L'Éternel Jugurtha
L'Éternel Jugurtha est l'œuvre majeure de Jean Amrouche publiée en 1946[1] - [2].
L'Éternel Jugurtha Propositions sur le génie africain | |
Auteur | Jean Amrouche |
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Pays | Algérie |
Genre | Essai |
Éditeur | L'Arche |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1946 |
Structure et contenu
Dans cet essai, Jean Amrouche, auteur algérien de langue française écartelé par sa double appartenance identitaire, fait revivre l'une des figures fondatrices du roman national, Jugurtha, résistant à la domination romaine, alors que lui-même, partisan de l'indépendance de l'Algérie, souffre des relations qu'il juge décevantes entre le Maghreb et l'Occident sous la colonisation française. En 1938, il évoque déjà à la radio la figure de Jugurtha, en souhaitant qu'apparaisse « l’aube d’une civilisation planétaire où seraient harmonieusement fondues toutes les valeurs que l’homme a peu à peu tirées de la nuit »[3].
Dans son autoportrait sous les traits de Jugurtha, qui représente aussi non seulement les Kabyles mais tous les Maghrébins de son époque[4], il dépeint son enracinement africain, sa capacité de révolte, tout en critiquant l'hyperadaptabilité aux normes de l'étranger, avec des revirements incompréhensibles[5] :
« Jugurtha s’adapte à toutes les conditions, il s’est acoquiné à tous les conquérants ; il a parlé le punique, le latin, le grec, l’arabe, l’espagnol, l’italien, le français, négligeant de fixer par l’écriture sa propre langue ; il a adoré, avec la même passion intransigeante, tous les dieux. Il semblerait donc qu’il fût facile de le conquérir tout à fait. Mais à l’instant même où la conquête semblait achevée, Jugurtha, s’éveillant à lui-même, échappe à qui se flattait d’une ferme prise. Vous parlez à sa dépouille, à un simulacre, qui vous répond, acquiesce encore parfois ; mais l’esprit et l’âme sont ailleurs, irréductibles et sourds, appelés par une voix profonde, inexorable, et dont Jugurtha lui-même croyait qu’elle était éteinte à jamais. Il retourne à sa vraie patrie, où il entre par la porte noire du refus[4]. »
Notes et références
- Jean Déjeux, « Jean Amrouche, L'éternel Jugurtha. Actes du colloque de Marseille du 17 au 19 octobre 1984 aux Archives de la Ville. », Hommes et Migrations, no 1109,‎ (lire en ligne).
- « Jean Amrouche », sur britannica.com.
- « Chronique des 2 Rêves : Jean El-Mouhouv Amrouche ou l’Éternel Jugurtha », sur reporters.dz, .
- « Jugurtha a-t-il sa place à Ighil Ali ? » sur kabyles.com, 16 avril 2012.
- François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, Karthala, (lire en ligne), p. 16.
Bibliographie
- Jean Amrouche, L'Eternel Jugurtha, L'Arche, 1946. Rééd. dans Algérie, un rêve de fraternité. textes réunis et présentés par Guy Dugas. Paris Omnibus, 1997, pp. 373-385.
- Jacques Alexandropoulos, « Jugurtha héros national : jalons sur un itinéraire », Anabases, no 16,‎ (DOI 10.4000/anabases.3872, lire en ligne).