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Je m'appelle Asher Lev

Je m'appelle Asher Lev est un roman de Chaïm Potok, écrivain et rabbin américain, publié le 12 mars 1972. Le protagoniste du livre est Asher Lev, un garçon juif hassidique habitant New York. Asher, solitaire, a des inclinations artistiques : son art provoque des conflits avec sa famille et d'autres membres de sa communauté. Ce livre suit la maturité d'Asher en tant qu'artiste et en tant que juif[1].

Je m'appelle Asher Lev
Titre original
(en) My Name Is Asher Lev
Langue
Auteur
Genre
Künstlerroman (en)
Date de parution
Pays
Éditeur
ISBN 10
0-394-46137-1
ISBN 13
978-0-394-46137-3
Séquence
Le Don d'Asher Lev (en)

Chaïm Potok affirme que le conflit entre tradition et individualisme est constant et la tension entre religion et art, permanente. En plus d'être écrivain, Chaïm Potok est peintre, et sa lutte personnelle est apparente dans sa peinture intitulée Brooklyn Crucifixion. Malgré cette lutte, Chaïm Potok reste à la fois peintre et écrivain et engagé dans la religion de son éducation jusqu'à sa mort en 2002[2].

Le Don d'Asher Lev constitue la suite de Je m'appelle Asher Lev.

Histoire

Asher Lev est un garçon né dans une famille hassidique, doté de talents artistiques. Pendant son enfance dans les années 1950, à l'époque de Joseph Staline et de la persécution des Juifs et des religieux en Union soviétique, le penchant artistique d'Asher le met en conflit avec les membres de sa communauté juive, qui valorise principalement la foi et considère l'art profane au mieux comme une perte de temps, au pire comme sacrilège. Le conflit en est renforcé, notamment avec son père, Aryeh, un homme qui a consacré sa vie au service de leur chef, le rabbin, en voyageant à travers le monde pour apporter les enseignements et la pratique de leur communauté à d'autres Juifs. Aryeh, incapable de comprendre ou d'apprécier l'art, considère comme de la « folie » les premiers dessins d'Asher.

La mère d'Asher, Rivkeh, fut traumatisée par la mort de son frère pendant qu'il voyageait pour le Rabbi, lors de l'enfance d'Asher. Rivkeh ne parvient à sortir de sa dépression que lorsqu'elle décide de poursuivre le travail de son frère et obtient la permission du rabbin de retourner à l'université effectuer des études russes. Tout au long du roman, elle souffre d'anxiété pour la sécurité de son mari lors de ses déplacements presque constants, et est attend à la fenêtre le retour de son mari ou de son fils.

Afin d'établir plus facilement des yeshivot en Europe, le rabbin demande à Aryeh de déménager à Vienne. Très contrarié à ce sujet, Asher refuse le déménagement, malgré les demandes de ses parents et professeurs. Finalement, Rivkeh décide de rester à Brooklin avec Asher pendant qu'Aryeh déménage seul à Vienne.

Lors de l'absence du père, Asher explore sa nature artistique au détriment des études juives.Il fréquente les musées d'art où il étudie la peinture, est mal à l'aise avec certains sujets : les nus, ainsi que les crucifixions. Aryeh, de retour chez lui après un long voyage en Russie pour le Rabbi, découvre des dessins qu'Aser a faits de crucifixions pour les étudier, et est furieux. Le père d'Asher estime que son don est insensé et de la sitra achra ("Autre côté"), et veut que Rivkeh l'empêche d'aller dans les musées. Toutefois, Rivkeh sait qu'il est inutile d'empêcher Asher d'y aller : elle est tiraillée entre Asher et Aryeh.

Le rabbin intercède et permet à Asher d'étudier auprès d'un grand artiste, Jacob Kahn, juif non pratiquant qui est un admirateur du rabbin. Jacob Kahn enseigne à Asher Lev les techniques artistiques et l'histoire de l'art, et encourage Asher à peindre la vérité, afin de ne pas devenir une « putain ». Pendant ce temps, alors qu'Asher continue de refuser de déménager en Europe, Rivkeh s'y installe pour soutenir son mari, laissant son fils vivre avec son oncle. Il poursuit son apprentissage avec Jacob Kahn. Après plusieurs années, Asher lance sa carrière à New York.

