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Figurine féminine en forme de pagaie

Une figurine féminine en forme de pagaie ou paddle-doll est un type de figurine féminine de l'Égypte antique trouvée dans diverses tombes des sépultures de la fin de la VIe à la XIIIe dynastie à El-Assasif, Beni Hassan, Dra Abou el-Naga, Deir Rifeh et Thèbes[1] - [2]. La période de leur plus grande popularité semble être la fin de la XIe et le début de la XIIe dynastie[3].

  • Paddle-doll du Moyen Empire datĂ©e approximativement de 2030 Ă  1802 avant J.-C.
  • Face avant de la paddle doll
    Face avant de la paddle doll
  • Dos de la paddle doll
    Dos de la paddle doll

Forme

Les figurines sont faites de minces pièces de bois qui représentent le torse d'une femme avec des bras tronqués et sans jambes. Les cheveux épais sont représentés par de petites perles enfilées le long d'une corde, souvent fabriquée à partir de boue noire[1] - [4]. Le cou est souvent orné de colliers, et le torse d'un textile à motifs ou d'autres bijoux[1]. Les seins et le triangle pubien sont peints et Morris note que « l'extraordinaire proéminence donnée au triangle pubien [...] les triangles pubiens sont la seule constante dans le répertoire iconique des poupées à pagaies[2] ». Elles ont souvent des tatouages en forme de diamant, de divinités ou d'animaux[1], comme la grenouille trouvée au dos d'une figurine qui se trouve actuellement au Centre égyptien de Swansea[5].

Fonction

Les égyptologues ont déterminé que les figurines représentent des membres féminins d'une troupe thébaine de chanteurs et de danseurs qui officiaient lors des cérémonies religieuses pour la déesse Hathor et qui ont peut-être été ajoutés par Nebhepetrê[Note 1] à son culte mortuaire royal à Deir el-Bahari[6]. Cette affirmation est soutenue par de multiples preuves :

  • L'emplacement des lieux oĂą les figurines ont Ă©tĂ© fouillĂ©es sert de preuve Ă  cette affirmation. La grande majoritĂ© des figurines ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans des sĂ©pultures thĂ©baines[2]. La troupe d'interprètes Ă©tait originaire de Thèbes, oĂą se trouvait le culte d'Hathor.
  • Les mĂŞmes tatouages sur le corps de la prĂŞtresse d'Hathor et ornement royal unique Amounet et sur les corps fĂ©minins retrouvĂ©s dans la mĂŞme cour funĂ©raire ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s sur des figurines[2]. Le type exact de configurations en forme de diamant retrouvĂ© sur le corps a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans les mĂŞmes rĂ©gions (Ă©paules, cuisses et/ou fesses) de diverses figurines trouvĂ©es dans de multiples tombes[2].
  • Il existe des parallèles entre les tenues portĂ©es par les femmes de la troupe et celles reprĂ©sentĂ©es sur les figurines. Un fin haut perlĂ©, dont on sait qu'il Ă©tait portĂ© par les danseuses de la troupe, a Ă©tĂ© observĂ© sur certaines figurines. L'exemple le plus communĂ©ment trouvĂ© est un motif en damier qui couvre le pubis[2].
  • Les figurines ont Ă©tĂ© couramment trouvĂ©es près de cliquettes, l'un des instruments les plus typiques utilisĂ©s par les troupes afin de garder un rythme. De plus, les figurines ont souvent Ă©tĂ© dĂ©couvertes en groupes reflĂ©tant la composition de vĂ©ritables troupes de musiciens et de danseurs[2].

Allégations antérieures

De nombreuses théorisations antérieures concernant l'utilisation des figurines ont perdu tout soutien car elles reposaient sur des hypothèses et des interprétations, tandis que les études plus récentes liant les figurines à la troupe thébaine sont soutenues par de multiples preuves et recherches. Une hypothèse écartée identifiait les artefacts comme des symboles de fertilité placés dans les sépultures pour garantir une renaissance éternelle[7]. L'hypothèse affirmait que l'accent mis par les figurines sur les attributs féminins tels que la poitrine, les hanches et le pubis symbolisait les aspects sexuels de la régénération[8]. Cette hypothèse reposait uniquement sur la forme de l'artefact et n'était étayée par aucune recherche.

