Jin Shizong
L'empereur Jin Shizong (-) (chinois : éäžćź ; pinyin : ) Ă©tait un empereur de la dynastie Jin, la dynastie Jurchen qui rĂ©gna en Chine du nord. Il rĂ©gna du au .
Empereur Jin Shizong | |
Naissance | 1123 |
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DĂ©cĂšs | 20 janvier 1189 (Ă 66 ans) |
Nom de famille | Wanyan Yong ćźéĄé Nom de naissance : Wanyan Xiu ćźéĄè€ |
Dates 1er rĂšgne | 27 octobre 1161 â 20 janvier 1189 |
Nom de l'Ăre | DĂ dĂŹng ć€§ćź |
Dates de l'Ăre | 1161 â 1189 |
Son nom Jurchen Ă©tait Wanyan Wulu (ćźéĄçç„ż, WĂĄnyĂĄn WĆ«lĂč), son nom chinois Wanyan Yong (ćźéĄé, WĂĄnyĂĄn YĆng) et Wanyan Bao (ćźéĄè€, WĂĄnyĂĄn BÄo)[1]. Son nom de pĂ©riode Ă©tait Dading (性ćź, DĂ dĂŹng).
Biographie
Enfance
Wanyan Wulu Ă©tait un des petits fils de Wanyan Aguda, le fondateur de la dynastie, et le fils du cĂ©lĂšbre Wanyan Zongfu, premier gĂ©nĂ©ral des Jin (ćźéĄćźèŒ ; nom de courtoisie ćźéĄćźć Ż : Wanyan Zongyao). Wulu perdit son pĂšre Ă lâĂąge de 12 ans et grandit sous lâinfluence de sa mĂšre qui appartenait Ă la noblesse. Elle Ă©tait issue dâune famille Bohai sinisĂ©e de Liaoyang. Ă la mort de son Ă©poux, la mĂšre de Wulu renonça Ă la tradition jurchen et prĂ©fĂ©ra entrer dans les ordres plutĂŽt que de se remarier avec un membre de sa belle famille. GrĂące Ă sa mĂšre et Ă la famille de cette derniĂšre, Wulu reçut une Ă©ducation chinoise appropriĂ©e. Sa connaissance des classiques chinois nâavait rien Ă envier aux autres empereurs du pays[1].
Il semblerait que Wulu ait aussi Ă©tĂ© influencĂ© par la femme quâil avait Ă©pousĂ©e avant de devenir empereur. Son nom de jeune fille Ă©tait Wulinda (çæè ). Elle lui avait conseillĂ© dâĂȘtre patient et de feindre la loyautĂ© envers son cousin, lâempereur Hailingwang (aussi connu sous le nom de Wanyan Liang). Hailingwang admirait Wulinda mais, lorsquâil lâinvita Ă sa cour privĂ©e en 1151, elle se suicida. Des hostilitĂ©s profondes Ă©clatĂšrent alors entre les deux cousins[1].
En 1161, lâempereur Hailingwang souhaitait rĂ©unifier la Chine sous lâempire des Jurchens et envahit les Songs du Sud. Il envoya des agents pour assassiner un nombre important de membres de sa famille afin dâasseoir son pouvoir au sein de lâĂtat Jin. Wulu, aussi sur la liste, se souleva contre lâempereur. Les politiques de sinisation culturelle et de centralisation des pouvoirs, ainsi que les pertes humaines engendrĂ©es dans lâaventure sudiste de lâempereur mĂ©contentĂšrent un grand nombre d'officiers et d'aristocrates jurchens qui suivirent la rĂ©volte. On raconte que le premier officier Ă avoir soutenu la rĂ©volte serait Wanyan Mouyan (ćźéĄèŹèĄ). Hailingwang fut rapidement assassinĂ© et Wulu devint le nouvel empereur sans avoir eu Ă livrer combat contre son cousin[1].
RĂšgne de Jin Shizong
Une fois sur le trĂŽne, Wulu, aujourdâhui connu sous le nom dâempereur Shizong, mit un terme au plan dâinvasion des Song du Sud et Ă la politique intĂ©rieure de sinisation dâHailingwang. MalgrĂ© son excellente connaissance de la civilisation chinoise, Shizong pensait que la force des Jurchens dĂ©pendait de leur culture « simple et sincĂšre ». Il attribuait souvent la dĂ©faite Ă lâabandon de celle-ci de la part dâHailingwang. Il nâĂ©tait pas opposĂ© Ă la culture chinoise en tant que telle puisquâil avait une fois dĂ©clarĂ© que le mode de vie « droit et loyal » des Jurchens correspondait aux enseignements des vieux sages chinois. Cependant, il considĂ©rait que la simple lecture des classiques sans une mise en pratique des idĂ©es quâils vĂ©hiculent Ă©tait contre-productif[1].
