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Gregory King

Gregory King (né le - mort le ) est un généalogiste britannique, un haut fonctionnaire et l'un des premiers grands statisticiens économiques du monde moderne.

Gregory King
Fonctions
Lancaster Herald (en)
à partir de
Registrar (d)
College of Arms
à partir de
Rouge Dragon Pursuivant (en)
à partir de
Autres informations
A travaillé pour
Christopher Hatton, 1st Baron Hatton (en) (-)
William Dugdale (jusqu'en )
John Ogilby
John Adams (en)

Biographie

Gregory King naît à Lichfield en Angleterre, d'un père géomètre et paysagiste. Jeune garçon particulièrement brillant, il assiste son père dans ses travaux d'études géodésiques. À l'âge de 14 ans, Gregory est employé par Sir William Dugdale, antiquaire et héraldiste (spécialiste des blasons et armoiries), puis de 1667 à 1669, il travaille pour Lord Hatton qui cherche alors à se constituer une collection des blasons de la noblesse anglaise. Lorsque ce projet échoue, King devient l'intendant, l'auditeur et le secrétaire particulier de Lady Gerard.

En 1672, il s'établit à Londres et travaille comme graveur pour l'imprimeur John Ogilby. Parallèlement, il fait des relevés topographiques et grave des cartes. En 1677, King reçoit le titre de Rouge Dragon Poursuivant du College of Arms, établissement chargé de la gestion des blasons. Il est promu Lancaster Herald en 1688 et conserve cette distinction jusqu'à sa mort en 1712. Ce statut était assorti d'une pension notable. Par trois fois il dut cependant se rendre à l'étranger afin de conférer l'ordre de la Jarretière à des monarques étrangers.

En 1695, King commence une seconde carrière dans l'administration chargée de la gestion des ressources économiques du pays. Commissaire aux impôts, il instaure une nouvelle taxe sur les mariages, les naissances et les enterrements, puis devient secrétaire à la Commission des Comptes Publics et secrétaire du Contrôle des comptes de l'Armée. En 1708, il est l'un des trois commissaires nommés pour évaluer les dettes du roi Guillaume décédé.

Contributions

Manuscrits statistiques

Le « premier grand statisticien économique », ainsi que l'a par la suite appelé Richard Stone, succède à John Graunt et William Petty et poursuit leur œuvre. Toutefois, contrairement à ses prédécesseurs, il ne publie pas ses travaux qui restent donc à l'état de manuscrit pendant plus d'un siècle. Seuls quelques éléments sont repris par son ami Charles Davenant, et cent ans plus tard par George Chalmers dans son Estimation des avantages comparatifs de la Grande-Bretagne. Il ressort clairement des manuscrits que King a eu accès à un grand nombre d'informations confidentielles, probablement en tant que conseiller apprécié du gouvernement pour sa discrétion.

Le manuscrit de King écrit en 1696 et intitulé Observations et Conclusions naturelles et politiques sur l'état et la condition de l'Angleterre contient de précieuses estimations de la population et de la richesse de l'Angleterre à la fin du XVIIe siècle. Il décrit les caractéristiques démographiques de la population de l'Angleterre et du Pays de Galles : âge, genre, statut marital, nombre d'enfants, domestiques et vagabonds (sojourners). King calcule aussi la quantité de bière, bière anglaise, et malt consommée annuellement en Angleterre. Ces estimations sont basées sur des déductions intelligentes d'informations issues des rapports d'imposition. En outre, bien que cela s'apparente plus à de la spéculation, King s'intéresse à la quantification de la population du monde, contemporaine ou future. Son calepin contient des projections de la population mondiale à venir : aux alentours de l'an 5000 ou 5500, le monde serait selon lui rempli d'êtres humains (fully peopled) avec une population atteignant 10 fois celle de 1695.

Le manuscrit Du commerce maritime en Angleterre, 1688, et le profit national en découlant, écrit en 1697, est un résumé statistique du commerce et de la richesse de l'Angleterre entre 1600 et 1688. King calcule l'augmentation du tonnage de la marine marchande et militaire, ainsi que l'évolution des droits de douane, de la monnaie, de la construction, des forteresses, des achats fonciers et des progrès de l'exploitation agricole.

La loi de King

La loi de King ou loi King-Davenant - dans son énoncé le plus général - constate les effets sur les prix d'un défaut ou d'un excédent d'approvisionnement des produits agricoles de base. Elle énonce que - la demande et la consommation de ces produits représentant pour les ménages des postes budgétaires relativement stables - l'insuffisance ou l'excès de l'offre produisent sur ces marchés des variations de prix beaucoup plus importantes que les variations de volumes constatés. Un déficit d'offre fait monter les prix en flèche, un excès d'offre provoque une chute de prix importante.

En plus de la relation inverse et non proportionnelle entre l'offre et les prix des produits agricoles, G. King a remarqué que les cultivateurs réalisent un chiffre d'affaires plus élevé en cas de mauvaises récoltes qu'en cas de bonnes[1]. Cette constatation de G. King faite par le chercheur au dix-septième siècle et rapportée par P. Samuelson ainsi que le mécanisme de sa loi seront illustrés par l'exemple suivant :

Exemple pédagogique :

Dans une économie, deux agriculteurs réalisent à la fin d'une compagnie agricole 50 quintaux chacun. Les prix sont fixés à 100 euros le quintal. Le chiffre d'affaires (CA) est évalué à : 100*100, soit 10000 euros.La compagne suivante est bonne. L'augmentation des récoltes de 10 % a provoqué une baisse des prix de 20 %. Le CA total est : [100 + (100 * 10 %)] * [100 - (100 * 20 %)] = 8800 euros, soit une baisse du CA de : 10000 - 8800 = 1200 euros. Si la compagne suivante est mauvaise, à une baisse des quantités récoltées de 10 % pourrait correspondre une hausse des prix de 30 %. Le CA de nos deux agriculteurs serait le suivant : [100 - (100 * 10 %)] * [100 + (100 * 30 %)] = 11700 euros, soit une hausse du CA de : 11700 - 10000 = 1700 euros.

