Guy Le Bouteillier
Guy Le Bouteillier, né vers 1390 et décédé à La Roche-Guyon en 1438, chevalier, seigneur de La Vieuville, de la Bouteillerie et de La Roche-Guyon, issu d'une famille noble de moyenne extraction du Pays de Caux en Normandie, fut un capitaine au service des Bourguignons puis des Anglais pendant la guerre de Cent Ans.
Guy Le Bouteillier | |
Décès | Château de La Roche-Guyon |
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Origine | Duché de Normandie |
Allégeance | Duché de Bourgogne Royaume d'Angleterre |
Grade | Capitaine |
Années de service | 1417 – 1438 |
Conflits | Guerre de Cent Ans |
Famille | Jean Le Bouteillier, écuyer, chevalier et sieur de La Bouteillerie, père N. dame de Bréautré, mère |
Biographie
Carrière
Au service de Jean sans Peur, Duc de Bourgogne dont il fut chambellan, dès 1413, il est capitaine de Dieppe (1417) puis capitaine de Rouen (1418)[1]. Il capitule devant Henri V d'Angleterre qui prend Rouen le 13 janvier 1419[2]. Guy Le Bouteillier se rallie alors à Henri V qui lui laisse le capitanat de Rouen[note 1]. Il participe ensuite au siège de La Roche-Guyon sous le comte de Warwick[3] et contribue fortement à la chute de la forteresse en proposant de la saper en passant par les boves proches des murailles pour les miner. En récompense, il devient châtelain et Gouverneur de La Roche-Guyon (don confirmé le 20 mars 1420[4]) par la volonté d'Henri V[5]. Ce dernier propose à Perrette de La Rivière, veuve de Guy VI de La Roche-Guyon, tué en 1415 à la Bataille d'Azincourt, d'épouser Guy Le Bouteillier et de déshériter ses enfants issus du mariage précédent, elle refuse et rejoint Charles VII à Bourges[note 2]. Il est "Garde de Paris" pour le Duc de Bedford régent pour Henri VI d'Angleterre en 1422. Par un acte pris au Château Gaillard à Endelys-sur-Seine 29 avril 1423, Jean de Lancastre lui donne l'hôtel de Nesle[note 3] Il prend part au Siège d'Orléans comme commissaire aux montres et intendant au service des Anglais. Il assiège Saint-Valéry-sur-Somme sous le commandement de Pierre Ier de Luxembourg-Saint-Pol le pendant trois semaines, la place capitula le 24 août 1433. En 1435 il est l'émissaire d'Henri VI auprès du Duc de Bourgogne Philippe le Bon lors des négociations du Traité d'Arras. Il s'installe au château de La Roche-Guyon en 1436 et y meurt en 1438, laissant son épouse Catherine de Gavre d’Escornaix et quatre enfants mineurs[6].
Dans les arts
Un manuscrit du Livre du Chastel de Labour, roman moraliste en vers, destiné à de jeunes «bacheliers » célibataires à la veille du mariage, écrit au plus tard vers 1370 par Jacques (ou Jean) Bruyant, et ayant appartenu à Guy Le Bouteillier, est conservé à la Free Library de Philadelphie aux États-Unis suite à la donation de la famille Widener (en) en 1944. Guy Le Bouteillier était le commanditaire de ce manuscrit comme l'attestent ses armes reproduites plusieurs fois dans le manuscrit dont les eluminures furent certainement réalisées par le Maître de Fastolf, sans doute dans l'atelier du Maître de Bedford[7]. Elles sont d’une telle précision que l’on peut affirmer que l’artiste connaissait le site de La Roche-Guyon[8].
Annexes
Sources
- Mémoires de Pierre de Fénin, comprenant le récit des événements qui se sont passés en France et en Bourgogne sous les règnes de Charles VI et Charles VII. (1407-1427), Nouvelle édition, publiée d’après un manuscrit, en partie inédit, de la Bibliothèque royale, avec annotations et éclaircissements, par Mlle Dupont, 1837
- Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, publiée pour la Société de l'histoire de France par L. Douët-d'Arcq, en deux livres, avec pièces justificatives 1400-1444. Paris, Renouard, 1857-1862, 6 tomes
- Chronique du Religieux de Saint-Denys, contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, publiée en latin pour la première fois et traduite par M. Louis-François Bellaguet, précédée d'une introduction de M. de Barante, Collection des documents inédits sur l'histoire de France, Paris, chez Crapelet, 1839-1852, 6 vol.
- Jacques (ou Jean) Bruyant, Le Livre du Chastel de Labour, ou La voie de l’Adresse de Povreté et de Richesse, manuscrit en parchemin, The Free Library of Philadelphia, Rare Books Department, ms. Widener 1., Publication en fac-similé : König-Bartz 2005
Bibliographie
- Pierre Aldolphe Chéruel, Histoire de Rouen sous la domination anglaise au quinzième siècle, E. Le Grand Libraire-Éditeur, Rouen, 1840
- Puiseux Léon Francois, Siège et prise de Rouen par les anglais (1418-1419), 1867
- Rousse Émile, La Roche-Guyon. Châtelains, château et bourg, Paris, 1892 (rééd. 2006)
- Roger J.-M., «Guy Le Bouteillier » , dans Actes du 101e Congrès national des sociétés savantes. Lille. 1976, Paris, 1978, t. II, p. 271-329.
