Iyomante
La cérémonie Iyomante (イオマンテ, iomante) est une cérémonie religieuse de l'ethnie des Aïnous (Japon)[1], c'est « la cérémonie de l'esprit ours ». Plus exactement, la cérémonie du renvoi des esprits des ours. Elle a pour but de procurer des ressources aux familles aïnoues.
Histoire
Il s'agit de sacrifier rituellement des ours adultes qu'ils ont élevés, nourris et soignés depuis leur naissance. C'est un puissant rituel de protection dans lequel l'esprit de l'ours est sanctifié. En effet, dans la religion aïnoue, l'ours est le plus important esprit kamuy), le maître de la forêt, le protecteur de toute vie terrestre.
Ce rituel peut sembler cruel, mais il est avant tout une célébration religieuse afin de remercier humblement l'esprit de l'ours pour ses sacrifices et pour garantir le succès des chasseurs. Les ours permettent aux êtres humains de se vêtir (de peaux), de se nourrir (la viande) et d'obtenir toutes autres sortes de produits nécessaires à la vie courante. Le révérend John Batchelor décrit le nourrissage de l'ourson capturé pour la fête[2].
Interdite durant les périodes d'assimilation forcée japonaise, la cérémonie Iyomante se faisait clandestinement. Tradition culturelle ancrée dans les croyances aïnoues, elle s'est poursuivie malgré tout durant plusieurs siècles (du XIIIe au milieu du XXe), avant de devenir une attraction touristique russe et japonaise à l'image d'une corrida. Face à la fascination morbide exercée par la cérémonie sur leurs voisins, les Aïnous décidèrent alors d'abandonner cette tradition. Par ailleurs, ils vivent aujourd'hui avec le niveau de vie japonais, disposent de nombreuses autres ressources et ne se vêtent plus de peaux d'ours.
Galerie : l'ours d'après John Batchelor, 1892[3]
- Flèche empoisonnée utilisée pour la chasse à l'ours
- Cage pour l'ourson
- Trophée porté par le chasseur
Références
- (en) Hiroshi Utagawa et 宇田川洋, « The "Sending-Back" Rite in Ainu Culture », Japanese Journal of Religious Studies, vol. 19, nos 2/3, , p. 255–270 (ISSN 0304-1042, lire en ligne, consulté le )
- (en) Carus Paul, « The Ainus », The Open Court, vol. 3, , p. 163-177 (lire en ligne)
- (en) John Batchelor, The Ainu of Japan, Londres, Religious Tract Society, , 341 p. (lire en ligne), p. 170-175.