Greta Prozor
Greta Prozor, née le dans le 8e arrondissement de Paris[1] et morte le à Genève est une comédienne, une professeur d'art dramatique et une traductrice du norvégien en français.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 92 ans) Genève |
Nom de naissance |
Marguerite Prozor |
Nationalité | |
Activité | |
Père |
Personne liée |
---|
Biographie
Greta Prozor est la fille du comte Maurice Prozor (1848-1928) [2], diplomate lithuanien au service de la Russie, ami et traducteur d'Ibsen, et de la comtesse suédoise Marthe-Elsa Bonde, cousine du roi de Suède. Le couple a trois enfants, Maurice, Greta[3] et Elsa.
Son père a une propriété dans un quartier de Genève, Monchoisy[4], ce qui explique que sa vie professionnelle se passe en bonne partie en Suisse.Très jeune elle se passionne pour le théâtre. Sur les conseils de Suzanne Desprès elle part à Paris pour se former. Son maître est Lugné-Poé. Elle débute à Nice puis joue à Paris et part en tournée en Europe. Ernest Fournier la met en relation avec Georges Pitoëff avec qui se développe une fructueuse collaboration. Elle joue les rôles principaux de plusieurs pièces que montent Lugné-Poé et Pitoëff. Un des plus marqants est celui d'Hedda Gabler d'Ibsen mais ses interprétations sont généralement appréciées par la critique. Elle joue tant à Paris (Théâtre Réja, Théâtre de l'Oeuvre) qu'à Genève avec la Comédie de Genève de Georges Pitoëff, en particulier durant la première guerre mondiale.
Greta se marie le [5] avec Walther Halvorsen, norvégien. Walther Halvorsen est un ancien élève, en 1909-1910, de l'Académie Matisse. Devenu marchand de tableaux, il est proche de ̥Matisse et des milieux artistiques et littéraires. Matisse peint des dessins et un grand portrait de Greta. Elle décrit la réalisation d'un dessin « Un jour, Matisse me demande de poser pour lui dans son atelier de Paris. Il voulait faire une grande toile, mais commença par des dessins, très nombreux. « Parlez », me disait-il, et il me posait des questions, sur le théâtre, évidemment. Moi, je parlais, avec force gestes. Soudain, il m'arrêtait d'un mouvement de la main, je m'immobilisais et le crayon commençait son travail sans que l'artiste s'arrête un instant. Quand le crayon s'immobilisait, le dessin était terminé."[6] La grande toile dont elle parle est exposée au Centre Pompidou[7].
Greta est aussi une proche du poète Reverdy dont elle dit des poèmes. Max Jacob écrit « Mlle Greta Prozor la seule diseuse de vers à ma connaissance qui ait compris la dernière poésie moderne. Mlle Greta Prozor a compris ce qu'il y a de peu verbal dans la poésie moderne et particulièrement dans celles de Mr. Reverdy : elle a compris que cette poésie vient à la fois du tréfonds de nous-même et qu'elle est aussi très extériorisée mais plus par des objets qu'elle emploie (je le dis à dessein) que par les images et les mots dont elle pourrait s'orner et qu'elle dédaigne[8]. »
Walther Halvorsen et Greta Prozor divorcent quelques années après leur mariage. Greta se remarie le [9] avec Augustin Currat, peintre, qu'elle a rencontré en 1922 lors du tournage du film La croix du Cervin de Jacques Béranger dans lequel elle joue un des deux rôles principaux.
En août 1922, Greata fait avec Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz et son père un voyage en Lithuanie[10].
Elle est professeur d 'art dramatique au Conservatoire de Genève de 1939 à 1965. Elle a comme élèves, entre autres, André Steiger, Guillaume Chenevière, Béatrice Perregaux...
