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Grosse Boutique

La Grosse Boutique est le nom donnĂ© Ă  l'ancienne usine de dĂ©colletage Joseph, MarĂ© et GĂ©rard Frères [1] devenue SociĂ©tĂ© Anonyme des Boulonneries de Bogny-Braux. Ă€ l'Ă©poque de son apogĂ©e, au dĂ©but du XXe siècle, devenue une des plus importantes sociĂ©tĂ©s de l'Europe, elle employait près de 2 000 personnes.

Grosse Boutique
La Grosse Boutique en 1910
Présentation
Type
Propriétaire
Privée
Commune
Patrimonialité

Localisation

La Grosse Boutique était située sur la rive gauche de la Meuse, dans le vallon de Bogny en face des rochers des Quatre Fils Aymon, sur l'actuelle commune de Bogny-sur-Meuse, dans le département français des Ardennes.

Description

Dans le vallon de Bogny, tout au long de la rue principale (rue Bernisseaux), en pente, se trouvent les quelques restes de l'ancienne boulonnerie ainsi que diverses infrastructures :

  • l'arsenal rĂ©utilisĂ© par une nouvelle entreprise (murs de fondation en moellon de schiste de l´atelier de fabrication, percĂ©s de baies en plein cintre) ;
  • Porte d´entrĂ©e de l´usine avec le nom des fondateurs ;
  • des maisons patronales ;
  • un bâti-usinier ;
  • des maisons ouvrières ;
  • la crèche ;
  • La conciergerie (avec la date gravĂ©e 1879).
  • Porte d´entrĂ©e de l´usine avec le nom des fondateurs
    Porte d´entrée de l´usine avec le nom des fondateurs
  • Mur de l'Arsenal
    Mur de l'Arsenal
  • CitĂ© ouvrière de l'Échelle
    Cité ouvrière de l'Échelle
  • Ancienne crĂŞche ouvrière
    Ancienne crêche ouvrière

Production

la Grosse Boutique produit une grande variĂ©tĂ© de boulons, d'Ă©crous, de tirefonds, ferrures, rivets, pièces forgĂ©es pour charpentes, ponts, machines Ă  vapeur agricoles, grosses pièces pour l´artillerie et la marine, puis pour les chemins de fer. La production annuelle est vers 1885 de 12 000 tonnes dont 40 % pour l´exportation qui va jusqu'en Russie.

Avant 1914, le dépôt de nombreux brevets et l'emploi de machines américaines témoignent d'un esprit d'innovation pour produire plus et mieux.

Historique

En 1842, Jean-Rémy Maré (1787 - 1863) et son beau-frère Alexandre Joseph (1813 - 1887), l'un cloutier, l'autre forgeron, associés depuis 1834 achètent le moulin d'en bas car le déclin de la clouterie « à la main » les a amenés à abandonner leur petite forge (une boutique dans le langage local) située dans le hameau de Bogny, près de la Meuse pour s'installer à cet endroit.

Profitant de l'élan industriel du second Empire, Maré et Joseph transforment leur boutique en une vaste usine.

En 1845, la famille Gérard de Nouzon, gendres de Joseph et Maré, les rejoignent et en 1867, ils participent à la gestion des boulonneries « Joseph, Maré et Gérard frères ».

La boulonnerie est fondée en deux périodes : 1854-1858 et 1865-1877, quelques aménagements sont faits entre 1896 et 1905.

À partir de 1885, l'usine est reliée par une voie ferrée de km de longueur et un tunnel creusé sous l'Hermitage à la ligne de chemin de fer Givet-Charleville[2].

La Grosse Boutique (grande usine) prend sa physionomie définitive après l´incendie de 1891 caractérisé par « un vaste hall à trois étages » (P.Dunaime) surnommé Le Vatican.

En 1896, à la suite de l'achat d'une fonderie à Braux, la boulonnerie change de raison sociale et devient la « S.A. Boulonnerie de Bogny-Braux » .

L'usine du « fond de Bogny » était divisée en plusieurs ateliers :

  • Versailles,
  • Vatican,
  • Saint-Cloud,
  • Atelier Rood,
  • Montmartre et
  • Panama.

Au sommet de sa prospérité, la Grosse Boutique est une des plus importantes entreprises d'Europe.

Après la mort des trois fondateurs, trois administrateurs prennent la relève :

  • A. MarĂ©, fils d'Alexandre,
  • H. Mialaret, ingĂ©nieur des poudres et salpĂŞtres,
  • Albert GĂ©rard, sĂ©nateur

Poursuivant l'extension, ils prennent le contrĂ´le d'une usine de fer Ă  Flize, des forges de l'Ile du Diable Ă  LevrĂ©zy et d'une fonderie Ă  Braux qui, rĂ©unis, emploient 1 800 personnes en 1910.

La Grosse Boutique qui est la plus importante usine des Ardennes avant la Première Guerre mondiale est à l'arrêt à cause du conflit de 1914 à 1918, ses dirigeants achètent des établissements à l´arrière du front afin de continuer l'activité : Asnières, Bar-sur-Aube, Paris, Amiens, Bois-Colombe, Ivry, Saint-Étienne, Ris-Orangis.

De l'origine de la boulonnerie et jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale, trois générations se sont succédé à la tête de la Grosse Boutique.

  • Alexandre MarĂ© (1845-1914), l'hĂ©ritier de la deuxième gĂ©nĂ©ration, a dĂ©veloppĂ© la boulonnerie familiale en voyageant pour trouver de nouveaux marchĂ©s;
  • Albert GĂ©rard (1861-1943), son neveu, polytechnicien, sĂ©nateur (1903-1930) dut cĂ©der la SA des Boulonneries de Bogny-Braux Ă  Hardy-Capitaine en 1925.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l´activité de la Grosse Boutique est pratiquement à l'arrêt et redémarre aussitôt le conflit terminé.

À partir de 1951 l'entreprise cesse progressivement son activité et est fermée en 1953.

La boulonnerie est en bonne partie démolie en 1965 laissant la place au collège Jules Ferry ouvert en . L´actuelle usine Cousin-Malicet en occupe la partie nord mais la majeure partie des ateliers restructurée en 1994.

Il reste néanmoins de la Grosse Boutique un considérable héritage patrimonial du capitalisme familial et du paternalisme local:

  • ProximitĂ© gĂ©ographique des maisons patronales et des maisons ouvrières :
    • La Rubrique (1882-1892),
    • Groupe des Quatre (1902-1911),
    • CitĂ© rue de L'Echelle (1902-1911),
  • Magasins gĂ©nĂ©raux ;
  • CrĂŞche (1898) ;
  • Ferme approvisionnant la table des patrons.

Diffusion du syndicalisme dans la vallée

Jean-Baptiste Clément, au printemps 1885 est venu soutenir les ouvriers de la Grosse Boutique engagés dans une grève qui eut un retentissement national. Ils veulent faire respecter le droit de fonder une chambre syndicale que la loi Waldeck-Rousseau leur a accordé (1884), au grand dam des Joseph, Maré, et Gérard. C’est un moment-clé de la naissance du syndicalisme et de la diffusion des idées socialistes dans la Vallée.

Bibliographie

  • Olivier Pasquiers, J'ai commencĂ© Ă  travailler : Portraits ouvriers, Paris, books.google.fr, , 79 p. (ISBN 2-913610-63-3, lire en ligne), p. 18

Notes et références

  1. Notice no IA08000331.
  2. Pascal Dumont et Olivier Geerinck, « Sur les rails d'Ardennes et de Gaume », books.google.fr (ISBN 2844942695), p. 166

Liens externes

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