Henri Pascal
Henri Roger Pascal, né le à Saint-Andiol et mort à Lille le , dit le Petit juge Pascal est un magistrat français qui a joué un rôle majeur dans l’affaire de Bruay-en-Artois.
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(Ă 68 ans) Lille |
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Biographie
Issu d’un milieu modeste, Henri Pascal est le fils d'un petit commerçant et d'une fille de paysans. Lycéen à Nîmes puis à Avignon, il choisit, après l’obtention de son baccalauréat, de mener des études de droit. Inscrit à la faculté d’Aix-en-Provence, il obtient son doctorat à 23 ans. Deux fois lauréat de faculté, il entre dans la magistrature en 1951 d’abord comme juge suppléant à Draguignan puis à Toulon. Nommé à Béthune en , il y devient juge d’instruction en . En 1970, par création du poste, il devient premier juge d’instruction, fonction dans laquelle il va mener deux procédures importantes, les suites de la catastrophe de Liévin de décembre 1974 mais surtout l’affaire de Bruay-en-Artois en .
L’affaire de Bruay-en-Artois
L’assassinat d’une jeune fille de 16 ans, Brigitte Dewèvre, passe très rapidement d’une dimension locale à celle d’une cause nationale, tant ce dossier aux multiples facettes - policière, juridique, sociale et enfin politique - épouse les enjeux d’une région alors frappée de plein fouet par la crise économique.
Saisi du dossier, Henri Pascal mène dès lors son enquête d’une manière très inhabituelle, presque engagée sinon partisane au point de recevoir tout à la fois éloges et critiques de la part du public comme des autorités[1]. Convaincu de la culpabilité du notaire Pierre Leroy selon « un faisceau de présomptions graves et concordantes » puis de la maîtresse de ce dernier, Monique Mayeur, jouant de relations privilégiées avec la presse en malmenant le secret de l’instruction, il sera le premier magistrat français à connaître une telle célébrité nationale.
Très vite, pour toutes ces raisons, l'affaire prend une dimension politique. Un comité local soutenu par Jean-Paul Sartre ou encore le journaliste Serge July[2], prend la défense du « petit juge ». Fin juillet, ce dernier est dessaisi de l'affaire tandis qu’un nouveau suspect, ami de la victime, est arrêté et emprisonné. Libéré peu après, ce dernier sera relaxé en 1975. La procédure, qui n’aboutira à aucun résultat, est définitivement classée en 2005.
Le parcours de ce juge « déclassé par le haut » le dispose à une posture critique vis-à -vis de l’institution judiciaire. Issu d’un milieu social modeste, il est confronté, par ses études, à un monde professionnel où l’héritage reste la règle. À cet héritage, Pascal oppose une attitude d’homme proche du justiciable. À l’occasion du meurtre de Brigitte Dewèvre, il a l’occasion d’introduire dans l’institution judiciaire un point de vue dissident qui se nourrit de l'opposition entre son statut social d'origine et celui qu'il occupe en tant que magistrat[3].
Fin de carrière
En , le juge Pascal quitte Béthune pour Douai où il exerce jusqu’à sa retraite (en ) les fonctions de conseiller à la chambre sociale de la Cour d'appel. En , après avoir essuyé un premier refus d'inscription du barreau de Béthune inquiet de sa réputation, il ouvre un cabinet d’avocat. Il meurt à Lille un an plus tard.
Ouvrage
- Mon combat continue, Henri Pascal, Seghers, 1979.
Notes et références
- Le juge Pascal sera régulièrement critiqué pour son appartenance supposée au tout nouveau Syndicat de la Magistrature mais sa famille, ainsi que sa fille, ne reconnaîtront que sa position de sympathisant de cette organisation.
- Qui crée sur place un bureau de presse de la Cause du Peuple.
- Rémi Guillot, « Les réseaux d’information maoïstes et l’affaire de Bruay-en-Artois », Les Cahiers du Journalisme,‎ , p. 215 (lire en ligne)