Guillaume d'Alaman
Guillaume d'Alaman[1] (Guilhem d'Alaman[2] en langue d'Oc) est un chevalier du XIVe siècle, seigneur de Villeneuve-sur-Vère en Albigeois. Homme de guerre dans sa jeunesse, il devient troubadour quand le métier des armes ne convient plus à son âge.
Biographie
Il appartient à la maison Alaman, propriétaire des seigneuries des environs de Villeneuve-sur-Vère depuis plus d'un siècle. Il est né à la fin du XIIIe siècle. Il sert le roi de France, Philippe IV le Bel, en participant aux guerres d'Aquitaine et de Gascogne contre Édouard II d'Angleterre[3]. En 1297, il est au service de Guichard de Marziac, sénéchal de Toulouse, capitaine et gouverneur de la Gascogne et du duché d'Aquitaine. À la fin de 1303, il a le titre de damoiseau et fait partie de l'armée de Blaise Lupi, sénéchal de Toulouse. Il était seigneur de Villeneuve-sur-Vère[3]. Les consuls de Cordes élevèrent des plaintes contre lui, en 1325 pour un abus de pouvoir commis dans la juridiction de cette ville[3].
Å’uvre
Touchant à la vieillesse, devenu chevalier, Guillaume d'Alaman abandonne l'agitation des camps pour vivre retiré dans sa seigneurie de Villeneuve[3]. C'est à cette époque que le moine troubadour Raimon de Cornet le provoque dans une tenson[Note 1] où il lui rappelle son passé et le raille sur sa vie sédentaire et indolente. Guillaume d'Alaman lui répond et l'attaque sans pitié, reprochant au moine poète son goût pour les noces et les tavernes. Camille Chabaneau et Jean-Baptiste Noulet datent cette tenson de 1327[3].
Voici une transcription[4] du début de cette tenson de 56 vers répartis sur 8 couplets, Raimon de Cornet a écrit la première strophe, Raimon d'Alaman la seconde :
Aram digatz, en Guilhem Alaman,
Sius te velhenx dins vostra mayzo près,
O la molhers, aytals vielha cum es,
O paubretatz, o sius pueg ges onors,
Que vos soletz cavalgar per amors
E mantener pretz valor e paratge ;
Mas auraus vey mudat tot de coratge,
Si que tot jorn vos anatz capuzan
Un bastonet, a costuma d'enfan.
Ramon Cornet, car etz messacantan,
Vos diray tost de mon afar cum es.
La molhers m'a e velhenx si sosmes
Quel cor nil cors no puesc virar alhors.
E digatz me cum los frayres menors
Avetz layshatz, ni fag tan gran otratge,
Qu'auzit ay dir que, per lo beginatge
Que faziatz ab fray Peire Joan,
Fos pres d'usclar az Avinho antan.
Notes et références
Notes
- Cette tenson fait partie de deux manuscrits conservés aux archives de l'Académie des Jeux floraux de Toulouse, sujets de l’étude du Dr Noulet et de Camille Chabaneau.
Références
- Joseph Anglade, Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen âge, Paris, E. de Boccard, , p. 115
- Camille Chabaneau, Les biographies des troubadours en langue provençale, Toulouse, E. Privat, , p. 147
- Camille Chabaneau et Jean-Baptiste Noulet, Deux manuscrits provençaux du XIVe siècle, Paris, Maisonneuve et C. Leclerc, , p. XV à XVII
- Camille Chabaneau et Jean-Baptiste Noulet, Deux manuscrits provençaux du XIVe siècle, Paris, Maisonneuve et C. Leclerc, , p. 63
Bibliographie
- Camille Chabaneau (Éditeur scientifique) et Jean-Baptiste Noulet (Éditeur scientifique), Deux manuscrits provençaux du XIVe siècle : contenant des poésies de Raimon de Cornet, de Peire de Ladils et d'autres poètes de l'école toulousaine, Paris, Maisonneuve et C. Leclerc, , LVI-257 p., in-8 (BNF 31026835)
Deux manuscrits provençaux du XIVe siècle sur Gallica - Camille Chabaneau, Les biographies des troubadours en langue provençale : publiées intégralement pour la première fois avec une introduction et des notes, Toulouse, E. Privat, , 204 p., In-fol. (BNF 30214219)
- Joseph Anglade, Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen âge : des origines à la fin du XVe siècle, Paris, E. de Boccard, , IX-274 p., In-8 (BNF 31722592)