AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Jukai

L'ordination bouddhiste (japonais Jukai (ć—æˆ’), Chinois shĂČu-jiĂš (ć—æˆ’), corĂ©en sugye (ìˆ˜êł„) est la cĂ©rĂ©monie d'ordination publique au cours de laquelle une personne reçoit certains prĂ©ceptes bouddhistes[1]. Le caractĂšre 揗 signifie «recevoir», tandis que 戒 signifie «prĂ©ceptes». GĂ©nĂ©ralement il s’agit de fidĂšles laĂŻcs qui officialisent leur engagement dans le bouddhisme, et reçoivent un nom bouddhique.

Préceptes majeurs

Cette cĂ©rĂ©monie concerne gĂ©nĂ©ralement des laics, qui dĂ©cident d’entrer officiellement dans la pratique bouddhique. Les cinq prĂ©ceptes majeurs sont :

  1. Affirmez la vie: ne tuez pas;
  2. Donnez: ne prenez pas ce qui n'est pas donné librement;
  3. Honorez le corps: ne vous engagez pas dans une inconduite sexuelle;
  4. Vérité manifeste: ne parlez pas faussement ou de façon trompeuse;
  5. Procédez clairement: ne troublez pas l'esprit avec des substances intoxicantes.

Cas du zen sĂŽtĂŽ

Contrairement aux autres traditions, dans le zen sĂŽtĂŽ ce sont 13 prĂ©ceptes qui sont transmis (on dit parfois 16 en comptant la prise de refuge)[2], mais surtout cette cĂ©rĂ©monie est rĂ©pĂ©tĂ©e de nombreuses fois, aussi bien pour les laics ayant dĂ©jĂ  pris refuge que pour les moines/nonnes. Lors des cĂ©rĂ©monies funĂ©raires, les prĂ©ceptes sont confĂ©rĂ©s au dĂ©funt, selon le mĂȘme rituel que s’il Ă©tait vivant[3].

Contrairement Ă  d’autres Ă©coles anciennes comme le ThĂ©ravada, le fait de briser les prĂ©ceptes n’entraine pas une perte du statut de moine ou de nonne, mais doit amener Ă  plus de fermetĂ© dans la rĂ©solution de ne pas les briser. Cette diffĂ©rence provient du fait que les prĂ©ceptes des Bodhisattvas ne sont pas des rĂšgles de conduite mais des idĂ©aux tellement Ă©levĂ©s qu’il est impossible de ne pas les briser (par exemple, ne pas tuer d’ĂȘtres vivants est impossible car il faut manger).

Dans les temples traditionnels, les prĂ©ceptes (kai) sont rĂ©citĂ©s tous les 15 jours lors de la cĂ©rĂ©monie de la confession (Fusatsu ćžƒè–©)[4]. La signification de cette cĂ©rĂ©monie est de prendre la rĂ©solution de continuer une bonne pratique (ou dans le pire des cas, de (re)commencer une bonne pratique), en Ă©vitant dĂ©sormais de rĂ©pĂ©ter les erreurs qu'on a pu identifier. La traduction en «cĂ©rĂ©monie du repentir» est inadĂ©quate.

« [Ejo] Question [11] : Ceux qui se consacrent à la méditation assise doivent-ils toujours strictement observer les préceptes et la discipline ?

[DĂŽgen] RĂ©ponse : L'observation des prĂ©ceptes et la pratique brahmique ne sont autres que le cadre de la porte du zen et le vent qui souffle de la maison des ÉveillĂ©s et des Patriarches. Quant Ă  ceux qui n'ont pas encore reçu de prĂ©ceptes ou Ă  ceux qui les ont transgressĂ©s, ils ne sont pas pour autant exclus d'y avoir part[5]. »

Variations selon les pays

Les détails de la cérémonie diffÚrent considérablement selon les pays et les écoles du bouddhisme.

École Sƍtƍ

Dans l'Ă©cole Sƍtƍ, aprĂšs avoir pris l’engagement d’un nouveau dĂ©part, les laĂŻcs aussi bien que les moines/nonnes prennent refuge dans les Trois TrĂ©sors (Bouddha, Dharma et Sangha), les Trois Purs PrĂ©ceptes. Puis ils reçoivent d’un maĂźtre les 10 prĂ©ceptes des Bodhisattvas (dont les 5 majeurs), un nom bouddhiste et un rakusu (habit traditionnel)[2].

Cette cĂ©rĂ©monie est inspirĂ©e du Tendai, car DĂŽgen Zenji l’a introduite dans le zen pour renforcer l’idĂ©al du Bodhisattva, mais aussi parce que lui-mĂȘme n’avait reçu que les prĂ©ceptes des bodhisattvas dans le Tendai[2].

Les 3 purs préceptes :

1) Ne pas créer le mal, en se mettant en accord avec les rÚgles de moralité

2) Pratiquer le bien, en se mettant en accord avec la Loi du Bouddha

3) ƒuvrer pour le bien des autres, en s'harmonisant avec tous les ĂȘtres.

En plus des 5 préceptes majeurs :

6) ne pas parler des dĂ©fauts des autres 7) ne pas se vanter en diminuant les autres 8) ne pas ĂȘtre avare de dons ou d'efforts pour le bien 9) ne jamais cĂ©der Ă  la colĂšre 10) ne jamais dire de mal des Trois trĂ©sors[2].

