Il fosso
Il fosso est un recueil de nouvelles de Laudomia Bonanni publié en 1949. Il contient quatre nouvelles : Il fosso (« Le fossé »), Il mostro (« Le mostre »), Messa funebre (« Messe funèbre ») et Il seme (« La semence »).
Il fosso | ||||||||
Lauodomia Bonanni, Il fosso, 1949 (collana La Medusa degli italiani) | ||||||||
Auteur | Laudomia Bonanni | |||||||
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Pays | Italie | |||||||
Genre | Recueil de nouvelles | |||||||
Version originale | ||||||||
Langue | Italien | |||||||
Titre | Il fosso | |||||||
Éditeur | Arnoldo Mondadori | |||||||
Lieu de parution | Milan | |||||||
Date de parution | 1949 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Chronologie
En 1948, avec deux longs récits (Il fosso et Il mostro), réunis sous le titre Il fosso, Laudomia Bonanni a remporté le prix pour une œuvre inédite d'auteur inédit, offert par les Amis du dimanche, c'est-à-dire par les lettrés appartenant au « salotto » culturel de Maria Bellonci[1]. Ce prix n'a été décerné qu'une seule fois et n'a jamais été réitéré. Le livre Il fosso a été publié l'année suivante par Mondadori et a remporté en 1950 le Prix Bagutta "opera prima" qui n'avait jamais été assigné à une écrivaine. Laudomia Bonanni y avait ajoutées deux nouvelles: Messa funebre et Il seme [2].
Pour participer à ce concours, il fallait envoyer le texte anonyme, accompagné d'une lettre scellée contenant le mon et l'adresse de l'auteur. Sur l'enveloppe il fallait mettre une devise. Laudomia Bonanni y écrivit : « Vivere è necessario » (« Vivre est nécessaire »)[3].
Résumé
Il fosso
Dans un pays des Abruzzes, pendant les années 1920, Colomba habite son taudis avec ses deux enfants Innocenzo et Onorina, les seuls survivants des 14 enfants qu'elle a engendrés. Ce sont des enfants sauvages qui jouent dans « le fossé », c'est-à-dire dans le dépotoir du pays, où de temps en temps une femme vide son pot de chambre. Ils vont à l'école quand ils possèdent une paire de chaussures. La jeune maîtresse est incapable de faire face à ces « petits animaux » : « cette petite fille verdâtre et frétillante comme un lézard, cette petite couleuvre de garçon avec deux têtes d'épingles impavide de la plus absolue innocence sous le front. » (« questa bimba verdognola e guizzante come una lucertola, quel bisciolino di maschietto con due capocchie di spillo impavide della più assoluta innocenza sotto la fronte. »)[4] - [5].
Il mostro
Une écrivaine et journaliste effectue une étude psychologique sur son petit-fils qui va à l'adolescence et est presque étourdie par la véhémence du tourbillon de virilité qui frappe ce garçon.« Dans ce récit qui, en ce qui concerne la protagoniste féminine, pourrait être le plus autobiographique de la Bonanni [...] il est également transcrit l'impression que la narration étrangère, américaine ou européenne de suggestion américaine, sait réveiller chez ceux qui s'étaient nourris en majorité des sucs de notre prose, étant donné l'autarcie qui, les années précédentes [...] sembla constituer pour les Italiens le mot d'ordre aussi dans le domaine culturel. » « In questo racconto che, per quanto riguarda la protagonista femminile, potrebbe risultare il più autobiografico della Bonanni [...] c'è anche trascritta l'impressione che la narrativa straniera, americana o europea di suggestione americana, sa destare in chi si era nutrito in prevalenza dei succhi della nostra prosa, stante l'autarchia che negli anni precedenti [...] sembrò costituire per gli italiani la parola d'ordine anche nel campo culturale. »[6] Nouvelle traduite en anglais par Gilbert Creighton[7] et republié en partie en 1949[8].
Messa funebre
Les nouvelles Seme et Messa funebre se déroulent à Caramanico, un pays sur le massif de la Maiella, où les fascistes et les Allemands se heurtèrent à la dure réalité des partisans, des juifs et des parachutistes des Alliés. Dans l'ancienne église se déroulent les obsèques d'une femme âgée, quand un bombardement secoue les murs et les colonnes. La jeune Irina, sortant indemne de l'église, voit un soldat bavarois qui dessine la facade de l'église et sa rosace antique. Elle ne voit pas en lui un ennemi[9].
