JKA Haiti & Nader's Dojo | |
Situation | |
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Région | Haiti, Monde |
Création | |
Type | Organisation non gouvernementale internationale |
Domaine | Art Martial |
Nader's Dojo | Port-au-Prince, Haiti |
Langue | Anglais,Français,Créole |
Organisation | |
Secrétaire général | Evens Nader Joiseus |
Secrétaire général Adjoint | Tchoune Douhangue Clercius |
Trésorier | Garry Lhérisson |
Personnes clés | Nader Joiseus 6e Dan (Dir. Gnl, Sensei en Chef, membre Fondateur),
Ralph Edmond 5e Dan (Membre fondateur), Carl Darbouze 5e Dan (Membre fondateur) |
Site web | https://www.jkaht.org |
L'histoire du karaté en Haïti débute avec son introduction dans le pays vers le milieu des années 1960, à partir de certains livres de vulgarisation spécialisés écrits en français, principalement par Roland Habersetzer et Henry Plée. Cet art martial, n’étant pas très en vogue sur le continent Américain et particulièrement dans les Caraïbes, les pionniers haïtiens de l’époque, Marcel Bréa, Henock Lercius, Abel Romains, Lyonel Abellard, Volmar..., s’enrichissaient de ce que proposaient ces deux “maitres” pour imposer leur hégémonie.
Sommaire
- Les premiers pas du Sensei Nader Joiseus dans le Karaté
- Un tournant important dans la pratique du karaté du Sensei Nader Joiseus
- De la rencontre du Sensei Nader avec le maitre Masataka Mori[3]
- Du premier séjour du Sensei Nader au Dojo du Maître Masataka Mori
- Du retour du Sensei Nader en terre natale après son premier séjour à New York
- Du deuxième séjour du Sensei Nader à New York
- Création de la Haïti Japan Karaté Association / Haïti-Jka
- Rencontre du Sensei Nader avec le Maitre Hidetaka Nishiyama
- De la pratique du vrai karaté en Haïti
- Des grades en Haïti
- Biographie du Sensei Nader Joiseus
- Notes et références
Les premiers pas du Sensei Nader Joiseus dans le Karaté
Le nom de Sensei Nader Joiseus[1] ne figurait pas parmi les pratiquants du karaté en Haïti dans les années 1960. Il a fallu attendre 1971, au moment où il allait entamer ses classes secondaires à Port-au-Prince, pour voir Sensei Nader s’initier au karaté. Il a tracé ses premiers « katas » au Dojo situé à la rue Joseph Janvier (Bloc compris entre la rue du Centre et le boulevard J. J. Dessalines) sous le regard magistral du professeur Édouard Métellus. Ce début était loin d’être un succès. Environ deux ans plus tard, le Sensei Nader allait laisser son Dojo mère à la suite d'un malentendu avec son premier coach.
Un tournant important dans la pratique du karaté du Sensei Nader Joiseus
Vers la fin de l’année 1973, le Sensei Nader rejoignit le Professeur Henock Lercius qui l’accueillit à bras ouverts à son dojo. Avec ce dernier, le Sensei a passé plus de 10 ans à s’entrainer. Il croyait pratiquer à l’époque du karaté professionnel, moderne. Mais hélas, le Sensei Nader devra attendre l’année 1981 pour découvrir et commencer la pratique du vrai karaté créé par le Maitre Gichin Funakoshi.
Il est à noter que, la rencontre du Sensei Nader avec son Professeur Henock Lercius, le mettait en plein dans une polémique ouverte entre ce dernier et le Professeur Lyonel Abellard[2]. Cette polémique a duré plus de trente ans, mais elle perdra beaucoup de son intensité avec le temps.
De la rencontre du Sensei Nader avec le maitre Masataka Mori[3]
Au début de l’année 1981, Sensei Nader, en compagnie de Frantz Gourdet et de Stanley Lucas, a fait partie de la sélection de Karaté d’Haïti qui a eu à participer à un tournoi au Mexique. C’est à ce championnat régional qu’il a eu la possibilité de remarquer le faible niveau du karaté Haïtien. Frappé dans son orgueil et voulant faire flotter le bicolore à l’échelle internationale, le Sensei Nader a pris la décision d’entrer en contact avec le monde du vrai karaté.
Avec l’appui du colonel Christophe Dardompré qui commandait à l’époque la 48e compagnie de la Garde présidentielle et d’un américain d’origine haïtienne du nom de Thed Michel, le Sensei a pu faire le voyage vers les États-Unis d’Amérique en vue de concrétiser son rêve. Ainsi, il a pu, rencontrer Maitre Masataka Mori qui avait son Dojo à Manhattan au niveau de la 72e rue. Et, ce n’est seulement qu’à ce moment-là qu’il a vu et commencé véritablement avec la pratique du vrai Karaté.
