteur dans la comprĂ©hension de l’histoire afin qu'il ne dĂ©couvre par la solution de l'intrigue.

Résumé

Cette histoire s’ouvre sur un rêve, ou plutôt un cauchemar.

L’histoire se dĂ©roule Ă  Madrid. Salomon Rulfo est un jeune enseignant et grand amateur de poĂ©sie « Il lisait partout et Ă  toute heure, mais uniquement de la poĂ©sie. Â». Il a arrĂŞtĂ© son activitĂ© de professeur d’histoire de la poĂ©sie  Ă  l’universitĂ© et est tombĂ© dans l’alcoolisme Ă  cause de la mort brutale de sa femme, Beatriz. Chaque nuit sans exception, il refait le mĂŞme cauchemar.

L’incomprĂ©hension et la peur le gagnent lorsqu’il aperçoit, lors d’un reportage Ă  la tĂ©lĂ©, une maison, semblable Ă  celle qu’il voit toutes les nuits dans ses rĂŞves et dont il ne connaissait pas l’existence.  Dans ce reportage, la journaliste dĂ©crit un crime, un crime inhumain. Selon l'enquĂŞte policière, un jeune homme que rien ne prĂ©disposait Ă  devenir un tueur se serait introduit par effraction dans la luxueuse demeure d'une ancienne riche chanteuse d'opĂ©ra et l'aurait sauvagement assassinĂ© ainsi que ses domestiques, se livrant Ă  des actes de torture horribles sur ses diffĂ©rentes victimes, innocentes. L'enquĂŞte semble Ă©trange Ă©tant donnĂ© la parfaite banalitĂ© du jeune tueur, sans antĂ©cĂ©dents juridiques.

PerturbĂ© par cette histoire, le hĂ©ros dĂ©cide de se confier Ă  son mĂ©decin, Ballesteros qui l’aidera par la suite Ă  dĂ©couvrir le sens cachĂ© de ses rĂŞves dont la cause serait certainement restĂ©e inconnue s'il n'avait pas dĂ©cidĂ© de se rendre lui-mĂŞme sur les lieux du crime, vision de son cauchemar rĂ©current. Dans sa quĂŞte de la vĂ©ritĂ©, Rulfo rencontrera Raquel, une femme pour le moins intrigante qui fait le mĂŞme rĂŞve que lui et ne se souvient pas de sa vie passĂ©e, avant de devenir prostituĂ©e et d’être condamnĂ©e Ă  vivre dans la vĂ©tustĂ© la plus complète par son patron. MaltraitĂ©e et rabaissĂ©e par ses violents clients, sa rencontre (hasardeuse ?) avec le hĂ©ros lui permettra de dĂ©buter, avec son jeune enfant, une nouvelle vie plus heureuse Ă©tant donnĂ© que Raquel et le hĂ©ros s’aimeront de façon respectueuse et discrète.

Rulfo et Raquel dĂ©couvriront l’horrible vĂ©ritĂ© des dames, au nombre de 13 mais dont on ne doit surtout pas mentionner la treizième. En effet, ayant volĂ© un objet qui leur appartient dans la maison du crime, les deux personnages vont se retrouver au cĹ“ur d’une intrigue palpitante, semblable Ă  une intrigue policière si ce n’est que le fantastique a une part beaucoup plus importante.  « La maison Ă©tait ouverte. Rulfo ne s’expliquait pas comment car Ballesteros et lui avaient pu constater le contraire Ă  peine une heure plus tĂ´t, mais c’était le cas maintenant. Â»

Construite sur une lĂ©gende ancienne, l’intrigue est surprenante car elle met en scène des femmes malĂ©fiques, pouvant revĂŞtir plusieurs apparences, et faisant emprise sur les poètes du monde : elles sont leurs muses et les inspirent de manière magique dans le but de leur faire Ă©crire les plus beaux vers. Ceux-ci leur sont ensuite volĂ©s afin qu’elles puissent s’en servir comme arme de torture.