Elle est énoncée pour la première fois dans le livre de Charles Davenant dans son livre Essay upon the Probable Methods of making a People Gainers in the Balance of Trade, mais depuis le début du XIXe siècle, on l'attribue cependant à King.

L'exemple cité par Davenant est celui des variations à la hausse du prix du blé :

« On observe que suite à une récolte dont le volume est d'un dixième inférieur à sa valeur habituelle, les prix augmentent de trois dixièmes, et lorsqu'on ne récolte que la moitié du blé semé, ce qui de temps à autre arrive, l'usage de cette moitié récoltée est prolongé par une gestion plus économe, et suppléé par l'usage d'un autre grain ; mais cela ne fonctionnera guère plus d'une année, et aura un impact très limité si plusieurs mauvaises saisons se succèdent, auquel cas beaucoup des plus pauvres périront, par manque de nourriture ou par malnutrition.

Nous considérons qu'un défaut dans la récolte impliquera une augmentation du prix du blé dans les proportions suivantes :

Une récolte amoindrie de 1 dixième engendre une multiplication des prix par 1,3

2 dixièmes 1,8

3 dixièmes 2,6

4 dixièmes 3,8

5 dixièmes 5,5

De telle sorte que lorsque le prix du blé triple par rapport à la normale, on peut présumer d'une pénurie relative d'un tiers par rapport à la production habituelle ; et si la production était inférieure de moitié par rapport à la production habituelle, le prix serait alors presque quintuplé. (The Works of Sr William D'Avenant Kt, vol. ii, pp. 224, 225, édité par Sir C. Whitworth, Londres, 1771) »

Au XIXe siècle, Whewell et Jevons transforment l'estimation empirique en une équation formalisée. De nombreux ouvrages se sont penchés sur les origines de la loi de King, sur les conditions de son élaboration, et son exactitude.

Selon Jean-Pierre Delas (économiste Français), bien que cette loi est ancienne, elle est toujours d'actualité. Outre le blé et les pommes de terre auxquels la loi de King est traditionnellement rattachée, elle permet d'expliquer les mouvements de hausse et de baisse des prix des matières premières (commodities, en anglais) [2]. La variation des prix du pétrole s'explique par cette loi et non pas par le charisme des cheikhs des pays du Golfe ou par les décisions prises par les membres de l'OPEP [2]. Et la hausse des prix de cette matière n'est pas également fonction d'une certaine prise de conscience de la dépendance des pays du Sud à l'égard de ceux du Nord[2]. L'économiste considère que les deux chocs pétroliers des années 1970 marqués par des hausses de prix sans précédent de l'or noir avaient provoqué une grande hausse de la production provoquant une baisse des prix plus que proportionnelle[2]. La conséquence de cette situation est la chute des prix de cette matière pendant les années 1980 et 1990[2]. Cette baisse a provoqué le retrait des producteurs les moins rentables (comme ceux qui exploitaient le pétrole de la mer du nord à coût élevé) et donc une baisse de la production pétrolière[2]. Cette pénurie a fait, de nouveau, augmenter les prix, à partir de 2004, à des niveaux frôlant parfois la barre des 118 dollars le baril[2]. Malgré l'afflux de nouveaux producteurs attirés par la hausse des prix et l'exploitation de nouvelles sources comme le pétrole de schiste, les prix se maintiennent encore à des niveaux élevés[2]. Cette situation peut s'expliquer par l'augmentation de la demande mondiale portant sur l'énergie fossile en provenance des pays émergents d'Asie et notamment de la Chine dont l'économie connaît une croissance anormalement élevée[2].

Bibliographie

  • Two Tracts by Gregory King.(a) Natural and Political Observations and Conclusions upon the State and Condition of England. (b) Of the Naval Trade of England Ao. 1688 and the National Profit then arising thereby., préface de George E. Barnett., Baltimore : Johns Hopkins Press, 1936.
  • Le manuscrit Observations naturelles et politiques apparaît avec quelques autres écrits de Gregory King dans un volume édité par Peter Laslett.
  • The Earliest classics [facsimile reprints of] John Graunt, Natural and political observations made upon the bills of mortality, 1662 ainsi que G. King, Natural and political observations and conclusions upon the state and condition of England 1696 [from the 1804 printing] et The L.C.C. Burns Journal, a manuscript notebook containing workings for several projected works, composed c.1695-1700, préface de Peter Laslett, Farnborough UK : Gregg, 1973.
  • Richard Stone, Some British Empiricists in the Social Sciences 1650-1900, Cambridge University Press, 1996.
  • John A. Taylor, British Empiricism and Early Political Economy: Gregory King's 1696 Estimates of National Wealth and Population, Greenwood Press, 2005.

Liens externes en anglais

Estimation de King de la population et de la richesse de l'Angleterre en 1688 :

Conférence du prix Nobel Richard Stone sur l'histoire des statistiques sociales :

Pour plus d'information sur la loi de King voir :

Articles connexes

Notes et références

  1. Paul Samuelson, L'Économique (Techniques modernes de l'analyse économique), tome 2, Paris, Librairie Armand Colin, , 1148 p., p. 587
  2. Jean-Pierre Delas, Économie contemporaine, Faits, Concepts, Théories, Paris, Ellipses, 751 p. (ISBN 978-2-7298-3611-5)
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