Hypermnésie (histoire)

L'hypermnésie est un concept d'historiographie qui désigne un déséquilibre net entre le souvenir que la conscience collective a d'un fait historique, et le souvenir d'autres faits contemporains qui font eux l'objet d'une amnésie collective ou d'une hypomnésie.

Concept

Le concept aurait été inventé par Alain Besançon dans ses travaux sur la Seconde Guerre mondiale. Il utilise ce concept pour souligner que certains faits particulièrement marquants tendent à prendre une place disproportionnée dans la mémoire collective, quand d'autres faits plus marquants (numériquement par exemple, dans le cas de la Collaboration) sont oubliés, consciemment ou pas[1].

L'hypermnésie en histoire fait l'objet de débats et de discussions sur ses causes ainsi que sur son intensité en fonction des pays[2]. La concurrence mémorielle aurait pour conséquence l'inflation de la mémoire de certains évènements par rapport à d'autres du fait des forces en présence dans cette concurrence[3]. Stéphane Audoin-Rouzeau souligne que la brutalité des évènements ressentis favorise l'hypermnésie de ces évènements, ce qui a conduit à une hypermnésie des guerres mondiales[4].

Exemples historiques

Collaboration française

Alain Besançon donne en exemple l'hypermnésie des faits centrés sur la Résistance française, qui est nette relative à l'amnésie de la Collaboration française avec l'occupant[1].

Collaboration en Grèce

Le terme est utilisé pour décrire le traitement des collaborationnistes et des résistants en Grèce durant la Seconde guerre mondiale[5].

Multiplicité des acteurs de la Première guerre mondiale

L'historienne Anna Bellavitis remarque une hypermnésie au sujet des poilus de la Première Guerre mondiale par rapport à l'amnésie de tous les acteurs qui ont travaillé derrière les lignes en soutien logistique, dont les femmes (voir Femmes pendant la Première Guerre mondiale)[6].

Voir aussi

Références

Alain Besançon, dans son discours Mémoire et oubli du bolchevisme prononcé à l’Institut lors de la séance publique annuelle des cinq académies, le 21 octobre 1997, puis dans son livre Le malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l’unicité de la Shoah, Fayard, Paris, 1998, 165 p.
Benoît Falaize, Corinne Bonafoux et Laurence de Cock-Pierrepont, Mémoires et histoire à l'École de la République: Quels enjeux ?, Armand Colin, 7 novembre 2007 (ISBN 978-2-200-25502-2, lire en ligne)
Geoffrey Grandjean et Jérôme Jamin, La concurrence mémorielle, Armand Colin, 2 novembre 2011 (ISBN 978-2-200-27630-0, lire en ligne)
Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (XIX^e – XXI^e siècle): Une anthropologie historique de la guerre moderne (xixe-xxie siècle), Editions du Seuil, 1^er octobre 2009 (ISBN 978-2-02-101058-9, lire en ligne)
Dimitris Kousouris, L'histoire des procès des collaborateurs en Grèce (1944-1949), Presses de l’Inalco, 10 janvier 2018 (ISBN 978-2-85831-260-3, lire en ligne)
Anna Bellavitis, Genre, femmes, histoire en Europe: France, Italie, Espagne, Autriche, Presses universitaires de Paris Ouest, 20 novembre 2014 (ISBN 978-2-8218-5121-4, lire en ligne)

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