Leur travail en Europe terminé, les parents d'Asher retournent à Brooklyn, alors qu'Asher se rend en Europe pour étudier les Beaux-Arts. Il visite notamment Florence et passe de nombreuses heures à étudier la Déposition ainsi que le David de Michel-Ange. Plus tard, après avoir déménagé à Paris, Asher peint son chef-d'œuvre : deux œuvres qui utilisent le symbolisme de la crucifixion pour exprimer l'angoisse et le tourment de sa mère, car la tradition juive ne compte pas de forme artistique exprimant ces sentiments. Lorsque ces œuvres sont exposées lors d'une exposition d'art à New York (la première à laquelle les parents d'Asher ont assisté), l'imagerie offense tant ses parents et sa communauté que le rabbin lui demande de s'éloigner. Asher, sentant qu'il est destiné à parcourir le monde, à exprimer son angoisse à travers son art, mais à causer de la douleur en le faisant, décide de retourner en Europe.

Cadre

L'intrigue de Je m'appelle Asher Lev a lieu dans les années 1950 dans une communauté juive hassidique à Brooklyn, à New York. Asher étudie aussi l'art en dehors de sa communauté à New York, dans le Massachusetts et en Europe.

Personnages

Asher Lev - Asher est le protagoniste et narrateur de l'histoire. C'est le début de sa vie qui est raconté, jusqu'à ses vingt-deux ans. Pendant son enfance, sa passion pour le dessin et la peinture le rend apathique envers le reste du monde. Peu concentré sur son éducation, il provoque ainsi la honte de son entourage, notamment de son père. Asher se rebelle par intérêt pour l'art, mais pas intentionnellement. En vieillissant, il apprend à canaliser son émotion et son énergie dans ses œuvres et connaît un immense succès.

Jacob Kahn – Jacob Kahn est un artiste à succès. Il se crée un style de vie libre, affranchi du conditionnement religieux et communautaire et des injonctions à la popularité. Il croit en la création d'un équilibre entre les émotions intérieures et la véritable identité. Mentor d'Asher, il lui enseigne des techniques fondamentales. Il est très ferme, et souvent de manière humiliante.

Aryeh Lev - Père d'Asher et membre notable de la communauté juive. Engagé dans son travail pour le Rabbi, il parcourt l'Europe pour construire des yeshivot et sauver les Juifs de la persécution russe. Aryeh est titulaire d'une maîtrise en sciences politiques [3] et parle anglais, yiddish, français et russe[4]. Il se méfie des non-juifs en raison de la mort de son père aux mains d'un chrétien ivre brandissant une hache [5]. Il est têtu, fermé d'esprit et rencontre des difficultés avec un système de valeurs autres que le sien.

Rivkeh Lev - Rivkeh Lev est déchirée entre son amour pour son mari et son fils. Après avoir récupéré de sa maladie, elle retourne à l'école pour terminer le travail de son frère Yaakov. Elle obtient une maîtrise puis poursuit un doctorat en études russes. Elle se range du côté de son mari et part avec lui en Europe, laissant Asher vivre avec son oncle. Rivkeh Lev ne comprend pas toujours l’œuvre d'Asher.

Le rabbin -Chef de la communauté juive hassidique de Ladover, il ordonne au père d'Asher de travailler. Comprenant le don d'Asher, il le fait étudier avec Jacob Kahn [6]

Yudel Krinsky - Propriétaire du magasin où Asher achète du matériel, il fut sauvé par Aryeh après avoir passé des années en Sibérie. Yudel Krinsky juge qu'Asher ne devrait pas causer autant de problèmes à un homme bon comme son père[7]. Malgré cela, il tolère l'art par amitié pour Asher.

Yaakov - Oncle d'Asher, il est mort dans un accident de voiture quand Asher avait six ans. Sa mort rend malade Rivkeh. Comme Aryeh, il a voyagé pour le rabbin, ce qui dérange Rivkeh.

Yitzchok - Riche oncle d'Asher qui le soutient et reconnait ses compétences artistiques. Il se montre gentil et généreux, c'est avec lui qu'Asher séjourne quand ses parents sont en Europe. Yitzchok est l'un des premiers à reconnaître que la capacité d'Asher peut faire fortune, et il investit dans son travail.

Anna Schaeffer - Femme sophistiquée, propriétaire de la galerie d'art où le travail d'Asher est exposé. C'est grâce à Anna Schaeffer qu'Asher est reconnu. Elle est présentée à Asher par Jacob Kahn. Elle est impatiente, mais se soucie de ses artistes.