Il seme
Karl, le soldat bavarois qui dessinait la façade de l'église, meurt et son corps, abandonné par ses compagnons, pourrit dans un champ. De la liqueur sortie de ses pupilles vides naît une plante et fleurit une fleur. « il primo seme a esprimere un cespo di violacciocche da un'oncia di terriccio annidato nell'ansa d'una foglia di pietra del rosone fu certo quello del bavarese Karl. [...] l'umore dell'occhio, avendo ceduto se alla terra, le aveva fatto posto nel cavo dell'orbita. [...] Ma poi ne scaturì, al lucente sole, un filo d'erba smeraldino. Per quella terra altri corpi erano sparsi come chicchi di grano. » « La première graine à exprimer un buisson de giroulées d'une once de terre nichée dans l'anse d'une feuille de pierre de la rosace fut certainement celle du bavarois Karl. [...] L'humeur de l'œil, s'étant donnée à la terre, lui avait fait place dans le creux de l'orbite. [...] Puis il en sortit, au soleil brillant, un fil d'herbe émeraude. Sur cette terre d'autres corps étaient dispersés comme des grains. »[10].
Critique
Il fosso fut recensé par Eugenio Montale, par Goffredo Bellonci[11], par Ferdinando Giannessi[12], par Enrico Falqui (it)[13], par Emilio Cecchi[14], par Mario Picchi (it), par Arnaldo Frateili (it), par Giuseppe De Robertis (it), par Aldo Capasso (it), par Geno Pampaloni (it), par Lorenzo Gigli (it), par Eraldo Miscia (it), par Arnaldo Bocelli (it), par Ettore Allodoli (it) et par d'autres écrivains. Laudomia Bonanni avait conservé les coupures de journaux et de revues avec les critiques : elles furent republiées après sa mort[15] - [16].
Éditions
- Il fosso, Milan, Mondadori, 1949.
- Il fosso, réédiction avec Palma e Sorelle, Milan, Bompiani, 1968.
- Il fosso, réédiction posthume, Textus, L'Aquila, 2004 (curatelle de Carlo De Matteis)[17].
Voir aussi
- L'imputata, roman de Laudomia Bonanni, 1960.
Notes et références
- Quelques années plus tard, Maria Bellonci décrivit le caractère de Laudomia Bonanni, avec ces mots: « Voici Laudomia Bonanni descendre de L'Aquila, et nous ne serions pas étonnés s'ils nous disaient qu'elle est venue à pied, tant son pas est affématif, non pas de conquête mais d'appropriation. Faites confiance à ce pas, s'accomplissent ses rythmes de créature solitaire, mais robustement grandi en elle-même, énergique d'esprit et de cœur. » « Ecco Laudomia Bonanni scendere dall'Aquila, e non ci merviglieremmo se ci dicessero che è venuta a piedi, tanto il suo passo è affemativo, non di conquista ma di appropriazione. Fidati su questo passo i svolgono i suoi ritmi di creatura solitaria ma robustamente cresciuta in se stessa, energica di spirito e di cuore. », cf. (it) Maria Bellonci, Pubblici segreti, N. 1, Milano, A. Mondadori, , 52-53 p., déjà parus dans le journal Il Messaggero, de 1964 à 1970.
- Fausta Samaritani-Epistolario 2006, p. 18-24.
- « Il y eut un moment de suspension quand, on ouvrant l'enveloppe dans laquelle était le nom d'un auteur, nous avons découvert qu'il s'agissait d'une femme [...] qui, en plus du prix (notre souscription n'atteignait pas les cent cinquante mille lires) eut la publication du manuscrit dans la Collana La Médusa degli Italiani de Mondadori en commençant sa vie littéraire qui est en montée continue. » « Ci fu un momento di sospensione quando, aprendo la busta nella quale era il nome di un autore, scoprimmo che si trattava di una donna [...] che oltre al premio (la nostra sottoscrizione non arrivava a centocinquantamila lire) si ebbe la pubblicazione del manoscritto nella Collana La Medusa degli italiani da Mondadori iniziando quella sua vita letteraria che è in continua ascesa. », cf. (it) Maria Bellonci, Come une racconto gli anni del Premio Strega, Milan, A. Mondadori, , 21-22 p.