Aux États-Unis, les laĂŻcs ne reçoivent que les 5 prĂ©ceptes majeurs.

École Rinzai

Dans l' école Rinzai, les pratiquants prennent réfuge dans les Trois Trésors et, à l'instar des pratiques chinoises et coréennes dérivées de l'Inde, ils reçoivent les cinq préceptes pour les laïcs.

Corée du Sud

Carte d'ordination donnée à ceux qui rejoignent l' Ordre Jogye, portant le nouveau nom bouddhiste de l'ordonné et signifiant son engagement à respecter les cinq préceptes .

En CorĂ©e du Sud, le rituel, appelĂ© sugye (ìˆ˜êł„), consiste Ă  se rĂ©fugier formellement dans les trois TrĂ©sors du bouddhisme : le Bouddha, le Dharma et la Sangha, et d'accepter les cinq prĂ©ceptes . Pendant le rituel, l'initiĂ© est touchĂ© avec un bĂąton d'encens brĂ»lant. Il s'agit de laisser une marque permanente qui sert Ă  rappeler Ă  l'initiĂ© sa promesse de respecter les cinq prĂ©ceptes. Pendant (ou juste aprĂšs) la cĂ©rĂ©monie, l'initiĂ© reçoit un nom bouddhiste[6].

Chine

En Chine, le rituel s'appelle shĂČu-jiĂš (ć—æˆ’). Le caractĂšre 揗 signifie «recevoir», tandis que 戒 signifie «prĂ©ceptes». Pris ensemble, les personnages se traduisent par «initié» ou «ordonné».

Beaucoup de gens croient au bouddhisme mais ne passent par aucune cérémonie d'initiation. Ces bouddhistes constituent l'écrasante majorité. Seule une petite partie des bouddhistes est passée par la cérémonie qui fait du destinataire un upasaka ou upasika et a accepté les cinq commandements. Ce sont des bouddhistes officiels[7].

Lewis Hodous, dans son livre de 1920 Buddhism and Buddhists in China commente Ă©galement la cĂ©rĂ©monie chinoise, aprĂšs avoir enregistrĂ© une cĂ©rĂ©monie d'initiation pour ceux qui entrent dans la vie monastique et pour les laĂŻcs: "L'initiation des frĂšres et sƓurs laĂŻcs Ă©tait moins privĂ©e, marquĂ© sur le poignet droit, tout en entonnant «Na-mah Pen-shih Shih-chia-mou-ni Fo». (Je mets ma confiance en mon professeur originel, SĂ€kyamuni-Bouddha. ) " [8] En notation moderne et en chinois, ce serait Ă©crit" Namo Benshi Shijiamouni-Fo "(捗 無 æœŹ ćž« é‡‹èżŠç‰Ÿć°Œ 䜛).

Notes et références

  1. Johnson, 55
  2. (en) Shoaku Okumura, « The Bodhisattva Precepts in Soto Zen Buddhism », Dharma Eye,‎ , p. 1-3 (lire en ligne)
  3. (en) Steven Heine et Dale Stuart Wright, Zen ritual : studies of Zen Buddhist theory in practice, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-804146-7), p 72
  4. (en) traduit par T. Griffith Foulk, Standard Observances of the Soto Zen School, volume 1, SƍtƍshĆ« ShĆ«muchƍ, , 673 p., p 91
  5. DÎgan, ShÎbÎgenzÎ : la vraie loi, trésor de l'oeil, Sully, (ISBN 978-2-35432-328-8), Chapitre BendÎwa
  6. Hellmann, web
  7. Ling, 184
  8. Hodus, 13

Voir aussi

Bibliographie

  • William M. Bodiford, Sƍtƍ Zen in Medieval Japan, University of Hawaii Press, (ISBN 0-8248-1482-7, lire en ligne)
  • Thubten Chodron, Blossoms of the Dharma: Living as a Buddhist Nun, North Atlantic Books, (ISBN 1-55643-325-5, lire en ligne)
  • Hellmann, « Buddhist Rites of Religious Initiation », Jumping the Asymptote, (consultĂ© le )
  • Lewis Hodus, Buddhism and Buddhists in China, New York, The MacMillan Company, (OCLC 1081492)
  • Fenton Johnson, Keeping Faith: A Skeptic's Journey, Houghton Mifflin, (ISBN 0-618-00442-4, lire en ligne)
  • Haicheng Ling, Buddhism in China, Chinese Intercontinental Press, (ISBN 7-5085-0535-2, OCLC 62320660)
  • Phillip Olson, The Discipline of Freedom: A Kantian View of the Role of Moral Precepts in Zen Practice, State University of New York Press, (ISBN 0-7914-1115-X, lire en ligne)
  • Richard Hughes Seager, Buddhism In America, Columbia University Press, (ISBN 0-231-10868-0, OCLC 40481142)
  • Michelle Spuler, Developments in Australian Buddhism: Facets of the Diamond, Routledge, (ISBN 0-7007-1582-7, OCLC 49952207)
  • (en) Charles S. Prebish, , New Delhi, Vision Books, 2003, 280 p. (ISBN 978-81-7094-522-2), p. 145.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.