Madame Rackover – La gouvernante des Lev. Ayant connu la Sibérie, elle comprend les souffrances que Yudel Krinsky y a vécues. C'est aussi l'une des premières personnes à comprendre les dons artistiques d'Asher.

Thèmes

Les traditions contradictoires

Ce roman traite de traditions conflictuelles. Celle de l'art s'oppose à celle du judaïsme, le conflit entre le père et le fils est montré, le contentement d'une vie est contradictoire avec la paix familiale (la valeur juive du shalom bayit), enfin, le monde traditionnel juif contraste avec l'Amérique laïque.

La souffrance

Je m'appelle Asher Lev explore la nature de la souffrance. Le rejet que le père d'Asher a contre les tendances artistiques d'Asher peut être mis en parallèle avec la souffrance des nombreux Juifs en Russie et en Allemagne, opprimés par le gouvernement. Tout comme ils furent punis pour leurs croyances, Asher est mal vu par son père, ses professeurs et ses pairs.. Quand Asher essaie de dépeindre la souffrance de sa mère, « [sa] recherche d'un motif n'en révèle aucun assez puissant dans [sa] propre tradition, et donc [il] se tourne vers le thème central de la souffrance dans la tradition chrétienne : la crucifixion. " [8]

La beauté

Par sa formation, Asher Lev explore les traditions esthétiques de la beauté.

Identité personnelle

Le titre du livre indique le problème qu'Asher a avec l'identité de soi. Jacob Kahn dit à Asher : « En tant qu'artiste, tu n'es responsable envers personne ni envers rien, sauf envers toi-même et envers la vérité telle que tu la vois. »

Accueil critique

Ce livre a une suite, Le Don d'Asher Lev. Le premier Brooklyn Crucifixion, œuvre d'Asher qui joue un rôle central dans la conclusion du roman, est une véritable peinture de Potok ; la seconde Crucifixion, qui est décrite dans le livre comme étant supérieure à la première, n'a pas d'équivalent réel.

Le livre est une représentation de la communauté Loubavitch[9]. Brooklyn Parkway, qui se caractérise par sa circulation dense et ses promenades insulaires, est une référence à Eastern Parkway. Cependant, contrairement à l'opinion populaire, le personnage de Yudel Krinsky n'est pas censé faire référence à Chaim Yehuda Krinsky, l'un des assistants du rabbin Menachem Mendel Schneerson.

Adaptation

En janvier 2009, une adaptation théâtrale d'Aaron Posner est créée à Philadelphie à l'Arden Theatre Company[10]. Elle est ensuite produite par le Round House Theatre à Bethesda (Maryland) en mars et avril 2010[11]. En 2012, la pièce est mise en scène au Long Wharf Theatre de New Haven [12] et par Theatrical Outfit à Atlanta[13] La première production new-yorkaise Off-Broadway de la pièce a lieu au Westside Theatre le 28 novembre 2012[14]. Elle remporte le prix Outer Critics Circle et le prix John-Gassner.

Article connexe

Références

  1. My Name is Asher Lev to play Westside Theater
  2. Fujimoto-Johnson, Sharon. "Art: Chaim Potok's "Brooklyn Crucifixion"." The Spectrum Blog. . Web. February 25, 2010. <« Archived copy » [archive du ] (consulté le )>.
  3. My Name Is Asher Lev, p. 9
  4. My Name Is Asher Lev, p. 24
  5. My Name Is Asher Lev, p. 5
  6. My Name Is Asher Lev, p. 194
  7. My Name Is Asher Lev, p. 103
  8. « On Being Proud of Uniqueness, Chaim Potok », Potok.lasierra.edu, (consulté le )
  9. Potok in an interview said that the Ladover Yeshiva in the novel was the real life Lubavich Yeshiva. Conversations with Chaim Potok, p. 17. University Press of Mississippi (9 juillet 2001)
  10. Arden Theater Company website, retrieved October 26, 2012
  11. Round House Theater website, retrieved October 26, 2012.
  12. THEATER REVIEW: Long Wharf ends its season with a masterpiece in ‘Asher Lev’
  13. Theatrical Outfit
  14. . Healy, Patrick, "My name is Asher Lev coming to Off Broadway, The New York Times, 19 septembre 2012, consulté le 26 octobre 2012.

Liens externes

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