- Édiction partiele de cette nouvelle, dans "Illustrazione Ticinese", Bâle, 24 novembre 1956.
- « Quel fosso, pieno di lordure, sotto le finestre della Colomba, dove nonostante tutto un sambuco arriva a fiorire ogni primavera, è la metafora della gente senza speranza e senza domani. Il commento della Bonanni di fronte all'azione della sua protagonista che decide di ripulire quel letamaio è secco, oggettivo, degno delle migliori pagine veriste: "Neanche di sole ce n'è per tutti a questo mondo, ben si sa : ma certa gente non vuole accorgersi che il sole non l'arriva." » « Ce fossé, rempli de saletés, sous les fenêtres de la Colomba, où malgré tout un sureau fleurit chaque printemps, c'est la métaphore des gens sans espoir et sans lendemain. Le commentaire de la Bonanni devant l'action de sa protagoniste qui décide de nettoyer ce fumier est sec, objectif, digne des meilleures pages véristes : "Il n’y a pas de soleil pour touts dans ce monde, mais certains ne veulent pas remarquer que le soleil ne vient pas." » Gianfranco Giustizieri-Laudomia scrittrice 2010, p. 113-114.
- (it) Ottaviano Giannangeli, « La Bonanni e il dialetto », Scrittura e radici. Saggi : 1969-2000, Lanciano, Carabba, 1950, 19, p. 157-158.
- (en) Laudomia Bonanni, « The Monster », Perspective, Lousville (Kentucky), University press of Lousville, .
- Republié en partie avec Georges Simenon, Maria del porto, Milan, A. Mondadori, 1949, p. 183-191.
- Cette nouvelle était déjà parue dans Nuova Antologia (it), anné 83, fasc. 1769 (mai 1948), p. 58-66.
- Fausta Samaritani-Penna dell'Aquila 2010, p. 182-183.
- « [...] l'utilisation de mots très crus dans une prose qui révèle aussi l'étude d'écrivains très modernes, auxquels nous devons la réévocation lyrique du monde de la mémoire, de Proust à Woolf. » « [...] l'uso di parole crudissime in una prosa che però rivela anche lo studio di scrittori modernissimi, ai quali dobbiamo la rievocazione lirica del mondo della memoria, da Proust alla Woolf. » Goffredo Bellonci 1949.
- Sur le récit Il mostro il écrivit : « Le phénomène de l'adolescent qui se réveille à la virilité est vu de façon nouvelle et suggestive, comme rarement il se produit : pas directement, avec une de ces introspections qui sont maintenant le brevet du meilleur Moravia, mais à travers les réactions d'une femme mûre et digne, qui en subit par inadvertance les réflexes. » « Il fenomeno dell'adolescente che si sveglia alla virilità è visto in modo nuovo e suggestivo come raramente accade: non per via diretta, con una di quelle introspezioni che sono ormai brevetto del migliore Moravia, ma attraverso le reazioni di una donna matura e dignitosa, che ne subisce inavvertita i riflessi. » Ferdinando Giannessi 1950, p. 19.
- « [...] saura-t-elle sauter le "fossé" du novice régionaliste et conquérir le "monstre" du récit introspectif? » « [...] saprà saltare il "fosso" del novellatore regionalistico e conquistare il "mostro" del racconto introspettico? »Enrico Falqui 1950.
- « Les préférences de la Bonanni la conduisent vers le sombre, le scabreaux, l'audacieux, mais ne sont pas du tout gratuites et elle ne les cultive pas et ne les étale pas à impressionner ou à se montrer à la page. Le drame des saisons, la matière épuisée et pourrie qui fermente dans ses spores, le passage continu des forces vitales à travers l'horreur de la mort et l'exaltation aveugle de l'amour : ce sont les choses et dignes de la poésie, qu'elle éprouve. » « Le preferenze della Bonanni la portano verso lo scabroso, l'ardito, l'audace, ma non sono affatto gratuite, né essa le coltiva e ostenta a far colpo o per mostrarsi à la page. Il dramma della stagioni, la materia esausta e imputridita che rifermenta nelle sue spore, il continuo trapasso delle forze vitali attraverso l'orrore della morte e la cieca esaltazione dell'amore: queste sono le cose e degne della poesia, che ella sente. » Emilio Cecchi 1950.