Les dames, voulant rĂ©cupĂ©rer l’objet, appelĂ© imago et dont la fonction est bien prĂ©cise, vont tendre un piège a Rulfo et Raquel, menacĂ©s de mort. Ils devront trouver un moyen de contourner le piège s’ils veulent survivre car les dames, aussi surprenant que cela puisse paraĂ®tre, torturent leurs ennemis en leur inscrivant des vers de poètes cĂ©lèbres sur le corps ou seulement en les rĂ©citant. Ces vers s’appellent des « phylactères Â».

Qui est donc la dame No 13, et quel secret cache Raquel ? Ne se souvient-elle vraiment pas de sa vie passĂ©e ou manipule-t-elle Rulfo ? Ignorait-t-elle vĂ©ritablement l’existence des dames ?

Extraits

« Il savait qu’en haut se trouvait sa vĂ©ritable victime. L’escalier dĂ©bouchait sur un long couloir recouvert de moquette et dĂ©corĂ© de bustes classiques placĂ©s sur des piĂ©destaux. L’ombre de l’homme Ă©clipsait les bustes au fur et Ă  mesure qu’il passait devant eux : Homère, Virgile, Dante, PĂ©trarque, Shakespeare…silencieux et morts Ă  l’intĂ©rieur de la pierre, inexpressifs comme des tĂŞtes dĂ©capitĂ©es. Il parvient au bout du couloir et traversa une antichambre rĂ©vĂ©lĂ©e de façon magique par la lumière verte intense d’un aquarium posĂ© sur un socle en bois. C’était un objet spectaculaire, mais l’homme ne s’arrĂŞta pas pour le contempler. Il ouvrit une porte Ă  double battant situĂ©e Ă  cĂ´tĂ© de l’aquarium et, avec une lampe Ă©lectrique, convoqua les formes d’un lustre, de plusieurs fauteuils et d’un lit Ă  baldaquin. Sur le lit, une silhouette floue. Elle se rĂ©veilla lorsqu’il tira le drap brusquement. C’était une femme jeune aux cheveux très courts, mince, presque frĂŞle. Elle Ă©tait nue, et, quand elle se redressa, le bout de ses seins menus pointa vers la lampe. La lumière aveuglait son regard bleu. Il n’y eut pas d’échange de paroles, tout juste des sons. Simplement l’homme

Non
Se jeta sur elle.
Je ne veux pas
La nuit se poursuivait au-dehors
Silence. Flux du temps.
Alors il se passe quelque chose. De façon lente mais imperceptible, la tête de la femme se met à bouger. Je ne veux pas rêver
Elle se tourne jusqu’à se retrouver sur la nuque, se redresse par secousses maladroites et s’appuie sur le cou tranché. Elle a les yeux écarquillés.
Je ne veux plus rĂŞver
Et elle parle.
« Les dames sont treize : la No 1 Invite, la No 2 Surveille, la No 3 Punit, la No 4 Rend fou, la No 5 Passionne, la No 6 Maudit…
- La No 7 Empoisonne, rĂ©citait le vieux, tandis que l’enfant lisait sans un seul murmure, sans une seule erreur. La No 8 Conjure, la No 9 Invoque, la No 10 ExĂ©cute, la No 11 Devine, la No 12 ConnaĂ®t. Il s’arrĂŞta et sourit. Ce sont les dames. Elles sont treize, elles sont toujours treize, mais on n’en cite que douze, tu vois ? … Tu ne dois en mentionner que douze, ne te risques jamais, mĂŞme en rĂŞve, Ă  parler de la dernière. Pauvre de toi si tu mentionnais la treize ! Tu crois que je mens ? Â»''
« Subitement, une douleur comme il n’en avait jamais ressenti, hĂ©rissĂ©e, cristalline, très pure, tranchante comme l’éclair, lui transperça l’estomac et le fit tomber Ă  genoux sur le gazon, incapable mĂŞme de crier
- Baudelaire, il entendit la voix lointaine de la femme. Premier vers de l’Albatros. Â»''

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