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Jeune Fille au cadre

Fille dans le cadre d'un tableau

Jeune Fille au cadre
Artiste
Date
Type
Matériau
huile sur panneau de bois (d)
Dimensions (H Ă— L)
105,5 Ă— 76 et 77 cm
Pendant
Érudit à sa table de travail (en)
Mouvement
No d’inventaire
ZKW/3906, 566
Localisation

La Jeune Fille au cadre est un tableau réalisé par l'artiste hollandais Rembrandt. C'est une peinture à l'huile sur panneau de bois, datant de 1641[1].

Cette Ɠuvre est Ă©galement connue sous les titres Fille dans le cadre d'un tableau, La FiancĂ©e juive et La Fille au chapeau. Avec L'Érudit au pupitre et Paysage avec le bon Samaritain, c'est l'un des trois tableaux de Rembrandt dans les collections polonaises. Il est actuellement situĂ© au palais royal de Varsovie.

La paternité de Rembrandt a parfois été mise en doute, mais elle est confirmée depuis 2006 par le Rembrandt Research Project.

Plusieurs critiques et historiens d'art y voient un chef-d'Ɠuvre de la pĂ©riode oĂč Rembrandt exĂ©cute des trompe-l'Ɠil, avec les deux mains de la jeune fille sortant du cadre pour s'y appuyer, et l'illusion du mouvement.

Description

Le modĂšle fĂ©minin s'inscrit sur un encadrement peint dans l'espace du tableau dont seuls les cĂŽtĂ©s bas et droit sont visibles. La jeune fille est vĂȘtue d'une robe de velours rouge foncĂ©, porte un chapeau noir Ă  larges bords et des boucles d'oreilles en perle en forme de poire. Ce type de costume n'est pas Ă  la mode de l'Ă©poque, il est plutĂŽt reprĂ©sentĂ© comme un vĂȘtement ancien associĂ© Ă  des sujets mythiques, historiques, orientaux ou bibliques. Rembrandt reprĂ©sente souvent des personnages habillĂ©s de cette façon, tant dans ses peintures Ă  l'huile que dans ses gravures.

Ce tableau n'est pas un portrait, mais un « tronie », une Ă©tude de visage ou d'une partie de personnage sans attribut significatif. Rembrandt a d'abord commencĂ© Ă  peindre une image diffĂ©rente - une femme assise, lĂ©gĂšrement tournĂ©e vers la gauche, vĂȘtue d'une robe correspondant Ă  la mode de l'Ă©poque, avec une collerette en meule, coiffĂ©e d'un petit bonnet. La personne ainsi reprĂ©sentĂ©e Ă©tait plus Ă  droite que la fille dans la version dĂ©finitive. Le portrait de la femme au bonnet n'a jamais Ă©tĂ© achevĂ©, et le panneau a Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©. Rembrandt n'a jamais rĂ©utilisĂ© le support d'une peinture antĂ©rieure pour rĂ©aliser un portrait commandĂ© par un client, ce tableau n'est donc pas une commande.

Des traces de la composition originale ont été détectées par rayons X avant les travaux de restauration.

Le tableau a fait l'objet d'une restauration au DĂ©partement de conservation du chĂąteau royal de Varsovie, de mai 2005 Ă  mars 2006. La couche supĂ©rieure de peinture a Ă©tĂ© retirĂ©e ; lĂ  oĂč elle n'a pas pu ĂȘtre enlevĂ©e, Ă  cause de l'endommagement de la couche de peinture d'origine, elle a Ă©tĂ© rĂ©duite. Des traces de la composition originale ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es par rayons X avant les travaux de restauration. Le coup de pinceau original, proĂ©minent dans la texture de la peinture, est devenu visible sur la poitrine et la manche droite une fois enlevĂ©s les fragments repeints[2].