- Pietro Zullino 2002, p. 13-30.
- Gianfranco Giustizieri-tra memoria e futuro 2014, p. 47-75.
- Dans l'« Indroduzione » Carlo De Matteis a écrit : « [...] ne manquèrent pas [...] des distinctions qui, face à la vigueur et à l'air de l'invention narrative, soulignaient des limites d'une langue scolaire, maniérée, tissée d'un lexique inactuel et travesti; une certaine prudence conservatrice, enfin, dans l'attente de nouvelles preuves qui, connues du lecteur d'aujourd'hui, lui permettent d'aller au-delà du caractère provisoire et impromptu de jugement des premiers commentateurs, car certaines de leurs perplexités et incertitudes de prévision sur le développement de l'art de l'écrivaine ont naturellement trouvé réponse dans les œuvres elles-mêmes venues à la lumière du jour. » « [...] non mancarono [...] distinzioni che, a fronte del vigore e del piglio dell'invenzione narrativa, sottolineavano i limiti di una lingua scolastica, manierata, intessuta di un lessico disueto e travestito; una certa prudenza cautelativa, infine, in attesa di ulteriori prove che, note al lettore di oggi, gli consentono di andare oltre la provvisorietà e la estemporaneità di giudizio dei primi recensori, giacché alcune loro perplessità e incertezze di previsione sullo svogimento dell'arte della scrittrice hanno poi naturalmente trovato risposta nelle opere stesse venute mano mano alla luce. »
Annexes
Livres
- (it) Pietro Zullino (curatelle de), La vita e l'opera di Laudomia Bonanni: con una raccolta delle recensioni: "Il fosso", "Palma e sorelle", "L'imputata", "L'adultera", "Vietato ai minori", "Città del tabacco", "Il bambino di pietra", "Le droghe" e la presentazione di tre romanzi inediti, Rome, s.e.,
- (it) Fausta Samaritani (curatelle de), Laudomia Bonanni - Epistolario, vol. I, Lanciano (CH), Carabba, , 18-24, 73-75, 77-82, 89, 129, 224-225 et 231-232 (ISBN 88-88340-99-8).
- (it) Gianfranco Giustizieri, "Io che ero una donna di domani". In viaggio tra gli scritti di Laudomia Bonanni, L'Aquila, Consiglio regionale dell'Abruzzo, .
- (it) Gianfranco Giustizieri, Laudomia scrittrice senza tempo. Secondo viaggio tra gli scritti di Laudomia Bonanni, Lanciano (CH), Carabba, , 111-117 et passim (ISBN 978-88-6344-131-4).
- (it) Gianfranco Giustizieri, Laudomia Bonanni tra memoria e futuro. Itinerari di lettura nelle pagine della critica letteraria. Con una testimonianza di Luciano Paesani e il copione dell'adattamento teatrale del racconto "Città del tabacco", Lanciano (CH), Carabba, , 43-76 p. (ISBN 978-88-6344-279-3).
Articles
- (it) Eugenio Montale, « Aggredisce i mostri la ragazza dell'Aquila », Corriere d'informazione, Milan, 1949, 6-7 décembre, p. 3.
- (it) Ferdinando Giannessi, « Libri autori critici. La Medusa degli italiani », ...e chi non sa su' danno, Pise, Industrie grafiche V. Lischi & figli, vol. XVIII, nos 10-11, , p. 18-19.
- (it) Goffredo Bellonci, « Il fosso di Laudomia Bonanni », Il Giornale d'Italia, Rome, 1949, 1 novembre, p. 3.
- (it) Enrico Falqui, « Saltare il fosso », Il Tempo, Rome, 1950, 19 février, p. 3.
- (it) Emilio Cecchi, « Narratore e narratrice », L'Europeo, Rome, 1950, 23 avril.
- (it) Fausta Samaritani, « Laudomia Bonanni (la Penna dell'Aquila) fuori dal coro », La donna italiana da Salò alla Prima Repubblica. Curatelle de Romain H. Rainero, Milan, Cuesp, , p. 155-189.
Liens externes
- (it) Sandra Petrignani, « Bonanni Laudomia », sur 150anni.it (consulté le ).