Du premier séjour du Sensei Nader au Dojo du Maître Masataka Mori
En , avec l’appui de Ted Théodore, citoyen américain d’origine haïtienne, Sensei Nader rencontra officiellement Maitre Masataka Mori à son Dojo qui était à Manhattan. A son arrivée au dojo, le premier jour, il fut accueilli par un élève karatéka. Sensei Nader fut ensuite invité à rentrer au vestiaire pour s’habiller. Il se vêtit de son kimono multicolore et passa sa ceinture noire. Ceci fut perçu comme étant une très grave violation des normes. Maitre Mori justifia sa position par le fait qu’Haïti ne figurait pas encore dans la liste des pays pratiquant officiellement le karaté et ne maitrisait pas encore les normes en vigueur.
Pour prendre part à son premier entraînement sous la supervision rigoureuse de Maitre Masataka Mori, Sensei Nader a dû porter une ceinture blanche et un autre kimono acheté sur place au prix de Soixante dollars américains. Après seulement cinq minutes d’entrainement sans relâche, Sensei Nader, à bout de souffle, a dû s’arrêter. Après une courte pause, avec courage, il se rétablit et retrouva son énergie pour continuer avec ce nouveau training du vrai karaté. Une semaine plus tard d’entrainement avec l’expert, des progrès significatifs furent constatés. Les séances d’entrainement et de formation journalières étaient divisées en trois classes: Débutants, Intermédiaires et Avancés. Le Sensei, s’adonnant exclusivement au vrai karaté, constata avec joie sa progression.
Ces séances de travail et de dur labeur avec le Maitre auront duré 21 jours. Au terme de ce séminaire, Sensei Nader croyait qu’il allait recevoir, au moins, un certificat pour justifier sa rencontre et ces jours de travail avec Maitre Masaka Mori. En lieu et place, le Maitre lui demanda d’aller en « zazen », jargon du karaté qu’il découvrait pour la première fois et qui signifie « Allez-vous asseoir ». Cette première rencontre ainsi permis au Sensei Nader de prendre connaissance des normes d’un vrai Dojo. A titre d’exemple, c’était pour la première fois qu’il entendait prononcer « Oss Sensei » avec autant de rigueur. A noter que « Oss Sensei » est une pratique pour répondre oui aux ordres d’un instructeur de Karaté.
Du retour du Sensei Nader en terre natale après son premier séjour à New York
À son retour en Haïti, le Sensei Nader, après son séjour au Dojo de Manhattan, n’avait reçu aucun parchemin à présenter; un parchemin couronnant sa fructueuse participation à un grand séminaire. Quel déboire ! Or, à cette époque, les autres karatékas annonçaient toujours dans la presse leur participation à un éventuel grand séminaire international. Au retour, ils fêtaient leur victoire et exhibaient trophées et diplômes décrochés.
Sensei Nader fut l’objet de toutes sortes de moqueries, n’ayant rapporté ni trophée, ni médaille, ni ceinture. Il fut qualifié de mythomane, de faux prophète, d’homme doté d’un appétit gargantuesque plus porté à se nourrir de poulets acheté à Chinatown, et qui voulait faire croire qu’il avait participé à un séminaire de karaté. Aussi, bon nombre de journalistes sportifs de l’époque n’ont pas voulu l’interviewer. Seul le journaliste Jean Charles Molière Louis a accepté de reporter scrupuleusement les péripéties du Sensei au cours de ce séminaire si important pour le karaté d’Haïti. Remerciements et hommage à ce grand homme de la presse qui croyait à l’avenir.
Du deuxième séjour du Sensei Nader à New York
En , Sensei Nader se rend à nouveau à New York pour continuer avec les séries d’entrainements avec le Maitre Masataka Mori.
Au cours de cette période, le conflit ouvert entre World Union Karate Organisation (W.U.K.O), dirigé par Jacques Delcourt et International Traditional Karaté Fédération (I.T.K.F) dirigé par Master Hidetaka Nishiyama, faisait couler beaucoup d’encre. Le Comité International Olympic (CIO) finalement reconnut WUKO comme fédération mondiale. À la suite de cette décision, I.T.K.F, une fédération dérivée de la Japan Karaté Association (JKA), demanda à tous ses membres de s’organiser en association et de se faire inscrire au comité Olympique de leur pays respectif afin d’exercer des pressions sur le Comité Olympique International pour le porter à reconnaitre aussi l’ITKF comme membre. Signalons, toutefois, que la charte du CIO ne lui permet pas de reconnaitre deux fédérations de même entité comme membre.
