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Guerre Silla-Tang

La guerre Silla-Tang (668–676) oppose le royaume corĂ©en de Silla et ses alliĂ©s aux Chinois de la dynastie Tang. Elle trouve sa source dans le contexte gĂ©opolitique de la pĂ©riode qui suit immĂ©diatement la dĂ©faite et la conquĂȘte des royaumes de Koguryo et Baekje, qui sont tombĂ©s face aux troupes de Silla et des Tang, qui Ă©taient alors des alliĂ©s[4]. Cette guerre entre anciens alliĂ©s commence Ă  cause des conflits liĂ©s au partage des terres des vaincus et s’achĂšve par une trĂȘve Ă  cause des problĂšmes de politique intĂ©rieures des deux combattants[1]. Finalement, les belligĂ©rants se partagent la CorĂ©e en prenant le fleuve Taedong comme frontiĂšre entre leurs deux territoires[1].

Guerre Silla-Tang
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Carte en coréen de la guerre Silla-Tang. Les flÚches rouges indiquent les itinéraires des attaques des Tang; les bleues indiquent les itinéraires des attaques de Silla et les marques en forme d'explosion indiquent des batailles.
Informations générales
Date 668–676
Lieu Nord de la péninsule de Corée, les eaux au large de la cÎte occidentale de la péninsule coréenne
Casus belli La Dynastie Tang tente de soumettre l'intégralité de la péninsule coréenne, y compris leur ancien allié Silla
Issue
Changements territoriaux Silla s'empare de tous les territoires situés au sud du fleuve Taedong, tandis que la dynastie Tang renforce son contrÎle sur ceux situés au nord dudit fleuve et qui appartenaient auparavant au royaume de Koguryo[2]
Belligérants
Silla
Derniers soldats fidĂšles Ă  l'ancien royaume de Koguryo (vassaux de Silla)
Derniers soldats fidĂšles Ă  l'ancien royaume de Baekje (vassaux de Silla)
Dynastie Tang
Commandants
Munmu, le roi de Silla
Kim Yusin
Geom Mojam
Kim Wonsul
Go Yeonmu
Xue Rengui
Gao Kan
Buyeo Yung
Li Jinxing
Forces en présence
À peu prĂšs 30 000 soldats en 675, selon les sources corĂ©ennes[3]À peu prĂšs 200 000 soldats en 675, selon les sources corĂ©ennes[3]

Contexte

AprĂšs leur dĂ©faite face Ă  l'alliance Silla-Tang, les royaumes corĂ©ens de Baekje et Koguryo ont vu leurs territoires respectifs occupĂ©s par les armĂ©es des deux alliĂ©s. AprĂšs la chute du Koguryo en l'an 668, l'empereur Tang Gaozong crĂ©e le Protectorat gĂ©nĂ©ral pour pacifier l'Est pour gouverner les terres du vaincu et tente de placer l'ensemble de la pĂ©ninsule corĂ©enne, y compris son ancien alliĂ© Silla, sous son emprise. Ce changement d'attitude de la Chine et les volontĂ©s hĂ©gĂ©moniques des Tang sonnent le glas de l'alliance Silla-Tang, le royaume corĂ©en mettant tout en Ɠuvre pour rĂ©sister Ă  son nouveau et puissant voisin.

Pour faire face à cette menace, le Roi Munmu de Silla organise une coalition contre les Tang en s'alliant avec les derniers soldats de Baekje et Koguryo qui résistent encore aux Chinois, dont Geom Mojam et Anseung[5]. Le but de Munmu n'est pas de simplement d'assurer la survie de son royaume, mais aussi de s'emparer des terres du royaume de Baekje et des territoires les plus au sud du Koguryo. La lutte entre les Chinois et les Coréens commence presque immédiatement aprÚs la création du Protectorat général et embrase la Corée pendant la plus grande partie de la décennie 670.

Déroulement des opérations

Entre 668 et 674, le cours de la guerre tourne de maniÚre trÚs favorable à Silla. En effet, aprÚs des années de combats, le Roi Munmu a réussi à s'emparer de la totalité des territoires des anciens royaumes de Baekje et Koguryo, dont en soutenant les différents mouvements de résistance des peuples autochtones dans les autres territoires coréens encore occupés par les Tang.

En 674, l'empereur Tang Gaozong, en colĂšre, donne Ă  Kim Inmun (êč€ìžëŹž)(é‡‘ä»ć•), le frĂšre du Roi Munmu, le titre de roi de Silla et met Liu Rengui Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e pour qu'il parte attaquer Silla. Cependant, avant mĂȘme que ne dĂ©butent les premiers combats, le Roi Munmu prĂ©sente des excuses officielles Ă  Gaozong et lui verse un tribut. Les raisons exactes de ce revirement restent inconnues, mais cela suffit Ă  satisfaire l'empereur Gaozong, qui met fin Ă  la campagne militaire et rappelle Kim Inmun.

Mais cette trĂȘve ne dure pas, car dĂšs 675, le gĂ©nĂ©ral chinois Li Jinxing (李èŹčèĄŒ) pĂ©nĂštre dans le royaume de Silla par la voie terrestre, avec l'aide des tribus du peuple Mohe fidĂšles aux Tang. Jinxing espĂšre vaincre et annexer Silla, mais il est vaincu par une armĂ©e corĂ©enne devant les murs de la forteresse de Maeso, qui est situĂ©e dans ou Ă  proximitĂ© de l'actuel district de Yeoncheon.

Les Tang lancent une nouvelle attaque contre Silla en 676, cette fois-ci par la voie maritime[6]. Une flotte chinoise commandée par Xue Rengui traverse la mer Jaune pour attaquer le royaume coréen, mais est repoussée aprÚs une bataille navale qui a lieu au large des cÎtes ouest de la Corée[6].

