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Jeungsanisme

Le mot Jeungsanisme (슝산ꔐ Jeungsangyo) est parfois utilisĂ© comme synonyme de Jeung San Do, un nouveau mouvement religieux corĂ©en[1], mais la plupart des chercheurs corĂ©ens et occidentaux l'utilisent pour dĂ©signer une famille de plus de 100 nouveaux mouvements religieux corĂ©ens qui reconnaissent Kang Jeungsan comme l'incarnation du Dieu suprĂȘme de l'Univers, Sangje[2].

Origines et divisions

Kang Jeungsan, considĂ©rĂ© par ses adeptes comme le dieu suprĂȘme incarnĂ©, dĂ©cĂ©da le Ă  la clinique Donggok qu'il avait fondĂ©e en 1908[3]. Kang n'ayant pas clairement dĂ©signĂ© un successeur, ses principaux disciples et certains des membres de sa famille fondĂšrent des branches distinctes, qui Ă  leur tour se sĂ©parĂšrent en organisations rivales, gĂ©nĂ©rant plus de 100 ordres religieux au sein de la famille commune du Jeungsanisme[4]. Toutes ces organisations reconnaissent Kang comme Sangje, le Dieu suprĂȘme de l'Univers, et croient qu'il a rĂ©organisĂ© l'univers entier Ă  travers sa mission et ses rituels, mais leurs points de vue diffĂšrent sur l'identitĂ© des successeurs de Kang. En plus de Kang, certains groupes ont Ă©galement divinisĂ© et adorĂ© leurs propres fondateurs ou d'autres leaders du Jeungsanisme[5].

Un certain nombre de branches ont comme origine Goh Pan-Lye (1880–1935, « Subu », littĂ©ralement « Dame principale », bien qu'il y avait deux « Subus » diffĂ©rentes dans l’entourage de Kang), une disciple femme de Kang Jeungsan. Vers , Goh rassembla autour d'elle un certain nombre d'adeptes de Kang. Finalement, le cousin masculin de Goh, Cha Gyeong-Seok (1880–1936), un disciple important de Kang, devint le chef de la branche de Goh. Insatisfaite par cette situation, Goh se sĂ©para de Cha en 1919 et fonda sa propre nouvelle religion[6]. En 1920, la branche de Cha, Ă©galement connue sous le nom de Bocheon-gyo, devint le plus grand nouveau mouvement religieux de CorĂ©e et peut-ĂȘtre la plus grande religion en CorĂ©e, avec quelque six millions d'adeptes[7]. Ce nombre diminua rapidement aprĂšs la mort de Cha en 1936 et son mouvement se fragmenta en plusieurs groupes concurrents, un sort que connut Ă©galement l'organisation de Goh. La plus grande des branches dans la lignĂ©e de Goh est le Jeung San Do. Elle fut fondĂ©e par Ahn Un-san (1922–2012). Ce dernier crĂ©a sa premiĂšre organisation religieuse en 1945. AprĂšs certaines divisions, Ahn fonda le Jeung San Do en 1974 avec son fils, Ahn Gyeong-jeon (nĂ© en 1954)[8]. Le mouvement Jeung San Do croit que, comme Kang Ă©tait Dieu le PĂšre, Goh, vĂ©nĂ©rĂ©e sous le titre de Tae-mo-nim, Ă©tait Dieu la mĂšre. Ils croient Ă©galement qu'elle a effectuĂ© son propre rĂ©ordonnement de l'univers entre 1926 et 1935[9]. Bien qu'il ne soit pas la plus grande branche du jeungsanisme en CorĂ©e, le Jeung San Do est le mouvement au sein du Jeungsanisme dont la prĂ©sence est la plus visible Ă  l'Ă©tranger[10].

Un autre disciple principal de Kang Jeungsan Ă©tait Kim Hyeong-Ryeol (1862–1932). Il accepta dans un premier temps le leadership de Cha. En 1914, cependant, il partit et fonda un ordre religieux indĂ©pendant avec la veuve de Kang Jeungsan, Jeong (1874–1928). Alors qu'en gĂ©nĂ©ral le Jeungsanisme croit que Sangje est restĂ© pendant trente ans dans la statue gĂ©ante du Bouddha Maitreya au temple Geumsansa avant de s'incarner en Kang Jeungsan, la branche de Kim enseigna, qu’aprĂšs sa mort, Kang revint rĂ©sider dans la statue. Kim obtint le soutien des moines bouddhistes de Geumsansa pour appuyer cette croyance, mais en 1922 il a Ă©tĂ© expulsĂ© du monastĂšre par l'abbĂ©, un incident qui conduit au dĂ©clin de sa branche[11].