- Alain Quenneville, La Roche-Guyon, dix siècles d'histoire, 1991, 24 p.
- Jean Mesqui, Claire Le Roy et Jean Le Roy, « Guy le Bouteiller, le château de La Roche-Guyon et le maître de Falstolf vers 1425 », Bulletin monumental, Paris, Société française d'archéologie, vol. 166, no 2,‎ , p. 135-150 (lire en ligne [PDF]).
- Deplaigne Valérie, L’Héritage de Marie de La Roche-Guyon. Un conflit entre deux nobles lignages normands à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (collection «  Mnémosyne  »), 2009
- Morin Christophe, Le château de La Roche-Guyon, coll. Itinéraires, Île-de-France, Éditions du Patrimoine, Centre des Monuments Nationaux, Paris, 2008
Notes et références
Notes
- Mémoires de Pierre de Fénin, page 104-105 : « Messire Guy Le Boutillier, qui estoit l’un des capitaines de Rouen tant que le siège y fut, se rendit du parti au roy Henry, et luy fist serment de le servir loyalement ; laquelle chose y fist le roy Henry de grans dons, et luy donna La Roche-Guyon et aultres seignouries notables. Item, aucuns des bourgoiz notables de la dite ville se fièrent en messire Guy Le Boutillier de puis que le roy Henry eut le gouvernement de la ville, et luy dirent que s’il leur vouloit aidier, qu’ilz remetroient Rouen en la main du Roy; et messire Guy fist semblant d’eulx voulloir aidier, et puis le dist au roy Henry, et par ce y eut pluseurs notables bourgois de Rouen qui eurent les testes copées, donc ledit messire Guy [fut] fort blasmé pour ceste cause. »
- "Pendant son séjour à Rouen, le roi d’Angleterre reçut les hommages et les serments de fidélité des seigneurs du pays. Quelques-uns de ceux qui avaient été mandés n’ayant pas comparu, il confisqua leurs patrimoines, dont il donna la propriété héréditaire à des seigneurs anglais. Puis, il envoya ses hommes d’armes dans les pays du littoral de la Seine, pour déterminer les habitants à se rendre, s’ils voulaient éviter le meurtre, le pillage, l’incendie et toutes les rigueurs que les vainqueurs exercent ordinairement envers les vaincus. Ceux de Vernon, effrayés par ces menaces, capitulèrent immédiatement sans faire la moindre résistance, et promirent aux envoyés du roi d’Angleterre de lui garder à jamais obéissance. Lesdits envoyés, se dirigeant sur Mantes, trouvèrent avant d’y arriver les anciens de la ville qui étaient venus à leur rencontre presque à moitié chemin, et qui leur offrirent les clefs des portes en témoignage de leur soumission. Ceux de Meulan, de l’autre côté de la Seine, suivirent cet exemple. Cependant, les Anglais ne purent aller plus loin, parce que les Français gardaient un pont fortifié qui se trouvait sur la route. Sur le penchant d’un coteau escarpé, dont le pied était baigné par la Seine, s’élevait le château fort de la Roche-Guyon, conquis jadis par Louis le Gros, l’un des plus vaillants rois de France, dont la mémoire restera à jamais célèbre. Ce château était alors habité par Madame Perrette de la Rivière, veuve de Guy, seigneur de la Roche-Guyon, tué à la bataille d’Azincourt. Il était si bien muni d’armes, de soldats et de vivres, qu’on le regardait comme le plus inaccessible et le plus inexpugnable des châteaux de Normandie. Le roi d’Angleterre Henri en confia le siège au comte de Warwick, qui avait avec lui Guy le Bouteiller et un bon nombre de gens de guerre. Comme le comte de Warwick était fort irrité que les habitants de la place eussent repoussé avec dédain les sommations qu’il leur avait faites au nom de son roi, et lui eussent tué beaucoup de monde dans les assauts nombreux et meurtriers qu’il leur avait livrés, Guy le Bouteiller lui conseilla de s’avancer jusqu’au pied des murs de la place par des caves qui étaient dans le voisinage, de les faire miner secrètement, et de les soutenir par des étais de bois auxquels on devait ensuite mettre le feu, pour faire écrouler l’édifice et écraser les habitants sous ses ruines. Le roi Henri, voulant récompenser le chevalier de son conseil, lui fit don à perpétuité du château et de ses dépendances pour lui et ses héritiers, et lui permit d’épouser la châtelaine. Mais elle s’y refusa obstinément, parce qu’elle considérait le chevalier comme traître et déloyal, et parce qu’on avait stipulé dans le contrat que, s’il naissait un enfant mâle de ce mariage, les deux fils qu’elle avait eus de son premier mari seraient privés de leur patrimoine. Toutefois, la crainte de la mort et le désir de sauver la vie à ceux qui l’entouraient la décidèrent enfin à accepter la capitulation qu’elle avait d’abord refusée ; mais ce ne fut qu’après avoir obtenu du roi la faculté d’emporter tous ses meubles partout où elle voudrait. », * Chronique du Religieux de Saint-Denys, contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, publiée en latin pour la première fois et traduite par M. Louis-François Bellaguet, précédée d'une introduction de M. de Barante, Collection des documents inédits sur l'histoire de France, Paris, chez Crapelet, 1839-1852