Conséquences

En 676, le gouvernement Tang prend acte de son incapacitĂ© Ă  reprendre le sud de la CorĂ©e et dĂ©place le siĂšge du Protectorat GĂ©nĂ©ral pour pacifier l'est dans le Liaodong[7]. Mais mĂȘme si les Tang ont perdu les territoires situĂ©s au sud du fleuve Taedong, Silla n'a pas rĂ©ussi Ă  s'emparer de ceux qui sont au nord et sur lesquels les Tang ont rĂ©ussi Ă  renforcer leur contrĂŽle[2]. En rĂ©sumĂ©, l'empire Tang a pris le contrĂŽle de la pĂ©ninsule du Liaodong, tandis que Silla s'est emparĂ© de la pĂ©ninsule de CorĂ©e[5]. Cependant, la situation change en 698, lorsque Dae Jo-Yeong, un ancien gĂ©nĂ©ral du Koguryo, rassemble autour de lui les derniers soldats fidĂšles Ă  l'ancien royaume corĂ©en et plusieurs tribus du peuple Moe, avant de dĂ©clencher une rĂ©volte. AprĂšs avoir vaincu les Tang lors de la bataille de Tianmenling, il fonde le royaume de Balhae, qui se pose en successeur du Koguryo. Au fil des conflits et des victoires, le nouveau royaume prend le contrĂŽle de la majeure partie de l'ancien territoire du Koguryo et s'Ă©tend vers le nord-est. À la suite d'une rĂ©volte des Turcs orientaux en 679, l'empereur Gaozong doit redĂ©ployer ses troupes pour faire face Ă  la nouvelle menace et abandonne ses plans d'invasion de la pĂ©ninsule corĂ©enne. Les relations entre la dynastie Tang et le royaume de Silla sont suspendues jusqu'au dĂ©but du VIIIe siĂšcle[5] - [8], lorsque le roi Seongdeok de Silla (702 – 737) et l'empereur Tang Xuanzong (712 – 755) renouent les liens diplomatiques et entament une rĂ©conciliation entre les États[8].

Bien qu'ils aient Ă©tĂ© des ennemis des Tang, un certain nombre de fonctionnaires et de commandants du Koguryo intĂšgrent l'administration et l'armĂ©e de la dynastie Tang, comme les frĂšres Yeon Namsaeng et Yeon Namsan, qui sont les fils de Yeon Gaesomun. De tels dirigeants et responsables, ainsi que leurs descendants, dont Go Seonji fait partie, occupent des postes de hauts fonctionnaires au sein de la bureaucratie Tang et se rĂ©vĂšlent ĂȘtre des gĂ©nĂ©raux et des administrateurs compĂ©tents.

AprĂšs ce conflit, les diffĂ©rents royaumes corĂ©ens des siĂšcles suivants, y compris Silla, finissent tous par faire le choix de la coopĂ©ration avec les Chinois, afin de garantir leur indĂ©pendance et d'Ă©viter de subir de nouvelles tentatives d'invasion de la part des diffĂ©rentes dynasties chinoises. Cette stratĂ©gie s'est avĂ©rĂ©e efficace et a permis Ă  la CorĂ©e d'Ă©viter d’ĂȘtre annexĂ©e et assimilĂ©e par son puissant voisin.

Notes et références

  1. Hyong Sik Shin, A Brief History of Korea, Seoul, Ewha Womans University Press, , Translated Ă©d., 141 p. (ISBN 978-89-7300-619-9, lire en ligne), p. 51
    « [...] Silla engaged in an all-out war against Tang at one point. But, a truce was declared due to the political situation in both countries at that time. »
    .
  2. Fuqua 2007, 40.
  3. 나ë‹č전쟁
  4. Hyong Sik Shin, A Brief History of Korea, Seoul, Ewha Womans University Press, , Translated Ă©d., 141 p. (ISBN 978-89-7300-619-9, lire en ligne), p. 51
    « Tang's territorial ambitions led Silla to wage a war against the Chinese dynasty from 668 to 676. Eventually, Silla joined with remnant forces of Baekje and Goguryeo to drive Tang out of the Korean Peninsula and unified the Three Kingdoms. »
    .
  5. Ebrey, Walthall et Palais 2006, 107.
  6. Boudewijn Walraven et Remco E. Breuker, Korea in the middle : Korean studies and area studies : essays in honour of Boudewijn Walraven, vol. Volume 153 of CNWS publications, CNWS Publications, , illustrated Ă©d., 380 p. (ISBN 978-90-5789-153-3 et 90-5789-153-0, lire en ligne), p. 341.
  7. Kim 2005, 41.
  8. Hyong Sik Shin, A Brief History of Korea, Seoul, Ewha Womans University Press, , Translated Ă©d., 141 p. (ISBN 978-89-7300-619-9, lire en ligne), p. 51
    « As a consequence, Silla and Tang severed ties and interchanges all but ceased. However, Silla's King Seongdeok(702~737) and Tang's Hsuan Tsung(712~755) saw the need for reestablishing diplomatic ties and initiated a reconciliation. »
    .

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Patricia Buckley Ebrey, Anne Walthall et James B. Palais, East Asia : A Cultural, Social, and Political History, Boston, Houghton Mifflin, , 652 p. (ISBN 978-0-618-13384-0) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • Jacques L. Fuqua, Nuclear Endgame : The Need for Engagement with North Korea, Westport, Praeger Security International, , 202 p. (ISBN 978-0-275-99074-9) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • Djun Kil Kim, The history of Korea, Westport, Greenwood Press, , 1st Ă©d., 232 p. (ISBN 978-0-313-03853-2, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.

Articles connexes

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