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Jus de non evocando

Le Jus de non evocando est un principe général du droit qui permettait à tout justiciable d'exiger d'être jugé devant la juridiction dont il relève le plus directement, et donc de s'opposer à ce que le procès soit instruit et jugé ailleurs, juridiction de rang inférieur ou éloignée généralement.

Il est présent dans plusieurs constitutions et une notion importante de droit international par laquelle les États refusent parfois d'extrader leurs citoyens vers un autre État. Le principe a également été avancé devant les tribunaux ad hoc puisqu'ils ont affirmé leur primauté[1].

Histoire

Historiquement, le droit d’appellation et d’évocation (Appellations- und Evokationsrecht ; jus appelando et jus evocando) dĂ©signe le droit de l’Empereur, juge suprĂŞme dans l’Empire, de s’emparer et de dĂ©cider de tout litige au dĂ©triment d’autres pouvoirs juridiques. Dans le contexte d’une opposition grandissante avec les Ă©tats d’Empire, ce droit fut de plus en plus contestĂ© par les pouvoirs territoriaux qui obtinrent finalement que certains procès ne puissent plus – ou seulement sous des conditions particulières – ĂŞtre transfĂ©rĂ©s devant les tribunaux d’Empire.

La plupart des princes les plus puissants obtiennent d’abord des privilegia de non evocando (Nichtevokationsprivilegien, privilèges de ne pas ĂŞtre soumis au droit d’évocation), parfois dès le 14e siècle (pour les trois Ă©lecteurs ecclĂ©siastiques et le roi de Bohème dans la première moitiĂ© du siècle, pour les autres princes-Ă©lecteurs avec la Bulle d’Or en 1356). Dans certains cas, ces privilèges furent complĂ©tĂ©s par le droit d’interdire aux sujets de se tourner vers les tribunaux d’un autre territoire (Gerichtsstandprivilegium, privilège de la compĂ©tence judiciaire). Avec l’instauration de la Chambre de justice ImpĂ©riale en 1495, ces deux privilèges perdirent pourtant leur sens car le règlement du nouveau tribunal stipulait clairement que chaque sujet ne devait ĂŞtre soumis en première instance qu’à la juridiction de son prince territorial.

L’instrument de l’appellation (du latin appellare) donnait aux sujets le droit de faire appel auprès des tribunaux d’Empire contre une dĂ©cision de la justice territoriale Ă  laquelle ils Ă©taient soumis. Il ne s’impose dans l’Empire qu’au cours du 15e siècle et avec la rĂ©ception du droit romain. Pour contrer ce nouveau rĂ´le de la justice impĂ©riale, celui d’une instance de contrĂ´le par rapport aux juridictions territoriales, la plupart des Ă©tats d’Empire tentent d’obtenir des exceptions Ă  cette règle, les privilegia de non appellando (privilèges d’interdire aux sujets de faire appel auprès des tribunaux d’Empire). Ces privilèges pouvaient ĂŞtre illimitĂ©s (dans ce cas, tout appel Ă©tait interdit, sauf pour des procès refusĂ©s ou dĂ©libĂ©rĂ©ment retardĂ©s – ce droit supposait gĂ©nĂ©ralement l’existence d’une justice territoriale Ă  plusieurs niveaux et donc la possibilitĂ© de faire appel auprès d’une cour supĂ©rieure de justice territoriale) ou limitĂ©s (dans ce cas, l’appel Ă©tait possible pour certaines sortes de conflits ou Ă  partir d’une valeur fixĂ©e du litige). Pour faire respecter ces privilèges, dans la salle d’audience de la Chambre de justice impĂ©riale, un panneau Ă©tait fixĂ© au mur avec la liste de tous les Ă©tats d’Empire qui en jouissaient.

Problèmes de traduction

Le langage juridique allemand de l’époque moderne se rĂ©fĂ©rant gĂ©nĂ©ralement aux formes latines, il est prĂ©fĂ©rable de ne pas traduire cette formule (ou de traduire seulement le mot privilegium = privilège). Si une traduction paraĂ®t pourtant inĂ©vitable, il ne sera pas possible de recourir Ă  une simple translation littĂ©rale (« privilège de ne pas faire appel Â»), trop imprĂ©cise (privilège donnĂ© Ă  qui ?, appel par et Ă  qui ?). Il faudrait donc procĂ©der Ă  une explication complète en mettant « privilège donnĂ© Ă  un Ă©tat d’Empire d’interdire Ă  ses sujets de faire appel auprès des tribunaux d’Empire Â».

Notes et références

  1. Jo Stigen, Les Relations entre la Cour pénale internationale et les juridictions nationales, Martinus Nijhoff Publishers, 2008, p. 15.
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