L'Enfance d'un chef
L'Enfance d'un chef est une nouvelle d'un peu plus d'une centaine de pages de Jean-Paul Sartre. InspirĂ©e par les techniques romanesques de Dos Passos[1], lâĆuvre a Ă©tĂ© publiĂ©e en 1939 avec quatre autres nouvelles dans un recueil intitulĂ© Le Mur.
L'Enfance d'un chef | |
Publication | |
---|---|
Auteur | Jean-Paul Sartre |
Langue | français |
Parution | 1939 |
Recueil | |
Intrigue | |
Genre | Fiction |
Date fictive | DĂ©but XXe siĂšcle |
Lieux fictifs | France |
Personnages | Lucien Fleurier |
Résumé
L'Ćuvre raconte l'histoire de Lucien Fleurier, depuis sa tendre enfance, oĂč son entourage le trouve beau et mignon, au point de le confondre parfois avec une fille[2], jusqu'Ă la fin de l'adolescence, oĂč il comprend qu'il sera un « chef »[3]. Entre les deux, il tentera de se connaĂźtre par l'introspection (intĂ©rĂȘt pour la psychanalyse) et par d'autres modĂšles proposĂ©s par ses quelques frĂ©quentations mais auxquels il finit toujours par se sentir Ă©tranger. C'est aprĂšs avoir observĂ© le respect qu'il impose en refusant dĂ©libĂ©rĂ©ment de serrer la main d'un juif qu'il comprend comment il deviendra un chef, prĂ©occupation qui l'habitait depuis son enfance du fait que son pĂšre est propriĂ©taire d'une usine et le destine Ă prendre sa relĂšve.
Style et approche
Bien qu'Ă©crite Ă la troisiĂšme personne, l'Ćuvre prĂ©sente l'histoire de Lucien dans une optique introspective, en nous faisant suivre les mĂ©andres de sa pensĂ©e, de ses perceptions et de ses constats au fil de ses expĂ©riences. Celles-ci sont prĂ©sentĂ©es d'une façon un peu impressionniste, dans un ordre chronologique mais sans repĂšres temporels prĂ©cis, avec des phrases gĂ©nĂ©ralement courtes et factuelles et des paragraphes longs et parfois hĂ©tĂ©roclites, sans chapitres ni aucune autre division.
Citations
- « Lucien voulut savoir comment papa parlait aux ouvriers quand il Ă©tait Ă l'usine, et papa lui montra comment il fallait s'y prendre, et sa voix Ă©tait toute changĂ©e. âEst-ce que je deviendrai aussi un chef ? demanda Lucien. â Mais bien sĂ»r, mon bonhomme, c'est pour cela que je t'ai fait. â Et Ă qui est-ce que je commanderai ? â Eh bien, quand je serai mort, tu seras le patron de mon usine et tu commanderas Ă mes ouvriers. [âŠ] il faudra que tu saches te faire obĂ©ir et te faire aimer.â »
- « Lucien prit Maud dans ses bras ; il Ă©tait un peu gĂȘnĂ© parce que Fanny les regardait : il aurait voulu que le baiser fĂ»t long et rĂ©ussi, mais il se demandait comment les gens faisaient pour respirer. Finalement, ça n'Ă©tait pas si difficile qu'il pensait, il suffisait d'embrasser de biais, pour dĂ©gager les narines. »
- « Il ressentait un orgueil amer. âVoilĂ ce que c'est que de tenir fortement Ă ses opinions ; on ne peut plus vivre en sociĂ©tĂ©.â »
Adaptation
La nouvelle est portĂ©e Ă l'Ă©cran en 2015 par Brady Corbet et met en scĂšne BĂ©rĂ©nice Bejo et Liam Cunningham en tant que couple de parents de Lucien, jouĂ© par Tom Sweet, ainsi que Robert Pattinson dans le rĂŽle d'un ami de la famille, se rĂ©vĂ©lant ĂȘtre Ă©galement un amant de la mĂšre et le vrai pĂšre du jeune garçon.
Références
- Vanessa Besand, « ââLâenfance dâun chefââ et les romanciers amĂ©ricains », Ătudes françaises, vol. 49, no 2,â , p. 35-45 (lire en ligne)
- « Mme Portier avait dit Ă maman : âVotre petit garçon est gentil Ă croquer. Il est adorable dans son petit costume d'ange.â » (premier paragraphe du rĂ©cit).
- « Le vrai Lucien â il le savait Ă prĂ©sent â, il fallait le chercher dans les yeux des autres, dans l'obĂ©issance craintive de Pierrette et de Guigard, dans l'attente pleine d'espoir de tous ces ĂȘtres qui grandissaient et mĂ»rissaient pour lui, de ces jeunes apprentis qui deviendraient ses ouvriers [...]. Lucien avait presque peur, il se sentait presque trop grand pour lui. Tant de gens l'attendaient, au port d'armes, et lui il Ă©tait, il serait toujours cette immense attente des autres. âC'est ça, un chefâ, pensa-t-il. » (derniĂšres pages).