Théâtre
Comédienne
1910, Késa pièce de Robert d'Humières, mise ne scène Lugné-Poë,Théâtre de l'Œuvre
1911, Hedda Gabler, d'Henrik Ibsen, mise en scène Lugné Poe, Théâtre de l'Œuvre[11]
1912 Morituri, de Maurice Prozor[12], Théâtre de l'œuvre
1913, Une maison de poupée, d'Henrik Ibsen, Théâtre Antoine
1913, Thérèse Raquin, d'Emile Zola, Palais d'hiver de Pau Le cœur des autres
1915 Hedda Gabler, d'Henrik Ibsen, drame en 4 actes, trad. du Comte Prozor, Genève, 1915, Comédie de Genève, mise en scène Georges Pitoëff, avec Greta Prozor dans le rôle d'Hedda Gabler et Georges Pitoëff dans le rôle de Loëvborg.
1920, La fille sauvage de François Curel,, pièce en 6 actes, Paris 1920, Théâtre du Vaudeville avec Gréta Prozor dans le rôle de Marie)
1921 La souriante Madame Beudet , tragi-comédie en 2 actes, de Denys Amiel et André Obey, représentée pour la première fois au Nouveau-Théatre, le 16 avril 1921, rôle de Mme Beudet[13]
1921 Le cœur des autres, de Gabriel Marcel, Théâtre de l'Œuvre
1928 Les revenants, d' Henrik Ibsen, trad. du Comte Prozor, drame en 3 actes, Paris, 1928, Théâtre des Mathurins, mise en scène Georges Pitoëff, avec Greta Prozor dans le rôle d'Hélène Alving
1943 La terre est ronde, pièce d'Armand Salacrou
Metteur en scène
1933 : La ligne brisée? d'Ami Chantre, Genève, Théâtre de la Comédie à Genève
1944 Le Sein de la famille de Félix Vallotton, Les Tréteaux d’Arlequin, La Chaux-de-Fonds
Traductrice
Trygve Gulbranssen Le Salut du Gaard, roman, Paris, Neuchâtel, 1952, V. Attinger, 213 p.
Notes et références
- Archives en ligne de Paris 8e, année 1886, acte de naissance no 41, cote V4E 6072, vue 8/31
- Isabelle Monod-Fontaine, « Portrait de Greta Prozor », sur centrepompidou.fr, [Extrait du catalogue Œuvres de Matisse, catalogue établi par Isabelle Monod-Fontaine, Anne Baldassari et Claude Laugier, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1989]
- Greta a comme parrain le comte Carl Snoilsky, très proche ami d'Ibsen, in Comœdia du 26 février 1932 lire en ligne sur Gallica
- M. Délétra, « Greta Prozor au Lyceum (Genève) », Le mouvement féministe,‎ (lire en ligne)
- Archives en ligne de Paris 6e, année 1913, acte de mariage no 526, cote 6M 225, vue 16/31
- Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
- Portrait de Greta Prozor, fin 1916, huile sur toile 146 x 96 cm. Dominique Fourcade consacre un article à ce tableau et à Greta Prozor : Greta Prozor d'Henri Matisse , in Cahiers du Musée national d'art moderne, n° 11, pp. 101-107, Paris, Centre Georges Pompidou, 1983
- Manuscrit de Max Jacob, conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris; cité dans Pierre Reverdy 1889-1960, Paris, Mercure de France, 1962, pp. 16-17).
- Archives en ligne de Paris 7e, année 1924, acte de mariage no 34, cote 7M225, vue 6/31
- Florence de Lussy et Gérard Willemetz O. V. de L. Miłosz : ténèbres et lumières : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 27 mai-26 juin] 1977
- "Greta Prozor. débutante s'y montra la plus initiée des interprètes; elle avait d'ailleurs en sa propre mère, la comtesse Prozor, de qui tenir, celle-ci ayant approché le modèle, l'héroïne elle-même". in : Lugné-Poë La parade. Sous les étoiles, souvenirs de théâtre (1902-1912) , 1931-1933 p. 253 lire en ligne sur Gallica
- Maurice Prozor est le frère de Greta. Il meurt en 1926.
- Texte de la pièce et critiques publiés dans La Petite Illustration -Théâtre- n°58 du 30 juillet 1921
Liens externes
- Ressource relative au spectacle :