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Jean Paul Forest

Jean Paul Forest, né le en France métropolitaine, est un artiste plasticien vivant et travaillant à Tahiti et Moorea en Polynésie française.

Jean Paul Forest
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Naissance
Nationalité
Activité

Biographie

Artiste autodidacte, il a d'abord pratiqué la photographie (exposition personnelle à la bibliothèque de Moulins (Allier) en 1981), tout en s'initiant à la sculpture figurative sur bois. Après des études scientifiques (Université de Lyon 1, 1974-1979), il fait un premier séjour à Tahiti en 1979-1980, où il s'établit définitivement en 1982. À partir de 1989, il abandonne la photographie pour se consacrer uniquement à la sculpture d'abord sur matériaux synthétiques, puis en introduisant progressivement le bois et la pierre, qui deviendra son seul support à partir de 1993.

En 1995, son exposition en Italie pour le XIIIe International Rock Art Congres[1] au Centro Camuno di Studi Preistorici de l'UNESCO au Valcamonica induit une collaboration rĂ©gulière avec le milieu des prĂ©historiens, en particulier le professeur Marcel Otte de l'universitĂ© de Liège[2]. Il s'ensuit un abandon des expositions en galeries (Los Angeles, San Francisco, Paris, Milan et Barcelone de 1993 Ă  1998) pour se consacrer Ă  une recherche plus radicale. Celle-ci sera alors prĂ©sentĂ©e hors PolynĂ©sie exclusivement en institutions et musĂ©es (UniversitĂ© de Liège en 1999 et 2001[3], HĂ´tel de ville de Paris 2005[4], MusĂ©e d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Liège en 2006[5], centre Jean-Marie Tjibaou de NoumĂ©a en 2006, MusĂ©e National de PrĂ©histoire de France en 2009[6] - [7], musĂ©e du Grand Curtius de Liège 2014[8], MusĂ©es Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles[9] en 2017). 

De même en Polynésie son travail est essentiellement présenté lors d'expositions personnelles institutionnelles ( Musée Gauguin 1999 ; Musée de Tahiti et des Îles en 1996, 2002, 2015[10] - [11] - [12] ; Université de Polynésie[13] en 2006, 2014, 2017), sa ligne de recherche très expérimentale n'étant que rarement montrée en galerie à Papeete.

En 2007 il réalise avec Andreas Dettloff, artiste plasticien allemand vivant à Tahiti, et Lino Polegatto, rédacteur en chef de la revue belge Flux-News, le premier pavillon tahitien à la biennale de Venise[14] - [15] - [16]. Ce pavillon mobile était une œuvre circulant dans les Giardini avant d'être officialisée au pavillon du Venezuela. Il s'agissait avant tout de détourner les contraintes administratives et politiques, la Biennale de Venise n'étant ouverte qu'aux états membres de l'O.N.U., et montrer que la Polynésie pouvait accéder aux manifestations les plus en vue de l'art contemporain.

Jean Paul Forest est depuis 2014 artiste-correspondant de l'institut Actes/Sorbonne/CNRS pour la PolynĂ©sie française. 

Lignes de recherche

Dès son premier contact avec la vallée de Papeno'o à Tahiti en 1979, Jean Paul Forest a été marqué par cet espace clos ouvrant sur une immensité à l'intérieur d'autres immensités elles-mêmes closes (île, océan, planète…), dans une mise en abîme. Les pierres de la rivière lui apparaissent alors comme des unités de bases de l'univers : "Vomis par le volcan, modelés par le temps et des forces incoercibles, apparaissant fugitivement à la limite des flots puis emportés par les eaux et l'industrie, les galets sont un avatar de l'infinie complexité universelle. Leur multitude suggère une parenté avec l’humanité, chacun perdu dans une foule incommensurable, insignifiant et cependant unique lorsqu’on l’observe individuellement. "[9]

Ses diffĂ©rents axes de recherche sur ces "proto-corps"  sont autant de tentatives de trouver un langage plastique — chaque geste laissant une trace dans la matière mais aussi dans l'auteur de cette action — entre une structure dite inerte et un ĂŞtre biologique. La question de l'apparition du mouvement et de l'agitation incessante de la matière est au cĹ“ur des diffĂ©rentes voies expĂ©rimentales suivies. Ses thèmes de prĂ©dilection ont Ă©tĂ© les appareillages (rĂ©paration de galets trouvĂ©s cassĂ©s par une prothèse en bois), les fragmentations (galets Ă©clatĂ©s dont les Ă©clats sont reliĂ©s par un câble permettant la reconstitution de la forme originelle), les multitudes (tri et rĂ©organisation du chaos des plages de galets), la torsion d'une pierre pour introduire un mouvement dans sa rigiditĂ©.

L'usage de la photographie rĂ©apparait chez Forest Ă  la fin des annĂ©es 1990, grâce en particulier aux techniques numĂ©riques, comme moyen de mĂ©morisation des Ă©tapes d'une crĂ©ation. Des chronophotographies, imprimĂ©es ou sous forme vidĂ©o, permettent de voir la genèse d'une Ĺ“uvre, d'en dĂ©rouler les Ă©tapes, ou Ă  l'inverse d'en archiver la disparition. L'Ă©paisseur de la documentation constituĂ©e n'est pas sans rapport avec les strates des fouilles archĂ©ologiques, qui dĂ©roulent les temps immĂ©moriaux par une inscription dans la matière. 