Une autre branche importante a Ă©tĂ© fondĂ©e dans les annĂ©es 1920 autour de Jo Cheol-Je, connu de ses disciples sous le nom de Jo Jeongsan (1895–1958). Jo ne rencontra jamais Kang en personne, mais dit avoir reçu une rĂ©vĂ©lation de sa part en 1917. Finalement, il fut reconnu comme le successeur mystĂ©rieux que Kang avait annoncĂ© dans ses prophĂ©ties par la sƓur de Kang (Seondol, ca. 1881–1942), sa mĂšre (Kwon, 1850–1926) et sa fille (Sun-Im, 1904–1959), bien que cette derniĂšre fonda finalement sa propre branche sĂ©parĂ©e avec son mari, Kim Byeong-cheol (1905–1970). La branche de Sun-Im, connue sous le nom de Jeung San Beob Jong Gyo, est basĂ©e dans la province corĂ©enne de Jeolla du Nord, et Ă  la suite d'un long litige avec d'autres branches, elle obtint les restes funĂ©raires de Kang, qui sont actuellement conservĂ©s au siĂšge du mouvement[12]. Jo organisa son mouvement sous le nom de Mugeukdo en 1925, mais dut le dissoudre en 1941 en raison de l'occupation japonaise de la CorĂ©e et de l'hostilitĂ© du Japon aux nouvelles religions. Il le rĂ©organisa en 1948 et, en 1950, changea son nom en Taegeukdo, dont le siĂšge a Ă©tĂ© Ă©tabli Ă  Busan[13].

Jo dĂ©cĂ©da en 1958. Ses disciples continuĂšrent Ă  ne former qu'un seul ordre religieux, reconnaissant Park Wudang (1918–1996, ou bien 1917–1995 selon le calendrier lunaire normalement utilisĂ© par le mouvement) comme successeur de Jo, jusqu'en 1968. En 1968, cependant, l'autoritĂ© de Park fut contestĂ©e par un certain nombre de cadres supĂ©rieurs et un des fils de Jo, Jo Yongnae (1934–2004), qui s'opposaient aux rĂ©formes que Park avait introduites. Le groupe opposĂ© Ă  Park conserva le quartier gĂ©nĂ©ral prĂšs de Busan et le nom de Taegeukdo, tandis que Park se rendit Ă  SĂ©oul et rĂ©organisa sa branche en 1969 sous le nom de Daesoon Jinrihoe[4]. Bien que les statistiques puissent ĂȘtre contestĂ©es, le Daesoon Jinrihoe semble ĂȘtre la plus grande nouvelle religion de la famille du Jeungsanisme et peut-ĂȘtre la plus grande nouvelle religion corĂ©enne en gĂ©nĂ©ral[14].

Lors du dĂ©cĂšs de Park en 1996, des controverses Ă©clatĂšrent au sein du Daesoon Jinrihoe entre ceux qui encourageaient et ceux qui refusaient la dĂ©ification de Park comme troisiĂšme figure divine, aux cĂŽtĂ©s de Kang et Jo. La branche qui rejeta la dĂ©ification maintint le contrĂŽle du quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Yeoju et conserva une grande majoritĂ© des membres. Quatre autres branches (peut-ĂȘtre plus) reconnurent Park comme dieu ou Bouddha Maitreya et se sĂ©parĂšrent de l'organisation principale. Deux d'entre elles maintinrent, cependant, un dialogue avec cette derniĂšre[15].

Voir aussi

Références

  1. Voir par ex. Lee Chi-ran, « The Emergence of National Religions in Korea », 21.
  2. Massimo Introvigne, Daesoon Jinrihoe, « Daesoon Jinrihoe », World Religions and Spirituality Project, Virginia Commonwealth University.
  3. Introvigne, « Daesoon Jinrihoe », op.cit. Voir aussi Key Ray Chong, « Kang Jeungsan: Trials and Triumphs of a Visionary Pacifist/Nationalist, 1894-1909 », dans The Daesoon Academy of Sciences (sous la direction de), Daesoonjinrihoe: A New Religion Emerging from Traditional East Asian Philosophy, Yeoju: Daesoon Jinrihoe Press, 2016, 17-58.
  4. Introvigne, « Daesoon Jinrihoe », op.cit.
  5. Voir Lee Kang-o, « Chungsan-gyo: Its History, Doctrine and Ritual », Transactions of the Royal Asiatic Society, Korea Branch 43 (1967): 28-66.
  6. Voir Lee, « Chungsan-gyo: Its History, Doctrine and Ritual », op.cit.; Introvigne, « Daesoon Jinrihoe », op.cit.
  7. Robert Pearson Flaherty, « Korean Millennial Movements »,dans Catherine Wessinger (sous la direction de), The Oxford Handbook of Millennialism, Oxford: Oxford University Press 2016, (ISBN 978-01-953010 -5-2), 326-347 (335).
  8. Taesang Jongdosanim, site officiel du Jeung San Do.
  9. Voir Sahng-jeh-nim and Tae-mo-nim, Site officiel du Jeung San Do.
  10. Voir Introvigne, « Daesoon Jinrihoe », op.cit.
  11. Lee, « Chungsan-gyo: Its History, Doctrine and Ritual », op.cit., 36-37.
  12. Lee, "Chungsan-gyo: Son histoire, sa doctrine et son rituel.", op.cit., 45.
  13. Lee, « Chungsan-gyo: Its History, Doctrine and Ritual », op.cit.., 45
  14. Voir Don Baker, « The Religious Revolution in Modern Korean History : From ethics to theology and from ritual hegemony to religious freedom », The Review of Korean Studies 3 (septembre 2006), 249-275 (255).
  15. Massimo Introvigne, « Religions of Korea in Practice: A Summa on Korea's New (and Old) Religions », Center for Studies on New Religions (consulté le )
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