- Trésor des Chartes, Registre coté VIIIXX XII, Pièce 443 : « Henri, par la grâce de Dieu, roy de France et d’Angleterre, savoir faisons à tous présens et à venir que Nous, considérans les bons, grans, notables et prouffitables services que nostre amé et féal conseiller Guy Le Bouteillier, chevalier, seigneur de La Roche-Guion, a faiz le temps passé à feu noz très chers seigneurs ayeul et père les roys de France et d’Angleterre derreniers trespassez, que Dieu pardoint, à Nous et à nostre très chier et très amé oncle Jehan, régent nostre royaume de France, duc de Bedford, tant ou fait de noz guerres et en la garde de nostre bonne ville de Paris, comme autrement en maintes manières, fait chacun jour et espérons que face ou temps ad venir, et pour et en récompensacion et rémunéracion de la somme de deux cens quatre livres tournois qui deues lui sont de reste pour les gaiges et souldes de lui et des gens d’armes que, par l’ordonnance et commandement de nostre dit seigneur et père il tint , l’an mil IIIIe XXII, à la garde de nostre bonne ville de Paris, par l’espace de trois mois et demi ou environ, et aussi en l’ostel qui piéça fut à l’arcevesque de Besançon, et depuis à Martin Gouge, évesque de Clermont, situé à Paris, en la rue d’Arondelle, tenant, d’une part, à l’ostel ou pend l’enseigne du Mouton, et d’autre part, au long de la rue des Noyers, et aboutissant, par-derrière, sur la rivière de Saine, en la rue des Augustins, par où l’en va du Pont-Neuf à l’ostel de Neelle, ou quel hostel le dit chevalier fut logié durant le temps qu’il eut la garde de nostre dite ville, et y fist faire plusieurs et grans réparacions, et pour certaines autres causes et considéracions…. audit nostre conseiller…. avons…. donné…. par ces présentes le dit hostel avec ses louages, appartenances et appendances quelconques…. Donné à Endely-sur-Seine, le XXIXe jour du mois d’avril, l’an de grâce mil CCCC XXIII, et le premier de nostre règne. » cité dans Mémoires de Pierre de Fénin, comprenant le récit des événements qui se sont passés en France et en Bourgogne sous les règnes de Charles VI et Charles VII. (1407-1427), Nouvelle édition, publiée d’après un manuscrit, en partie inédit, de la Bibliothèque royale, avec annotations et éclaircissements, par Mlle Dupont, 1837, Appendices, pp. 280-281
Références
- Léon Francois Puiseux, Siège et prise de Rouen par les anglais (1418-1419), 1867, pages 39-40.
- Pierre Aldolphe Chéruel, Histoire de Rouen sous la domination anglaise au quinzième siècle, E. Le Grand Libraire-Éditeur, Rouen, 1840, p.73
- Deplaigne Valérie, L’Héritage de Marie de La Roche-Guyon. Un conflit entre deux nobles lignages normands à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (collection «  Mnémosyne  »), 2009, p.73
- Mesqui Jean, Le Roy Claire, Le Roy Jean. Guy Le Bouteillier, le château de La Roche-Guyon et le Maître de Falstolf vers 1425. In: Bulletin Monumental, tome 166, n°2, année 2008,
- Deplaigne Valérie, L’Héritage de Marie de La Roche-Guyon. Un conflit entre deux nobles lignages normands à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (collection «  Mnémosyne  »), 2009, p.73
- Deplaigne Valérie, L’Héritage de Marie de La Roche-Guyon. Un conflit entre deux nobles lignages normands à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (collection «  Mnémosyne  »), 2009, p.74-75
- folio 22 recto du manuscrit Widener 1, Jacques (ou Jean) Bruyant, Le Livre du Chastel de Labour, ou La voie de l’Adresse de Povreté et de Richesse, manuscrit en parchemin, The Free Library of Philadelphia, Rare Books Department, ms. Widener 1., Publication en fac-similé : König-Bartz 2005
- Mesqui Jean, Le Roy Claire, Le Roy Jean. Guy Le Bouteillier, le château de La Roche-Guyon et le Maître de Falstolf vers 1425. In: Bulletin Monumental, tome 166, n°2, année 2008, pp. 135-150.