Historique et filiation

Le roi StanisƂas II Poniatowski achĂšte ce tableau en 1777, en mĂȘme temps que L'Érudit au pupitre, Ă  la comtesse Maria Golovkina, veuve du comte Friedrich Paul von Kameke, par l'intermĂ©diaire du marchand d'art Jakub Triebl. Il les a d'abord exposĂ©s au palais Ɓazienki Ă  Varsovie. AprĂšs sa mort, les deux tableaux sont passĂ©s Ă  Joseph Poniatowski qui les laisse en 1813 Ă  sa sƓur Marie ThĂ©rĂšse Poniatowska. Ils sont achetĂ©s en 1815 par Kazimierz Rzewuski, qui les donne Ă  sa fille Ludwika, Ă©pouse d'Antoni LanckoroƄski. Ils appartiennent ensuite Ă  la famille LanckoroƄski. Le comte Karol LanckoroƄski, grand amateur d'art, qui rĂ©sidait Ă  Vienne, organise en 1902 l'exposition de La Jeune Fille au cadre avec d'autres peintures Renaissance et baroques de sa collection, dans le palais construit spĂ©cialement pour abriter la collection, prĂšs du jardin botanique de Vienne. La Gestapo s'en empare pendant la Seconde Guerre mondiale, mais elle est rendue en 1947 Ă  ses propriĂ©taires lĂ©gitimes et placĂ©e dans le coffre d'une banque suisse. Le tableau est prĂ©sentĂ© en 1994 dans le cadre d'une exposition des Ɠuvres d'art de la famille LanckoroƄski au palais royal de Varsovie, puis Karolina LanckoroƄska le donne au Palais royal, qui le possĂšde encore.

Le tableau est Ă©tudiĂ© dans le cadre du Rembrandt Research Project, dirigĂ© par Ernst van de Wetering. Les experts de ce groupe analysent Ă  trois reprises la Jeune Fille au cadre et L'Érudit au pupitre ; ils confirment en fĂ©vrier 2006 que ces tableaux ont bien Ă©tĂ© peints par Rembrandt[3]. Les tableaux sont ensuite exposĂ©s au MusĂ©e de la maison de Rembrandt Ă  Amsterdam puis Ă  la GemĂ€ldegalerie de Berlin dans le cadre de Rembrandt - La quĂȘte d'un gĂ©nie, une exposition marquant le 400e anniversaire de la naissance du peintre.

Analyse

Le sujet est Ă©galement connu sous le nom de La FiancĂ©e juive au moins depuis 1769. Quelques autres Ɠuvres de Rembrandt reprĂ©sentant des femmes aux cheveux longs et dĂ©liĂ©s ont reçu ce mĂȘme titre au cours du XVIIe siĂšcle. Selon la tradition juive, une mariĂ©e portait les cheveux dĂ©liĂ©s lors de la signature du contrat de mariage avec le futur Ă©poux.

Pour l'historien d'art Ernst van de Wetering, la Jeune Fille au cadre est un exemple typique de l'intĂ©rĂȘt de Rembrandt, Ă  la fin des annĂ©es 1630 et au dĂ©but des annĂ©es 1640, pour les compositions en trompe-l'Ɠil. C'est aussi un exemple de sa recherche de nouvelles façons de reprĂ©senter le mouvement. De l'avis de van de Wetering, ce tableau est exceptionnel et peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l'une des rares Ɠuvres, et peut-ĂȘtre leur archĂ©type, dĂ©montrant la brĂšve fascination de Rembrandt pour les trompe-l'Ɠil[4].

Le mouvement est suggéré par le léger retrait du bras droit de la jeune fille et la disposition de sa main droite, comme suspendue juste au-dessus du bord de l'encadrement noir visible par ses reflets blancs, et sur le point de s'y poser. La boucle d'oreille en perles accrochée à son oreille droite et le tissu de la manche droite semblent également en mouvement. L'illusion de sortir de l'espace graphique conventionnel (le cadre ou cadrage) est créée par la représentation de la personne avec les deux mains sortant du cadre empiétant sur l'encadrement[2].

Selon Vincent Noce, c'est un chef-d'Ɠuvre du trompe-l'Ɠil et de la reprĂ©sentation du mouvement, avec la main droite sur le point de se poser sur l'encadrement, la manche semblant bouger, et la boucle d'oreille en lĂ©gĂšre oscillation[5].

Notes et références

  1. J. Czernichowska, Two paintings by Rembrandt.
  2. Halina MaƂachowicz Dorota Juszczak, The Royal Castle in Warsaw. A Complete Catalogue of Paintings c.1520-c.1900, Warsaw, Arx Regia, Publishing House of the Royal Castle in Warsaw, (ISBN 978-83-7022-202-4)
  3. « Zamek Królewski w Warszawie - Muzeum - Portrety. Rembrandt i... » [archive du ], www.zamek-krolewski.pl.
  4. van de Wetering, « Connoisseurship and Rembrandt's Paintings: New Directions in the Rembrandt Research Project, part II », The Burlington Magazine,‎ , p. 89.
  5. Vincent Noce, « Rembrandt en crise d'effervescence », sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « The Girl in a Picture Frame » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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