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Et nous voilĂ  ce soir

Et nous voilà ce soir est un roman-témoignage écrit par le critique d'art et écrivain Alain Georges Leduc en 2004.

Et nous voilĂ  ce soir
Auteur Alain Georges Leduc
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur Éditions L'Atelier des Brisants
Collection Regard d'Ă©crivain
Date de parution 2004
Illustrateur Monique Carneau
Couverture GĂ©rard Leclercq
Nombre de pages 147
ISBN 2-84623-065-X
Chronologie

Entre galÚre et solidarité

En toile de fond, dans cette région d'Hénin-Carvin toujours en mal de crise et de reconversion, il y avait l'Usine, le Combinat qui se mourait lentement mais sûrement.

Il y avait aussi la fĂȘte, le championnat de 'kayak-polo', ce sport de polo aquatique assez peu rĂ©pandu. Xavier Vercoutter, le nĂ©ophyte de l'Ă©quipe, sortait de convalescence, soignĂ© Ă  l'hĂŽpital Saint-Louis Ă  Paris pour de graves brĂ»lures. Ici, on rencontre beaucoup de dĂ©shĂ©ritĂ©s qui se rencontrent dans les lieux de socialisation. À Carvin, ce , les travailleurs sociaux de la CAF essaient de bien faire un travail pourtant trĂšs difficile. Muriel Renaudie, une femme qui a encore ‘une conscience politique’, s’occupe des plus pauvres, des surendettĂ©s
 Il y a aussi les deux copines Zou et Zohra, pas toujours d’accord mais si proches. eux jeunes femmes modernes, des complices, l'une voilĂ©e, l'autre non. « Il y a des vies entiĂšres vouĂ©es Ă  des gestes inachevĂ©s, perdus... NoyĂ©s dans l'oubli. Les femmes ont pour les offrir des valeurs d'intuition. » L'alphabĂ©tisation, c'est d'abord de l'intĂ©gration, ĂȘtre avec les autres, pouvoir lire le journal et jouer au tiercĂ© avec les copains.

Retour sur Xavier Vercoutter. Un parcours somme toute assez banal, descolarisé, allant de stages en petits boulots, rattrapé par la fauche et la drogue; un homme que la vie n'avait pas ménagé. Peu à peu, il s'était reconstruit, regardant vers l'avenir, empoignant les pagaies de son canoë. La famille des cabossés de la vie s'agrandit. Elles sont trois, une ouvriÚre en chocolaterie, une petite main, une aide ménagÚre, « elles sont là, qui ont été diversement brisées. » Jeanne Hébutherne la championne en confection, Béatrice qu'on appelle Eddy parce qu'elle est fan d'Eddy Mitchell, qui passe du coq à l'ùne sans raison et Andréa toujours pimpante, qui s'habille d'un rien.

Marion Cosculluela a connu l'alcool comme une drogue dure, plusieurs tentatives de sevrage; elle en a gardĂ© comme des absences et des moments de dĂ©prime, la rechute toujours prĂ©sente, toujours possible. Comme bĂ©nĂ©voles, Zou et Zohra avaient de quoi faire avec ces femmes seules, livrĂ©es Ă  elles-mĂȘmes, dĂ©passĂ©es par leurs difficultĂ©s : prĂ©alphabĂ©tisation, lutte contre l'Ă©chec scolaire, contre l'exclusion, contre l'obĂ©sitĂ©, incitation au sport, Ă  devenir 'employables' et Ă  rechercher un emploi... Cette vie prĂ©caire, c'est aussi la solidaritĂ©, sept femmes qui avec Zohra prĂ©parent le buffet, disposent les victuailles pour la rĂ©union prĂ©vue au centre social.

La vie de Myriam Nocquet, c'est un parcours du combattant, un jeu de l'oie oĂč toutes les cases sont perdantes, un mĂ©lo pour un auteur en mal d'inspiration. Et pourtant elle tient, redonnant mĂȘme confiance Ă  sa fille handicapĂ©e qui a repris une existence (presque) normale. Une leçon de vie. Par une belle journĂ©e, elles vont Ă  la fĂȘte aux 'deux deuches' oĂč va aussi Jeanne HĂ©butherne[1] qui a « des paillettes » en elle depuis qu'elle a fini sa cure.

Au plus profond du réel

Regard d'Ă©crivain

Ce livre est patronné par :

  • Le Conseil gĂ©nĂ©ral du Pas de Calais
  • La direction dĂ©partementales des Affaires sanitaires et sociales du Pas de Calais
  • La communautĂ© d'agglomĂ©ration d'HĂ©nin-Carvin
  • La Caisse d'allocations familiales d'Arras

Retour Ă  l'Usine, au Combinat. Ça va mal : 657 emplois directs supprimĂ©s, catastrophe pour la rĂ©gion, drame pour les intĂ©ressĂ©s... sans emploi, sans-travail, bientĂŽt sans-ressources. Pour eux, raillait Sandrine, on utilise des euphĂ©mismes tels que 'personnes en difficultĂ©s' ou 'public dĂ©shĂ©ritĂ©'. Les responsables, eux, n'Ă©taient plus joignables : une volĂ©e de moineaux, Ă©vaporĂ©e dans un paradis fiscal. Il reste la prĂ©sence rassurante de l'autre, les discussions sans fin au club de prĂ©vention, une chaleur qui rassure et fait reculer la prĂ©gnance du quotidien. Il reste aussi le temps de la lassitude pour Isabelle, celui de la dĂ©pression pour BĂ©atrice-Eddy et sa tentative de suicide, pour Myriam qui replonge dans la maladie.

D'autres vies brisĂ©es encore, ça ne manquait pas ici. « Dans chaque adulte, un gosse en souffrance continue de rĂ©clamer son dĂ». Un enfant vieilli c'est dĂ©jĂ  un vieil adulte. » Aujourd'hui, on oubliait tout, on prĂ©parait la fĂȘte : des tableaux sur Les quatre saisons de Vivaldi, chorĂ©graphie, dĂ©cors, costumes...

Ils avaient beaucoup manifestĂ© contre la fin annoncĂ©e de l'Usine, avec toutes les formes possibles de lutte : les journĂ©es portes ouvertes, les opĂ©rations 'escargot', mĂȘme les produits polluants jetĂ©s dans la DeĂ»le. Mais que faire contre cette logique Ă©conomique prĂ©sentĂ©e comme une fatalitĂ© ? Arracher quelques pauvres avantages, recevoir quelques miettes supplĂ©mentaires. « Le monde chaotique et merveilleux dans lequel nous vivons » Ă©crit l'auteur. Dans la batellerie aussi la situation s'est dĂ©gradĂ©e depuis la dĂ©rĂ©gulation, la fin de la criĂ©e. « Nous vivons une Ă©poque vulgaire, immonde, soumise au rĂšgne de l'argent et de la tĂ©lĂ©vision. »
Un livre qui nous plonge « au plus profond du réel » comme dit Alain Georges Leduc.

Notes et références

  1. Clin d'Ɠil du critique d'art Ă  Jeanne HĂ©buterne la compagne de Modigliani


Bibliographie : les romans

Liens externes

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