Création de la Haïti Japan Karaté Association / Haïti-Jka
La Haïti Japan Karaté Association / Haïti-JKA a été fondée en 1983. Ce nom a été pensé par Maitre Mori à New-York. Immédiatement créée, une lettre a été adressée au Comité Olympic Haïtien (COH) afin de reconnaitre cette unique Association de Karaté en Haïti; à l’époque, il n’existait que des clubs de karaté. Le COH (Comité Olympique Haïtien) rejeta cette requête précisant par une note de presse qu’il venait de reconnaître une autre association de Karaté; celle dirigée par Lyonel Abellard et dénommée Association National de Karaté d’Haïti.
Ainsi, le torchon qui brulait entre les Sensei Nader et Abellard s’intensifia. D’une année à l’autre, toutefois, Sensei Nader opérerait de grands changements dans cette discipline ; mais l’initiative lui a valu la perte de bon nombre de ses étudiants. Avec le temps, ces derniers ont compris que le Sensei ne voulait que l’avancement du karaté haïtien, ainsi bon nombre sont retournés à son dojo.
Rencontre du Sensei Nader avec le Maitre Hidetaka Nishiyama
À partir de 1983, la Japan Karate Association of New-York commenca à inviter Haïti-JKA aux séminaires et aux championnats internationaux. C’est ainsi que Sensei Nader, dans un séminaire organisé en 1988, a pu rencontrer le Maitre Hitetaka Nishiyama, 8e Dan JKA. Cette rencontre a été fructueuse. Elle a permis à Sensei Nader de modifier sa stratégie. Ainsi, il s’est dirigé vers la classe estudiantine, sous les conseils du Master Nishiyama, dans l’objectif de récupérer et d’enseigner aux étudiants cette discipline. Cette démarche a été bien accueillie par eux et ils continuent à pratiquer le vrai karaté toujours avec beaucoup d’amour.
Grâce à ce travail remarquable dans le secteur, Sensei Nader a pu rencontrer: Justin André Casimir, Roger Charles, Frantz Gourdet, Eslyn Jean Baptiste, Kitchner Doucet, Max Beauchamp, Ralph Edmond, Carl Darbouze. Depuis, ils se sont perfectionnés et ils aident à la diffusion de la pratique du vrai karaté
De la pratique du vrai karaté en Haïti
Pour transformer le Karaté en Haïti, Sensei Nader a consenti beaucoup de sacrifices. Au cours d’une rencontre avec Maitre Mori, il fit une plaidoirie afin que ce dernier consente à envoyer des experts en Haïti. C’est ainsi que Sensei Shu Takahashi fut autorisé à venir animer annuellement des séminaires de Karaté à l’intention des membres de la Haïti-JKA.
Le premier séminaire des séries réalisé, a été vraiment difficile. Les pratiquants haïtiens ne comprenaient même pas la notion de « Karaté » voir un « séminaire de karaté ». Alors que Sensei Shu Takahashi accentuait sur les prérequis de l’art, les pratiquants haïtiens eux-mêmes s’attendaient à voir un karatéka japonais faire des démonstrations relatives aux mouvements cinématographiques.
Malheureusement, après la première journée, beaucoup de pratiquants avaient abandonné. Ils ne pouvaient pas maitriser scrupuleusement les notions de base inculquées par le professeur estimant que c’était du superflu. Et Sensei Nader, en dépit de la modique somme réclamée, Deux cents gourdes par pratiquant non membre de Haïti-JKA et Cent-vingt-cinq gourdes pour les membres, se trouvait confronté à de sérieuses difficultés pour réunir les frais d’honoraires du Sensei Shu Takahashi. Aussi, Sensei Nader a dû effectuer un prêt bancaire pour un montant de quatre cent dollars (400,00 $) pour faciliter le départ de l’instructeur.
Cependant avec le temps, les pratiquants ont repris le chemin du Dojo et ont fini par maitriser les bases et les techniques de kata ainsi que les techniques de kumité. Ainsi, le Karaté commença à se transformer en Haïti vers un niveau un peu plus élevé.
Il est à rappeler qu’avant 1983, on ne pratiquait en Haïti que les katas figurant dans un des livres écrit par Roland Habersetzer, Le guide marabout du karaté, Éditions Gérard & C°, collection "Marabout flash". Ces katas étaient les cinq Heian, Tekki shodan, Kankudaï et Saïpa. Le travail effectué par Sensei Nader a permis aux pratiquants haïtiens de faire connaissance avec tous les katas avancés.