Outre la rĂ©alisation de pièces mobilières Ă  partir des galets de la vallĂ©e de Papeno'o, il intervient Ă©galement in situ dans cette vallĂ©e, ses Ĺ“uvres Ă©tant connues sous le nom gĂ©nĂ©rique des "pierres cousues". Avec la colonisation par l'industrie de cette vallĂ©e — restĂ©e vierge jusqu'Ă  la fin des annĂ©es 1980 —  Jean Paul Forest a utilisĂ© sa technique de couture de la pierre Ă  partir de 1997, matĂ©rialisant les forces d'attraction et de liaison pour rĂ©parer des rochers dynamitĂ©s dans la vallĂ©e. Cette pratique s'est par la suite diversifiĂ©e jusqu'Ă  des pratiques nĂ©o-figuratives, inspirĂ©es de la technique polynĂ©sienne du tifaifai[13]. Cette utilisation d'espaces publics Ă  priori vierges s'accompagne d'une rĂ©flexion sous forme d'articles[17] - [18] - [19] ou de confĂ©rences. L'influence de l'environnement gĂ©ographique sur les conceptions mĂ©taphysiques des habitants et sur leurs productions matĂ©rielles y est un thème largement abordĂ©. Des goĂ»ts communs pour la contemplation des immensitĂ©s et la symbolique des pierres semble Ă  l'origine des relations convergentes entre l'artiste, de conviction matĂ©rialiste-moniste, avec les PolynĂ©siens, plutĂ´t de culture religieuse chrĂ©tienne et biblique[20].

Monographies

  • Une futile audace M. Otte & JP Forest, Ă©d. RĂ©union des MusĂ©es Nationaux, Paris, 2009
  • Mo’o Tua Raha, femme lĂ©zard de Papeno’o, collectif, Éd. UniversitĂ© de PolynĂ©sie Française, Tahiti, 2014
  • Face Ă  l'immensitĂ©, collectif, Ă©d. MTI/Sorbonne/CNRS, Tahiti, 2015
  • Oceania, dialogues avec l'immensitĂ©, collectif, Ă©d. MusĂ©es Royaux d'Art et d'Histoire, 2017

Notes et références

  1. Mythes, signes et mémoires, catalogue d’exposition, Éd. C.C.S.P., Valcamonica, Italie, 1995
  2. Jean Paul Forest, L. Polegato, Flux News Magazine n°16, Liège, Belgique, 1999
  3. Des roches, des coutures, catalogue d’exposition, Éd. Université de Liège, Belgique, 2001
  4. Latitudes 2005, R. Cuzin, catalogue d'exposition, Éd. Mairie de Paris & Vitriol, Paris, 2005
  5. Le renouveau de l'art océanien, D. Desjardin, Cimaise n° 281, janvier, France, 2006
  6. À quoi pense une chose ?, F.R. Chardon, Hypnose et thérapies brèves N°14, Éd. Métawalk, 2009
  7. Une futile audace, J.P. Forest & M. Otte, catalogue d'exposition, Éd. Réunion des Musées Nationaux, Paris, 2009
  8. Arborescences, collectif, catalogue d'exposition, Éd. musées de la ville de Liège, Belgique, 2014
  9. Oceania, dialogues avec l'immensité, collectif, éd. Musées Royaux d'Art et d'Histoire, Bruxelles, 2017
  10. Face à l'immensité, collectif, éd. MTI/Sorbonne/CNRS, Tahiti, 2015
  11. L’impossible couture du temps, catalogue d’exposition, Éd. M.T.I., Tahiti, 2002
  12. Stone Works, catalogue d’exposition, Éd. Musée de Tahiti et des îles, Tahiti, 1996
  13. Mo’o Tua Raha, femme lĂ©zard de Papeno’o, collectif, catalogue d’exposition, Éd. UniversitĂ©  de PolynĂ©sie Française, Tahiti, 2014
  14. La 52° Biennale de Venise en questions, C.M. Castano-Garcia, Flux News n°43, Belgique, 2007 
  15. Prévisions belges, J. Bawin, L'art même no 35, Belgique, 2007
  16. Cahier spécial 52° Biennale, Flux News n° 44, Belgique, 2007
  17. Rapports de l'artiste au lieu et à la société, prolongements dans l’art paléolithique, J.P. Forest, pré-actes du 21° Valcamonica Symposium, Éd. C.C.S.P., Italie, 2004
  18. Sur l'introduction du premier signe humain dans les paysages naturels, J.P. Forest, Journal Ateliê Geografico N°1 vol.1, Brésil, 2007
  19. Art rupestre contemporain, J.P. Forest, Bulletin de la Société des Études Océaniennes n° 303/304, décembre 2005, Tahiti
  20.  Les dĂ©gagements crĂ©ateurs de Jean Paul Forest, R.Conte, in L'engagement artistique, dir. D.Berthet, L'Harmattan, Paris, 2017

Liens externes

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