Pendant son rĂšgne, il confisqua les terres que sâĂ©taient emparĂ©s les propriĂ©taires terriens jurchens et les redistribua aux colons du mĂȘme peuple au nord de la Chine. Mais de nombreux Jurchens prĂ©fĂ©raient boire plutĂŽt que travailler leurs terres quâils louaient Ă des fermiers chinois. Lâempereur reprochait Ă son peuple dâabandonner son esprit pratique et de dĂ©laisser des activitĂ©s militaires, comme le tir Ă lâarc ou lâĂ©quitation. Pour montrer lâexemple Ă ses sujets, Shizong fit de la chasse une activitĂ© royale annuelle. De 1162 Ă 1188, il chassait presque tous les automnes et hivers. Il aimait Ă©galement le tir Ă lâarc et les jeux de ballon[1].
Peu de temps aprĂšs avoir accĂ©dĂ© au trĂŽne, Shizong entreprit de promouvoir la culture et la langue jurchens. Il entama un projet de traduction des classiques chinois en jurchen ; le premier ouvrage publiĂ© Ă©tant lâhistoire classique chinoise (« Shang shu »). Ă la fin de lâĂšre Da Ding, beaucoup dâautres classiques chinois devinrent disponibles dans la langue de l'empereur.
Au dĂ©but de son rĂšgne, Shizong affecta 3 000 hommes Ă lâĂ©tude de la langue jurchen. DĂšs 1173, lâĂ©tat dĂ©livrait des diplĂŽmes « jinshi » (en jurchen) et crĂ©a lâAcadĂ©mie ImpĂ©riale Jurchen (ć„łçćććž) dans la capitale et dans les Ă©coles des circuits (lu) de lâempire. Aujourdâhui, les spĂ©cialistes pensent que proposer des examens « jinshi » avait plus pour objectif de promouvoir le savoir jurchen que de recruter plus de Jurchens au service de lâĂ©tat ; la plupart des dĂ©tenteurs de ces diplĂŽmes finissant par enseigner la langue ou les classiques chinois traduits dans cette langue[1].
Shizong exigeait que le service public sâadresse aux Jurchens dans leur langue. En 1174, les gardes impĂ©riaux durent, eux aussi, remplacer le chinois par le jurchen. En 1183, on leur distribua mille copies de lâĂ©dition jurchen du Canon de la piĂ©tĂ© filiale (ndt : Confucius) pour les instruire[1].
Parmi les moyens dĂ©ployĂ©s afin de restaurer les traditions jurchens, Shizong interdit aux serviteurs et aux esclaves le port de la soie ; puis en 1188, aux jurchens le port de vĂȘtements chinois[1].
On dit que Shizong (comme son successeur Zhangzong) Ă©tait Ă la fois bouddhiste et taoĂŻste[2]. En 1187, il invita Wang Chuy (un disciple de Wang Chongyang, fondateur de lâĂ©cole taoĂŻste Quanzhen) Ă prier dans son palais privĂ©[2]. (Selon certaines sources, Qui Chuji, un autre disciple de Chongyang, fut aussi invitĂ©). Il exigea la prĂ©sence de Wang Chongyang en personne Ă son lit de mort[2].
Perception contemporaine
Aujourdâhui, les spĂ©cialistes de lâEmpire Jin jugent les efforts de Shizong pour maintenir et faire renaĂźtre la langue et la culture jurchens inefficaces. Il manquait une littĂ©rature Ă la langue, et les traductions du chinois vers le jurchen nâont fait quâappuyer lâancrage des idĂ©es et des valeurs chinoises dans les esprits jurchens. Lâempereur lui-mĂȘme avait une fois dĂ©clarĂ© que le jurchen Ă©tait « infĂ©rieur au chinois » et ne pourrait jamais Ă©galer le khitan. Au-delĂ des anciennes terres jurchen, le peuple de Manchourie lointaine sâinterrogeait sur lâutilitĂ© de parler une langue « morte » et « minoritaire ». MĂȘme Shizong se demandait si la postĂ©ritĂ© ne le jugerait pas pour avoir essayĂ© de forcer le peuple Ă lâutiliser[2].
Les entreprises menĂ©es par Shizong Ă©taient conflictuelles. Il essayait Ă la fois de dĂ©fendre lâidentitĂ© dâun peuple chasseur, mais aussi d'amĂ©liorer le train de vie de celui-ci en voulant en faire de bons fermiers[1]. Cependant, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, le peuple admirait son pacifisme, son combat pour lâaccĂšs au savoir et sa prĂ©occupation pour leur bien-ĂȘtre. Traditionnellement, on faisait rĂ©fĂ©rence Ă son Ăšre comme Ă une « miniature de Yao et Shun », en souvenir des anciens rois et sages lĂ©gendaires[1].
Bibliographie
- (en) Jing-shen Tao, The Jurchen in Twelfth-Century China, University of Washington Press, (ISBN 0-295-95514-7), « The Jurchen Movement for Revival ».
Références
- (en) Jing-shen Tao 1976, p. 69-83
- (en) Jing-shen Tao 1976, p. 107
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Emperor Shizong of Jin » (voir la liste des auteurs).