Des grades en Haïti
Le problème crucial rencontré dans le karaté en Haïti est celui de l’obtention des grades. En effet, dans les différents dojos, les grades sont distribués au mépris des normes internationales. Pour sa part, depuis sa rencontre avec Maitre Masataka Mori, Sensei Nader a discontinué les tests de grade au niveau de ceinture noire pour les membres de Haiti-JKA. Car, au sein de JKA, les Senseis doivent avoir l’autorisation de la maison mère, au Japon, pour donner certains grades.
Au regard de ce travail exemplaire réalisé par Sensei Nader dans le karaté, il a été donné aux membres de Haiti-JKA, ci-après cités, d’avoir des grades internationaux hiérarchiquement élevés. Ce sont :
Rang | Pratiquant | Grade |
---|---|---|
1. | Nader JOISEUS | 6e Dan JKA |
2. | Ralph EDMOND | 5e Dan JKA |
3. | Carl DARBOUZE | 5e Dan JKA |
4. | Jean Emmanuel CASTERA | 3e Dan JKA |
5. | Evens Nader JOISEUS | 3e Dan JKA |
6. | Garry LHERISSON | 2e Dan JKA |
7. | Casimir Justin ANDRE | 2e Dan JKA |
8. | Christopher Lespinasse | 2e Dan JKA |
9. | Tchoune Douhangue Clercius | 1er Dan JKA |
Notons que plusieurs autres pratiquants de l’Association sont détenteurs du 1re Dan.
Grâce à près de quarante années de sacrifices et de dur labeur, Haïti-JKA a participé à de nombreux championnats organisés en Europe, en Amérique et au Japon. Aujourd’hui le karaté est bien connu par les pratiquants haïtiens. La révolution de la communication a permis à ces derniers de voir tous les Katas, les kihons, les kumités et même des championnats à partir d’un écran d’ordinateur voir de smartphone.
Biographie du Sensei Nader Joiseus
Sensei Nader, pionnier de la pratique du karaté traditionnel de Gichin Funakoshi en Haïti, est originaire de Petite-Rivière-de-l’Artibonite en Haiti, particulièrement de la localité Descordes. Il a été baptisé à l’Église Saint-Joseph de Port-au-Prince. Le Sensei a fait ses études primaires dans sa ville natale et est rentré à Port-au-Prince en 1971 pour poursuivre ses études secondaires. Il a d’abord fréquenté le collège Honoré Féry et en 1978, il a bouclé le cycle secondaire au lycée Anténor Firmin. Après ses études classiques, il est rentré à la Faculté des Sciences (FDS) de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et en est sorti avec un diplôme d’ingénieur civil. Par la suite, il a intégré la faculté d’Ethnologie pour étudier les Sciences du développement.
En 1986, à la chute du régime des Duvalier, le jeune ingénieur a intégré l’administration publique. Il rentre à l’Unité d’évaluation et de contrôle du Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication / MTPTC.
En 1992, le natif de Petite-Rivière-de-l’Artibonite se rend aux États-Unis d’Amérique et intègre Miami Dade Collège Community pour des cours d’anglais puis Florida International University (FIU) pour continuer des études universitaires. Il n’est toutefois pas parvenu à boucler ce cycle d’études universitaires avancées, compte tenu de contraintes budgétaires.
En , le Sensei est retourné en Haïti avec un objectif parallèle à sa carrière professionnelle, continuer à consolider les bases pour une progression du karaté professionnel dans le pays.
Neuf années plus tard, en 2004, l’ingénieur-karatéka est nommé Assistant-Directeur á la Direction des Travaux Publics du MTPTC[4], chargé du Service d’Entretien des Équipements Urbains et Ruraux, SEEUR.
En , à la suite d'un soulèvement manipulé par des responsables du Ministère, l’ingénieur Nader a donné sa démission de son poste au SEEUR, après 14 ans de service.
Aujourd’hui, instructeur dans l’âme, avec une passion pour la jeunesse, le Sensei Nader, 6e Dan, mène ses activités d’instructeur de karaté mais poursuit son œuvre d’enseignant de mathématiques au Lycée Alexandre Pétion et donne des consultations à des firmes d’ingénierie.
Notes et références
- « Le nouvelliste Haiti », sur lenouvelliste.com (consulté le )
- « lenouvelliste.com »
- « martialconnection.com »
- « https://www.mtptc.gouv.ht/ »