Une autre allégation soutenait que les figurines étaient destinées à des fins similaires à celles des colliers Ménat. Les prêtresses d'Hathor honoraient la déesse Hathor en secouant les colliers Ménat, qui étaient constitués d'une longue plaque plate avec un contrepoids et de nombreux rangs de perles enfilées à l'autre extrémité[2]. Les premières théories suggéraient que les figurines étaient destinées à faire du bruit ou utilisées comme jouets ; cependant, il est probable que les figurines n'auraient pas pu résister à des secousses vigoureuses[2], ce qui permet aux égyptologues d'écarter l'idée qu'elles étaient destinées à être secouées pour produire un son.

Notes et références

Notes

  1. Nebhepetrê est le Nom de Nesout-bity de la deuxième partie de règne de Montouhotep II.

Références

  1. Hernández 2017, p. 125–132.
  2. Morris 2011, p. 71–103.
  3. Bourriau et Quirke 1988.
  4. Met Museum.
  5. Griffin 2019.
  6. Morris 2017, p. 71–103.
  7. Pinch 1993, p. 569.
  8. British Museum.

Bibliographie

Cité dans le texte

  • Ellen F. Morris, « Paddle Dolls and Performance », Journal of the American Research Center in Egypt, vol. 47,‎ (ISSN 0065-9991, JSTOR 24555386, lire en ligne).
  • (en) Roberto A. DĂ­az Hernández, « Paddle Doll - Ritual Figurines of Fertility », Company of Images: Modelling the Imaginary World of Middle Kingdom Egypt (2000-1500 BC): Proceedings of the International Conference of the EPOCHS Project Held 18th-20th September 2014 at UCL, Londres,‎ (lire en ligne).
  • Janine Bourriau et Stephen Quirke, « Pharaohs and Mortals: Egyptian Art in the Middle Kingdom », Cambridge University Press,‎ .
  • Met Museum, « Paddle Doll », sur www.metmuseum.org (consultĂ© le ).
  • Ken Griffin, « Egypt Centre Collection Blog: The Tattooed Lady of the Egypt Centre », sur Egypt Centre Collection Blog, (consultĂ© le ).
  • Morris, E. , 2017, « Middle Kingdom clappers, dancers, birth magic, and the reinvention of ritual »,dans : G. Miniaci, M. C. Betrò, & S. Quirke (Eds.), Company of images: Modelling the imaginary world of Middle Kingdom Egypt (2000-1500 BC): Proceedings of the international conference of the EPOCHS project held 18th-20th September 2014 at UCL, London, p. 285–336, Peeters.
  • Geraldine Pinch, « Votive Offerings to Hathor », Journal of the American Oriental Society, vol. 118, no 4,‎ , p. 569 (ISSN 0003-0279, DOI 10.2307/604800, JSTOR 604800, lire en ligne).
  • (en) British Museum, « paddle doll », sur britishmuseum.org (consultĂ© le ).

Autres

  • C. Graves-Brown, Dancing for Hathor: Women in Ancient Egypt, Bloomsbury Academic, .
  • Geraldine Pinch, Egyptian Mythology: A Guide to the Gods, Goddesses, and Traditions of Ancient Egypt, Oxford University Press, .
  • A.K. Capel, G.E. Markoe, Ă©ds., Women in Ancient Egypt : Mistress of the House Mistress of Heaven, New York, Hudson Hills Press, .
  • G. Hart, Ancient Egypt-2, Londres, Dorling Kindersley,en association avec le British Museum, .
  • Janine Bourriau, Egyptian Art in the Middle Kingdom : Egyptians and Mortals, Cambridge University Press, .
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