Grades et hiérarchie militaire dans les armées du Roi de France
La France s’est dotée de forces armées permanentes à partir de la guerre de Cent Ans. Ces armées, entretenues par les rois de France successifs à partir de Charles VI, vont peu à peu remplacer l’ost médiéval et surpasser les armées seigneuriales, jusqu’à la disparition totale de ces dernières avec la politique de centralisation de Louis XIII et de son Principal ministre Richelieu.
Au fur et à mesure que les armées royales gagnaient en hommes et en matériels, la mise en place de grades au sein d’une hiérarchie de plus en plus structurée s’est avéré indispensable au bon fonctionnement de ces forces militaires, poussée de surcroit par les guerres régulières qui opposaient le royaume de France aux puissances militaires européennes qu’étaient l’Espagne, l’Angleterre et le Saint-Empire.
De nombreux grades militaires instaurés sous la Monarchie (comme de nombreux régiments) sont toujours en place de nos jours dans les armées de la République, l’institution militaire française ayant globalement bien résisté aux changements de régime et aux révolutions. Sont venus s’y ajouter des grades nouveaux au XXe siècle.
Hiérarchie générale des grades
Schématiser rigoureusement la hiérarchie militaire française à cette époque n’est pas chose facile. En effet, les grades pouvaient être soit des offices militaires (souvent vénaux), soit des grands offices de la Couronne pour les plus prestigieux. D’autant que la force militaire se confondait très souvent avec les forces civiles et judiciaires (Maréchaussée, Gouvernements militaires, Prévôtés, etc.). Néanmoins, on peut élaborer une hiérarchie générale des officiers et sous-officiers qui permet de se faire une idée globale de l’état des choses (hors mis les nombreuses réformes et modifications)[1] :
- Connétable de France (remplacé en 1627 par le doyen des maréchaux) ;
- Maréchal général des camps et armées du Roi (c’est le premier des maréchaux ; ce grade est honorifique) ;
- Maréchaux et Amiraux de France (commandent l’Armée et la Marine) ;
- Capitaines généraux (ce haut grade disparait à la fin du XVIIe siècle en France mais subsistera sous les Bourbons d’Espagne) ;
- Lieutenant général des armées (Lieutenant général des armées navales pour la Marine) ;
- Commandant d’armée (ou lieutenant-général, aujourd'hui général d’armée) ;
- Colonels généraux des régiments (d’infanterie, de dragons, des Suisses, etc.) : c’est un grade très prestigieux car le régiment est l’unité militaire historique de référence (drapeaux, symboles, noms, etc.) ;
- Major général (de l’infanterie, de la cavalerie, etc.) ;
- Maréchal de camp (aujourd’hui général de brigade) ;
- Maréchal général des logis (chef administratif de l’Armée, il est une sorte de chef d’état-major) ;
- Brigadier des armées du Roi ;
- Maréchal des logis de la cavalerie ;
- Intendant d’armée ;
- Colonels (ou chefs de camps) ;
- Capitaine ;
- Lieutenant ;
- Vaguemestre général[2] ;
- Vaguemestre de brigade ;
- Vaguemestre de régiment ;
- Capitaine des guides[3] ;
- Grand prévôt ;
- Fourrier ;
- Caporal ;
- Soldat de ligne.
Références
- Carles Pierre. L'infanterie du Roi de France à la mort de Louvois. In : Histoire, économie et société, 1996, 15e année, no. 1 : Louvois, pp. 57-73.
- Le vaguemestre général était le chef des vaguemestres de brigade, qui commandaient eux-mêmes les vaguemestres de régiment. Les fonctions de ceux-ci sont de visiter les chemins par où l’armée doit passer, d’assembler tous les équipages les jours de marche, et de les faire marcher selon l’ordre ordinaire, en commençant par ceux du général, des officiers généraux, et des corps par leur ancienneté.
- Le capitaine des guides dirigeait un personnel permanent de 10 à 15 hommes, qui lui servait à recruter au fur et à mesure des besoins des guides parmi les gens du pays. Ceux-ci accompagnaient l’armée en marche et suppléaient au manque ou à l’imprécision des cartes.